Volume 30 : Chapitre 4, Cloches de l’aube 41–50

Cloches de l’aube 41

Le lendemain, 7 juin, une réunion générale de commémoration eut lieu dans le cadre du cours d’étude. Là aussi, Shin’ichi partagea des extraits des écrits de Nichiren et exposa des principes bouddhiques aux participantes et participants.

Il expliqua que tous les êtres vivants possédaient l’état de bouddha et que le bouddhisme, qui enseignait la valeur et la dignité de la vie, avait toujours été pacifiste. Il souligna que l’histoire de la Soka Gakkai l’attestait puisque, pendant la Seconde Guerre mondiale, l’organisation avait résisté à l’oppression des autorités militaristes japonaises, qui avaient plongé le pays dans la guerre en utilisant le shintoïsme d’État comme pilier spirituel.

Shin’ichi indiqua ensuite comment une ou un bouddhiste épris de paix devait agir dans la société : « J’aimerais que vous gardiez toujours à l’esprit l’enseignement de Nichiren selon lequel “tous les phénomènes sont des manifestations de la Loi bouddhique” (WND-II, 843) et que, dans vos pays respectifs, vous soyez de bons citoyens et citoyennes et des membres de la société jouant un rôle de modèles pour les autres.

« Nous rejetons absolument la violence. En gardant ce principe directeur à l’esprit, je vous prie de respecter les traditions et les coutumes de votre pays et de créer des relations de confiance avec les autres membres de vos communautés et de la société en général. Tissez des liens de cœur à cœur avec les membres du monde entier et œuvrez ensemble pour la paix. »

Shin’ichi évoqua ensuite le pouvoir du Gohonzon, qui incarne la Loi merveilleuse, la loi fondamentale de l’Univers.

« Rien n’est aussi compliqué ou ne change de façon aussi subtile d’un moment à l’autre que l’esprit humain. Nous atteignons l’épanouissement et le bonheur en cultivant un esprit fort et inébranlable.

« Dans la vie, il arrive qu’on se demande pourquoi on se trouve aux prises avec les tempêtes du karma de façon apparemment inexplicable. La finalité de notre foi et de notre pratique bouddhiques est de développer un esprit fort, un esprit qui nous permettra de surmonter de tels défis et de rester invaincus.

« Le Gohonzon est l’incarnation de la Loi merveilleuse, la loi fondamentale de l’Univers. Par le pouvoir de notre foi et de notre pratique, nos vies se connectent à la puissance du Bouddha et de la Loi incarnée dans le Gohonzon de Nam-myoho-renge-kyo afin de manifester une grande force vitale, qui peut ouvrir même les portes de fer de l’adversité les plus épaisses. »

Selon le penseur et essayiste français Michel de Montaigne (1533-1592) : « La vaillance, c’est la fermeté non pas des jambes et des bras, mais du courage et de l’âme1. »

Cloches de l’aube 42

Shin’ichi aborda ensuite le concept bouddhique d’« éveiller l’aspiration à l’illumination ».

« Éveiller l’aspiration à l’illumination, expliqua-t-il, signifie, en termes plus simples, faire naître en soi le désir de rechercher l’éveil, se déterminer à atteindre la bouddhéité.

« Lorsque nous cherchons à mener une vie meilleure, nous devons réfléchir sérieusement à des questions fondamentales telles que : “Qui suis-je ?”, “Quelle est ma mission dans la vie ?”, “Quelle est la véritable nature de mon existence ?”, “Quelle valeur puis-je créer pour contribuer à la société ?”

« Pour répondre à ces questions, nous nous engageons dans la pratique bouddhique et nous cultivons notre humanité, en cherchant continuellement la voie, et en nous lançant des défis : c’est ce que signifie “éveiller l’aspiration à l’illumination”. De tels efforts sont l’expression de notre désir de nous améliorer et de grandir. »

Shin’ichi fit tout ce qu’il put pour expliquer les enseignements et les concepts bouddhiques d’une manière facilement compréhensible par les membres européens. L’enseignement le plus profond reste lettre morte si les gens ne peuvent pas le comprendre. C’est en présentant le bouddhisme en termes contemporains que l’on peut faire de sa sagesse suprême un trésor spirituel accessible au monde entier.

Le lendemain, 8 juin, le cours d’été se conclut par un festival de l’amitié et de la culture.

