Partie 1 : Le bonheur. Chapitre 9
Écrire le majestueux chapitre final de sa vie [9.1]

9.1 Faites de votre « troisième âge » une période enrichissante et gratifiante

Nul ne peut échapper au vieillissement physique avec le passage du temps, mais les pratiquants de la Loi merveilleuse, au sein de la famille Soka, développent un esprit toujours plus jeune et vigoureux et accumulent toujours plus de bonne fortune d’année en année. Ils s’encouragent mutuellement et ornent leur vie de victoires au cours de leur révolution humaine.

Nichiren encouragea une disciple par ces mots : « Vous rajeunirez et accumulerez des bienfaits. » (Écrits, 466)

La vie est souvent divisée en trois périodes – le temps des études, le temps de l’indépendance et du travail, et le temps de l’épanouissement et du couronnement de notre vie. Le président Ikeda donne ici des orientations sur la manière d’enrichir la troisième période de sa vie.

De manière générale, le bouddhisme cherche à apporter une solution aux souffrances de la naissance, de la vieillesse, de la maladie et de la mort. Mais, fondamentalement, le bouddhisme de Nichiren ne se limite pas uniquement à surmonter ces quatre souffrances. Dans le Recueil des enseignements oraux, il est dit : « Les mots “quatre faces” [de la Tour aux trésors] représentent la naissance, la vieillesse, la maladie et la mort. Nous utilisons les aspects de la naissance, de la vieillesse, de la maladie et de la mort pour orner la tour qu’est notre corps. » (OTT, 90) Le bouddhisme de Nichiren offre donc une compréhension plus profonde de ces quatre souffrances, en faisant observer qu’elles peuvent être transformées en trésors qui viennent ajouter dignité et splendeur à « la tour qu’est notre corps », à la tour aux trésors de notre vie elle-même.

Un proverbe dit : « L’ignorant assimile la vieillesse à l’hiver, le sage à une période dorée. » Tout dépend de notre attitude, de la manière dont nous abordons la vie. Est-ce que nous considérons la vieillesse comme une période de déclin qui se conclut par la mort, ou comme une période où nous avons l’opportunité d’atteindre nos objectifs et de mener notre vie à son terme de manière gratifiante et satisfaisante ? La vieillesse est-elle une descente vers le néant ou une ascension vers de nouveaux sommets ? Cette même phase de la vieillesse, tout particulièrement du point de vue de la richesse et de la satisfaction intérieures que l’on peut goûter en ces années ultimes, sera radicalement différente en fonction du regard que l’on pose sur elle.

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Essayons de faire de cette troisième phase une troisième phase de « jeunesse ». La jeunesse ne s’étiole pas avec l’âge. C’est notre attitude envers la vie qui nous rend jeunes. Tant que nous conserverons une attitude positive et un esprit combatif, nous pourrons continuer de gagner en profondeur et en satisfaction, et ainsi faire briller notre vie de l’éclat de l’or ou de l’argent poli.

Je pense qu’un des principaux défis de cette troisième phase de la vie est de vivre de façon à rester fidèle à soi-même jusqu’au dernier instant et de donner cette attitude en exemple à ceux qui nous entourent.

En effet, les souvenirs que les gens gardent des défunts, les exemples qu’ils ont légués par leur vie, peuvent être pour eux une grande source d’encouragement et de force.

Alors que pouvons-nous apporter, que pouvons-nous léguer aux autres au cours de cette troisième étape de notre vie ? Quand nous sommes dépouillés de tout – de la richesse, de la renommée, du statut social –, la seule chose qui demeure après notre mort est la façon dont nous avons mené notre vie en tant qu’être humain.

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Nichiren écrit : « Quand on allume une lumière [lanterne] pour une autre personne, on éclaire son propre chemin. » (WND-II, 1060) Dans une société vieillissante, cet esprit qui consiste à contribuer au bien-être des autres est essentiel. En fin de compte, agir ainsi revient à éclairer également notre chemin.

Le bouddhisme de Nichiren enseigne que, puisque nous avons un devoir de reconnaissance envers tous les êtres vivants, nous devrions prier pour qu’ils atteignent la bouddhéité. (cf. WND-II, 637)

Valoriser les personnes et chérir les relations humaines sont des exigences essentielles pour créer une société où chacun pourra véritablement savourer une vie longue et satisfaisante.