Les membres du Royaume-Uni chantèrent avec enthousiasme :

Cœur à cœur,
unis et libres, face à notre destin.
Notre route est longue,
mais, avec un cœur plein d’espoir, nous avancerons.


Les membres du Danemark, de Norvège et de Suède dansèrent, leurs écharpes fleuries flottant dans l’air alors qu’ils tournoyaient. Les artistes espagnols terminèrent leur danse exubérante en lançant leurs chapeaux noirs dans le public. Les membres de Belgique exécutèrent une danse sur le « Chant des camarades ». Des membres d’Allemagne de l’Ouest, de Suisse, de Grèce et d’autres pays leur succédèrent.

« Nous ne serons pas vaincus ! Nous triompherons sans faute ! » Tous les cœurs fusionnèrent dans une détermination commune d’accomplir kosen rufu, alors que les voix résonnaient en écho sur la montagne Sainte-Victoire, la montagne du triomphe. Les membres d’Europe étaient unis. C’était une union des cœurs qui s’était formée entre personnes déterminées à faire de la paix dans le monde une réalité.

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Le 9 juin à midi, Shin’ichi Yamamoto et son groupe se rendirent à Marseille. Le clocher carré de la basilique Notre-Dame-de-la-Garde, située au sommet d’une colline, se dressait vers le ciel.

Depuis la colline, Shin’ichi put apercevoir une petite île aux remparts de pierre dans le bleu cobalt de la Méditerranée. C’était là que se trouvait le château d’If, célèbre pour avoir servi de décor au Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas (1802-1870).

Ce château avait été conçu à l’origine comme une forteresse d’où il serait impossible de s’évader, et il avait ensuite servi de prison pour les dissidents politiques et religieux. Dans le roman, le personnage principal, Edmond Dantès, y est emprisonné pendant quatorze ans, après lesquels il prend l’identité de comte de Monte-Cristo.

Le maître de Shin’ichi, Josei Toda, avait été incarcéré pendant deux ans au cours de la Seconde Guerre mondiale. Après sa remise en liberté, il s’était promis fermement de devenir comme le comte de Monte-Cristo et de braver toutes les épreuves pour laver l’honneur de son maître, Tsunesaburo Makiguchi, qui était mort en prison pour ses convictions. Ayant fait le serment de prouver la droiture de son maître et d’ouvrir la voie au mouvement de kosen rufu, il s’était lancé dans la reconstruction de la Soka Gakkai après la guerre.

Shin’ichi sentit que l’esprit indomptable du comte de Monte-Cristo avait également été présent dans la Résistance française, qui avait combattu l’oppression nazie et en avait finalement triomphé.

Le nom de comte de Monte-Cristo est synonyme de courage, de force d’âme, de conviction et de persévérance. Ce sont des personnes dotées de telles qualités qui rendent kosen rufu possible. C’est pourquoi il ne faut jamais reculer devant les difficultés, aussi intimidantes soient-elles, mais continuer d’avancer avec ténacité et détermination jusqu’à atteindre son objectif. Ce qui nous entrave, ce sont les pensées qui nous restreignent, qui nous disent que nous en avons fait assez, que nous ne pouvons pas en faire plus ou que nous avons atteint nos limites. Mais le soleil de la victoire brille lorsque nous chassons ces pensées, que nous faisons appel à notre force intérieure et que nous poursuivons résolument notre chemin.

En songeant à la jeunesse de France et du reste de l’Europe et en s’imaginant le XXIᵉ siècle, Shin’ichi émit le vœu suivant et fit cette prière : « Que de nombreuses et nombreux “comtes de Monte-Cristo” du mouvement Soka apparaissent ! De vos mains, faites sonner les cloches de l’aube qui annoncent un siècle nouveau d’harmonie humaine ! »

La mer scintillait avec des reflets d’argent sous les rayons du Soleil.

Cloches de l’aube 44

Le mouvement de kosen rufu prend toujours un nouveau départ. C’est un voyage semé de défis nouveaux, débordant d’espoir.

Peu après 15 h 30, le 10 juin, Shin’ichi et son groupe quittèrent Marseille. Une cinquantaine de membres locaux les accompagnèrent à la gare pour prendre congé d’eux avant leur voyage en train pour Paris, d’une durée de sept heures.

La magnifique Ville Lumière devint alors la scène sur laquelle Shin’ichi allait continuer de déployer ses efforts incessants.

Le 11 juin, il assista à une réception pour célébrer la publication de la traduction française de Choose Life (Choisis la vie), son dialogue avec feu l’éminent historien Arnold J. Toynbee.

Le lendemain, 12 juin, il rencontra l’historien de l’art et membre de l’Académie française René Huyghe. Ils abordèrent des sujets tels que l’édition française de leur dialogue, La nuit appelle l’aurore2, qui avait été publiée au mois de septembre précédent, et le grand écrivain Victor Hugo.

Le 15 juin, Shin’ichi rendit visite à Alain Poher, président du Sénat français, dans sa résidence officielle. C’était leur première rencontre.

Auparavant, le président Poher avait aimablement organisé pour Shin’ichi et son groupe une visite du Sénat, situé dans le palais historique du Luxembourg. En visitant le salon où Victor Hugo se rendait fréquemment lorsqu’il était membre du Sénat, Shin’ichi fut attiré par un buste sur le mur, à l’effigie de l’auteur, portant une barbe épaisse et affichant une expression résolue.

La magnifique salle des séances du Sénat abritait également le siège qui avait été celui de Victor Hugo et était orné d’une plaque à son nom en hommage à son héritage immortel. Lorsqu’on lui montra siège, Shin’ichi eut l’impression d’entendre le vibrant discours de Victor Hugo appelant à la réforme de l’éducation, à l’éradication de la pauvreté et à l’abolition de la peine de mort.

Victor Hugo était un génie littéraire sans pareil, qui avait reçu la prestigieuse Légion d’honneur à l’âge de 23 ans. Il était entré sur la scène politique en 1845, à l’âge de 43 ans, car il ne pouvait ignorer la réalité des problèmes, tels que la pauvreté, qui affligeaient le peuple français. Il était homme de lettres, mais aussi d’action, ce qui était une preuve irréfutable de sa grande humanité.

Cloches de l’aube 45

Victor Hugo fut menacé de persécutions par le président français Louis-Napoléon Bonaparte (devenu par la suite Napoléon III ; 1808-1873), qui se montra de plus en plus autoritaire, ce qui contraignit l’écrivain à l’exil. Il publia Napoléon le Petit et Les Châtiments pour dénoncer de façon cinglante l’autoritarisme du souverain. Pendant son exil, Victor Hugo acheva également son chef-d’œuvre, Les Misérables, tout comme Dante avait terminé d’écrire sa Divine Comédie alors qu’il avait dû quitter Florence et partir en exil.

La puissante détermination de Victor Hugo et de Dante à lutter contre l’injustice joua sans aucun doute un rôle essentiel dans la production d’œuvres littéraires d’une telle envergure dans les conditions les plus difficiles.

Les personnes qui combattent l’injustice de tout leur être développent une grande lucidité, qui leur permet de distinguer clairement le juste de l’injuste, le bien du mal, la vérité du mensonge. L’indignation devant les actes répréhensibles emplit leur cœur d’une passion brûlante pour la justice.

Victor Hugo finit par rentrer en France dix-neuf ans plus tard, après la chute de Napoléon III. Il avait 68 ans, mais sa créativité ne faisait que croître. Il avait l’esprit de la jeunesse.

Le vieillissement n’est pas une question d’âge. Notre esprit s’étiole dès que nous renonçons à l’espoir et que nous abandonnons nos idéaux. Victor Hugo écrivit : « Ma pensée est : Toujours en avant3. »

En admirant la salle des séances du Sénat où Victor Hugo avait laissé son empreinte, Shin’ichi sentit un vent de renouveau.

Il se fit alors la réflexion suivante : « J’aimerais contribuer d’une manière ou d’une autre à préserver l’héritage de la vie et des accomplissements héroïques de Victor Hugo, peut-être en créant un musée ou quelque chose de similaire en son honneur. »

Dix ans plus tard, en juin 1991, cette idée devint réalité. Avec le soutien et l’aide de nombreux amis, la Maison littéraire de Victor Hugo ouvrit ses portes au château des Roches, dans lequel Victor Hugo avait séjourné à plusieurs reprises, à Bièvres, dans la banlieue sud de Paris.

Ouvert au public, le musée expose les manuscrits de Victor Hugo, des objets personnels, des souvenirs, des documents sources et d’autres objets précieux. Il est devenu une noble citadelle de la littérature, préservant la lumière de l’humanisme de Victor Hugo pour les générations futures.