Jusqu’à quel point pouvons-nous améliorer la qualité de notre vie au cours de notre passage sur Terre, quelle qu’en soit la durée ? Voilà ce qui compte. Avoir simplement une longue vie et mener une vie enrichissante et satisfaisante sont deux choses très différentes. En effet, une vie peut être épanouie et fructueuse même si elle est courte en termes de durée.

L’important est de vivre chaque jour sans éprouver de regret, d’aller de l’avant dans notre travail pour kosen rufu, tout en continuant de chérir dans notre cœur un grand objectif et une éclatante raison de vivre, quel que soit notre âge. Vivre de cette manière chaque jour est la clé pour mener une vie profondément satisfaisante et épanouie.

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Les souvenirs que nous conservons de nos luttes acharnées dans notre pratique bouddhique pour notre bonheur et pour celui des autres, et de notre récitation fervente de Nam-myoho-renge-kyo sont éternels – ils durent à travers les trois existences (la vie dans le passé, le présent et le futur). Ils demeurent à jamais gravés dans notre vie, même si nous en venons à être atteints de la maladie d’Alzheimer. Tous ces souvenirs sont inscrits dans le « journal de notre cœur ».

Les activités que nous menons au sein de la Soka Gakkai constituent notre plus grande source de fierté. Quand nous prions et que nous agissons pour le bonheur des autres, nous aussi, nous devenons heureux. Cette manière de vivre est la plus significative d’entre toutes.

Nichiren écrit : « Récitez résolument Nam-myoho-renge-kyo et exhortez les autres à faire de même ; c’est le seul souvenir que vous conserverez de votre vie actuelle en ce monde humain. » (Écrits, 65)

Nous n’avons aucune inquiétude à nous faire. En effet, la bonne fortune et les bienfaits que nous accumulons par notre pratique bouddhique ne se flétriront jamais. Même si nous devions faire l’expérience de la maladie d’Alzheimer, ils resteront sous forme latente au cœur de notre vie.

Le point le plus essentiel est que la société doit apprendre à chérir et à respecter les personnes âgées, même celles qui souffrent de la maladie d’Alzheimer ou d’autres formes de déclin des fonctions cognitives, en tant que vénérables aînés, en tant que prédécesseurs qui ont apporté d’importantes contributions à la société. Du fait du vieillissement rapide de la société, chacun d’entre nous sera amené à prendre soin de personnes âgées d’une manière ou d’une autre.

Toute société qui vieillit devra revoir ses valeurs : il lui faudra préférer la coopération à la compétition, la qualité à l’efficacité, et la richesse spirituelle à la richesse matérielle. Il ne conviendra plus de se demander ce que les autres pourront faire pour nous, mais ce que nous pourrons faire pour les autres. Ce sera le temps où il faudra chercher de nouvelles formes de contribution, tout en luttant pour rester soi-même en bonne forme. Voilà ce qu’est une vie créatrice de valeur.

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On rapporte que le philosophe grec Platon aurait donné le conseil suivant : « Nous devrions voir dans la vigueur des jeunes qui nous entourent la force de notre ancienne jeunesse, afin de laisser leur énergie devenir pour nous une source de revitalisation. »

Dans les réunions de discussion de la Soka Gakkai auxquelles assistent des personnes de tout âge, les aînés ont la chance de pouvoir s’imprégner de l’énergie des jeunes, tandis que ces derniers ont l’occasion de tirer des leçons des expériences et de la sagesse de leurs aînés.

Rien n’est perdu en bouddhisme. Voilà pourquoi il peut être un modèle pour toute société vieillissante.

La clé est de garder l’espoir vivant dans notre vie, de conserver nos idéaux. Il nous faut aller de l’avant avec notre mission, tant que nous sommes en vie.

Le poète américain Henry Wadsworth Longfellow a écrit :

« La vieillesse est autant une opportunité
Que la jeunesse, bien que dans d’autres atours,
Et, tandis que les lueurs du soir s’effacent doucement,
Le ciel s’emplit d’étoiles, invisibles le jour1. »


Ensemble, ornons les dernières années de notre vie du même éclat que les étoiles qui brillent dans la nuit !

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Une vie menée pleinement jusqu’à son terme est vraiment magnifique.

C’est pour cela qu’il est essentiel de conserver l’esprit et la vitalité de notre jeunesse, tout au long de notre vie. Nous ne devrions jamais utiliser notre âge comme une excuse pour ne plus agir ou pour nous mettre en retrait.