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Après avoir visité le Sénat, Shin’ichi rencontra le président du Sénat dans sa résidence officielle.

Le président Poher s’intéressait beaucoup à la Soka Gakkai et il souhaitait rencontrer Shin’ichi depuis un certain temps. Il salua également les récents voyages de Shin’ichi dans des pays aux systèmes politiques différents, tels que l’Union soviétique et la Bulgarie, ses rencontres avec leurs dirigeants et ses efforts pour promouvoir la paix et la culture fondés sur des idéaux pacifistes et le respect de tous les êtres humains.

Les échanges avec des nations ayant des systèmes politiques et des cultures différents des nôtres sont importants pour la paix, mais, comme la plupart des gens évitent ces échanges, M. Poher avait remarqué les actions de Shin’ichi.

Shin’ichi expliqua brièvement son engagement pour la paix : « Certains parlent de la paix et du respect de la vie pour se faire une bonne réputation ou simplement de façon abstraite par goût du débat. Mais les personnes qui souhaitent réellement la paix et les jeunes au cœur pur percent cette façade.

« Ce qui compte, ce sont les actions, les choses que l’on fait réellement. C’est avec cette conviction que j’agis. Sinon, je ne serai pas en mesure de créer une véritable dynamique de paix pour les jeunes qui seront les dirigeantes et dirigeants de demain. J’y suis sérieusement attaché.

« Les autorités militaristes japonaises ont durement persécuté la Soka Gakkai pendant la Seconde Guerre mondiale. Notre premier président, M. Makiguchi, est mort en prison pour ses convictions, et notre deuxième président, M. Toda, a également été emprisonné avec de nombreux autres responsables. Sur un plan plus personnel, j’ai perdu mon frère aîné à la guerre et j’ai fait l’expérience directe des malheurs qu’elle engendre. C’est pourquoi j’ai foi dans l’enseignement du bouddhisme de Nichiren, qui promeut la vie, et j’œuvre à la réalisation de ses idéaux pacifistes, déterminé à bâtir un monde sans guerre. »

Leur conversation animée se poursuivit, et M. Poher partagea sa propre expérience du combat dans la Résistance française. Pendant trois heures, ils couvrirent de nombreux sujets, allant de la personnalité de l’ancien président français Charles de Gaulle (1890-1970) à la meilleure façon de vivre sa vie.

Il faut aider les moins chanceux que soi : tel était le credo de M. Poher.

Une nouvelle fois, les cœurs entrèrent en résonance dans un engagement commun pour la paix.

Cloches de l’aube 47

Outre ses dialogues avec des personnalités politiques et des penseurs de premier plan à Paris, Shin’ichi consacra beaucoup d’énergie à dispenser des encouragements aux membres.

Le 11 juin, le lendemain de son arrivée à Paris, il participa à une discussion informelle sur la foi avec de jeunes membres français. Le 12 juin, il visita le centre bouddhique de Paris, situé à Sceaux, où il encouragea les membres lors d’une cérémonie de Gongyo et, par la suite, lors d’une discussion informelle. Le 13 juin, il assista à un festival de l’amitié et de la culture au centre bouddhique, à une cérémonie d’inauguration d’une plaque commémorative à l’occasion des vingt ans du mouvement de kosen rufu en France, et à un Gongyo commémoratif. Le 14 juin, il assista à la conférence des responsables de France et à d’autres événements.

Shin’ichi prit également part à de nombreuses photos de groupe avec les membres et rendit visite à certains d’entre eux à leur domicile. Pour assurer le développement dynamique du mouvement de kosen rufu au XXIᵉ siècle, il était déterminé à communiquer les éléments essentiels de la foi et l’esprit de la Soka Gakkai aux membres, en particulier à la jeunesse.

Le matin du 14 juin, Shin’ichi marcha depuis son hôtel le long de l’avenue qui longeait le jardin des Tuileries, à proximité du Louvre. Il souhaitait prendre le métro puis le train pour se rendre au centre bouddhique de Paris, ce qu’il avait déjà fait la veille. Il voulait se rendre compte de la façon dont les membres locaux se déplaçaient pour mener leurs activités pour kosen rufu.