Avec l’âge, de nombreux disciples aînés de Shakyamuni ont été rattrapés par l’autosatisfaction et la complaisance. Ils avaient le sentiment d’être parvenus à un certain prestige et à un certain niveau d’illumination qui leur suffisaient. Ils avaient pratiqué longtemps et, bien qu’ils aient trouvé l’illumination de Shakyamuni tout à fait merveilleuse, ils se disaient que jamais ils ne pourraient l’égaler. Ils se contentaient donc de l’état de vie qu’ils avaient développé jusque-là.

Mais Shakyamuni explique que c’est là une erreur. En effet, après avoir prédit dans le Sûtra du Lotus que Shariputra [qui représente les personnes des deux véhicules – les auditeurs et les éveillés-à-la-causalité] deviendra bouddha dans l’avenir, il déclare que ses disciples doivent s’entraîner vigoureusement dans leur pratique bouddhique tout au long de leur vie. Il les exhorte à continuer de s’entraîner, car là réside la seule voie pour atteindre la bouddhéité. Quand les disciples aînés prirent conscience qu’ils étaient tombés dans l’autosatisfaction, ils renouvelèrent leurs efforts et en furent transportés de joie. Grâce à cela, les personnes des deux véhicules, dont on disait qu’elles étaient incapables d’atteindre la bouddhéité, ont pu devenir elles aussi des bouddhas2. (cf. SdL- III, 68-71)

« Renforcez votre foi jour après jour, mois après mois » (Écrits, 1008) – Nichiren cristallise en ces quelques mots l’esprit du Sûtra du Lotus et celui de la Soka Gakkai.

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On lit dans le célèbre poème du poète américain, Samuel Ullman, intitulé « Jeunesse » :

« La jeunesse n’est pas une période de la vie,
C’est un état d’esprit…


« La jeunesse est une victoire du courage sur la timidité,
Du goût de l’aventure sur l’amour du confort.
On la retrouve plus souvent chez un homme de 60 ans que chez un jeune homme de 20 ans3. »


La jeunesse n’est pas une question d’âge. Si nous brûlons de la passion de vivre pour kosen rufu, nous pouvons être encore jeunes à 90 ans.

Confrontés aux inévitables réalités de la vieillesse et de la mort, comment les êtres humains peuvent-ils faire du dernier chapitre de leur vie personnelle et sociale une période brillante et active, en restant fidèles à eux-mêmes ? C’est certainement la question la plus essentielle que notre société toujours plus vieillissante doit se poser au XXIe siècle.

Seuls le bouddhisme de Nichiren et la Soka Gakkai offrent une réponse authentique à ce défi. Avec cette conviction, poursuivons le grand voyage de l’espoir qu’est kosen rufu en créant l’histoire victorieuse de vies pleinement épanouies.

D’après Daisan no jinsei o kataru (Dialogue sur la troisième étape de la vie. Vieillir dans notre société moderne), publié en japonais en octobre 1998

La Sagesse pour créer le bonheur et la paix est une compilation des écrits de Daisaku Ikeda sur une base thématique.

  • *1Traduit de l’anglais. Henry Wadsworth Longfellow (1807-1882), « Morituri Salutamus » in The Poetical Works of Henry Wadsworth Longfellow (Œuvres poétiques de Henry Wadsworth Longfellow), New York, AMS Press, Inc., 1966, vol. 3, p. 196.
  • *2Atteinte de la bouddhéité par les personnes des deux véhicules : Dans la première moitié du Sûtra du Lotus, les personnes des deux véhicules – les auditeurs et les éveillés-à-la-causalité –reçoivent du bouddha Shakyamuni la prophétie qu’elles atteindront la bouddhéité dans les époques futures. Cette prophétie réfute la conception des enseignements du Mahayana provisoire, qui dénie aux personnes des deux véhicules la possibilité d’atteindre la bouddhéité car elles ne recherchent que leur salut personnel et ne luttent pas pour sauver les autres. Il est dit dans le Sûtra du Lotus que les personnes des deux véhicules pratiqueront la voie du bodhisattva et atteindront la bouddhéité.
  • *3Traduit de l’anglais. Margaret England Armbrester. Samuel Ullman and « Youth »: The Life, the Legacy (Samuel Ullman et « Jeunesse » : sa vie, son héritage), Tuscaloosa, Alabama, The University of Alabama Press, 1993, p. 113.