Après avoir descendu les escaliers du métro et s’être engouffré dans la station Tuileries, il dit aux responsables qui l’accompagnaient : « Aujourd’hui, c’est la première conférence des représentantes et représentants du département de la jeunesse. Je voudrais dédier un poème aux jeunes pour marquer leur nouveau départ. L’un d’entre vous pourrait-il noter ce que je vais réciter ? »

Shin’ichi souhaitait tirer le plus grand parti de chaque instant libre au service de kosen rufu.

Sur le quai, il dicta les vers suivants :

Maintenant, vous vous dressez,
vous, les pionniers
du mouvement majestueux et suprême
de
kosen rufu pour dix mille ans et plus.
Vous vous dressez, portant, haut et fier,
le drapeau de la justice, de la liberté et de la vie.

Le vingt et unième siècle sera votre siècle,
le vingt et unième siècle sera votre scène.

Cloches de l’aube 48

Shin’ichi poursuivit la dictée de son poème dans le métro, tandis que le preneur de notes s’évertuait frénétiquement à le suivre.

À la station Châtelet, le troisième arrêt depuis la station Tuileries, le groupe effectua un changement pour prendre le RER B. Shin’ichi continua de dicter même lorsqu’il marchait sur le tapis roulant et attendait sur le quai :

Aujourd’hui,
comme le Soleil qui décline à l’horizon,
la société sombre dans le chaos.


Dès aujourd’hui,
comme le Soleil qui se lève à l’aurore,
composons la mélodie,
et jouons la symphonie
de la paix, de la culture, de la renaissance.
Forts de notre sincérité,
tissons des liens d’amitié toujours plus larges.
Dans les cœurs de tous, rallumons l’espoir,
faisons revivre la joie,
chez les personnes âgées, chez ceux qui souffrent,
auprès des êtres plongés dans l’affliction,
et près de ceux qui cherchent
le véritable sens de la vie.
Inlassablement, avançons !


Shin’ichi imaginait la jeunesse agissant fièrement pour accomplir kosen rufu au siècle nouveau :

Le vingt et unième siècle
vous attend avec impatience,
vous qui brandissez de la main droite la bienveillance,
et, de la main gauche, la philosophie,
tels des cavaliers chevauchant de blancs coursiers.


Shin’ichi termina le poème peu après être monté dans le RER. Cela lui avait pris environ dix minutes.

La personne qui avait noté sous la dictée mit rapidement le texte au propre. Shin’ichi le relut et y apporta quelques modifications.

C’est alors qu’une voix l’interpella : « Sensei ! »

Trois jeunes Français étaient devant eux. Ils se rendaient au centre bouddhique de Paris depuis la Bretagne, située à plusieurs centaines de kilomètres de là.

« Merci d’être venus d’aussi loin. J’espère que vous n’êtes pas trop fatigués par votre long voyage », leur dit Shin’ichi.

Ces paroles bienveillantes étaient nées de son désir constant de chérir les jeunes.

Les jeunes sont l’espoir, ils sont les trésors de la société.

Cloches de l’aube 49

Parmi les trois, une membre du département des jeunes femmes dit à Shin’ichi : « J’ai commencé à pratiquer il y a un an. Je suis la seule à pratiquer le bouddhisme de Nichiren dans ma ville, et il me faut plusieurs heures pour me rendre à une réunion de discussion. Je me demande si, dans ces circonstances, je serai capable de promouvoir la compréhension du bouddhisme dans mon entourage. »

« Ne vous inquiétez pas, votre seule présence suffit, lui répondit Shin’ichi sans hésiter. Tout commence par une personne. Devenez quelqu’un qui est aimé par tous les membres de votre entourage. C’est la clé. S’il y a un seul grand arbre, les gens se rassemblent sous son feuillage pour se protéger du Soleil ou de la pluie. De même, si les gens vous apprécient et vous font confiance, vous qui pratiquez le bouddhisme de Nichiren, ils en viendront naturellement à considérer le bouddhisme sous un jour positif. Cela vous donnera l’occasion de partager les enseignements avec eux. Concentrez-vous sur votre développement pour devenir un grand arbre, un grand arbre de qualité pour votre entourage. »

Lorsque le train arriva à la gare de Sceaux, la plus proche du centre bouddhique de Paris, le poème de Shin’ichi était terminé. Il lui donna pour titre : « À mes jeunes amis français si chers à mon cœur qui se consacrent à la Loi merveilleuse. » Lorsqu’ils arrivèrent au centre, des membres s’attelèrent immédiatement à la tâche de le traduire.

Lors d’une réunion avec Eiji Kawasaki, le président de la Conférence européenne, et d’autres responsables, Shin’ichi proposa une idée : « Pourquoi ne pas faire d’aujourd’hui, à l’occasion de la première conférence des représentantes et représentants du département de la jeunesse, la Journée du département de la jeunesse de France ? M. Kawasaki, pourriez-vous soumettre cette proposition à tout le monde ? »

Ce jour-là, la deuxième session du festival de l’amitié et de la culture et la conférence des responsables de France eurent lieu au centre bouddhique de Paris. Dès 17 h 30, les jeunes commencèrent leur conférence dans une excellente ambiance.

Kawasaki fit part aux membres de la proposition de Shin’ichi de faire du 14 juin le Jour du département de la jeunesse de France, et tout le monde applaudit avec enthousiasme en signe d’approbation.

Ensuite, un responsable du département des jeunes hommes de France donna lecture du poème de Shin’ichi, sa voix puissante résonnant dans la salle. Les membres eurent le sentiment d’entendre un cri du cœur de Shin’ichi.

Cloches de l’aube 50

Les yeux des membres du département de la jeunesse de France brillaient, leurs cœurs débordaient de la détermination de se lancer dans le voyage vers le nouveau siècle.

Mes jeunes amis,
qui êtes aujourd’hui deux cents ici rassemblés,
dressez-vous sur la cime magnifique
de la deuxième étape de
kosen rufu en France.
Et que retentissent un concert
d’applaudissements
et l’hymne de la victoire !


Décidons d’atteindre ce but
le 14 juin de l’an 2001.


Oui, ce sera le 14 juin 2001.

La lecture prit fin. Après un moment de silence, la salle éclata en un tonnerre d’applaudissements qui exprimait l’émotion et le vœu profonds de tout l’auditoire.

Ce jour-là, les jeunes de France gravèrent l’année 2001 dans leur cœur comme un objectif pour kosen rufu et leur propre vie.

Lorsque nous avons un objectif, le Soleil brille avec éclat et un bel arc-en-ciel d’espoir scintille dans le ciel de notre avenir. Lorsque nous avons un objectif dans la vie, chaque pas en avant est plein de force.

Shin’ichi rejoignit tous les participantes et participants pour une photo de groupe, afin de célébrer l’occasion et de les encourager dans ce nouveau départ.

« Tout d’abord, fixez vos objectifs pour dans vingt ans, leur dit-il. Développez-vous sans relâche et renforcez vos capacités, afin de contribuer au bonheur des gens et à la paix. La clé de la victoire en toute chose est de ne pas se laisser vaincre par soi-même. »

Selon les paroles du poète Schiller pour mettre en lumière le secret de la réussite dans la vie : « Seule la persévérance conduit au but4. »

À Paris également, Shin’ichi consacra toute son énergie à des discussions informelles sur la foi avec les membres. Il fit un effort particulier pour créer des occasions d’échanger avec les jeunes, en leur parlant des principes essentiels de la foi et de la bonne manière de vivre en tant que pratiquante ou pratiquant du bouddhisme de Nichiren.

Shin’ichi voulait les entraîner pour que chacune et chacun d’entre eux devienne un dirigeant exceptionnel du XXIᵉ siècle. C’est pourquoi il leur parlait avec beaucoup de gravité et se donnait de tout cœur.

Au cours d’une discussion, il déclara : « Le bouddhisme de Nichiren enseigne que vous êtes toutes et tous des personnes nobles à qui est confiée la mission d’accomplir kosen rufu, la mission des bodhisattvas surgis de la Terre. Lorsque vous vous éveillerez à cette mission, vous serez en mesure de déployer pleinement tout votre potentiel. »

  • *1Michel de Montaigne, Essais, livre I. « Des cannibales. »
  • *2Publié en anglais en 1991 sous le titre Dawn After Dark.
  • *3Victor Hugo, Quatrevingt-treize, Paris, Imprimerie nationale, 1924, p. 340.
  • *4Traduit de l’allemand. Friedrich Schiller, « Sprüche des Konfuzius » (Sentences de Confucius), Die Gedichte (Les poèmes), édité par Jochen Golz, Francfort-sur-le-Main, Insel Verlag, 1999, p. 475.