Volume 30 : Chapitre 4, Cloches de l’aube 21–30
Cloches de l’aube 21
Shin’ichi et son groupe quittèrent l’aéroport international de Sofia le 25 mai à 15 h 20 pour se rendre à Vienne, la capitale de l’Autriche.
Dans l’avion, Shin’ichi se disait : « Je suis sûr que les graines des échanges culturels et de l’amitié que nous avons plantées lors de cette visite prendront profondément racine, pousseront et étendront leurs branches jusqu’aux cieux du XXIᵉ siècle. À la lumière des écrits de Nichiren, le temps viendra où un flux constant de bodhisattvas surgis de la Terre émergera également en Bulgarie. Les temps changent. L’aube de kosen rufu en Bulgarie viendra à coup sûr ! »
Trois ans après cette visite, en octobre 1984, l’université Soka et l’université de Sofia signèrent un accord d’échange d’étudiants et de professeurs. Depuis, des étudiantes et étudiants de l’université Soka ont étudié à l’université de Sofia, et des professeurs et des étudiantes et étudiants de l’université de Sofia ont enseigné et étudié à l’université Soka.
En avril et mai 1992, l’exposition de photos de Shin’ichi « Dialogue avec la nature » (organisée par le musée d’art Fuji de Tokyo) fut présentée au Palais national de la culture à Sofia, et le président bulgare Jeliou Jelev honora le vernissage de sa présence.
En novembre 1999, le dialogue de Shin’ichi avec Axinia Djourova, professeure à l’université de Sofia et éminente intellectuelle bulgare, fut publié en japonais sous le titre Utsukushiki shishi no tamashii (La beauté d’un cœur de lion). Une traduction en bulgare fut publiée l’année suivante.
Le dialogue était un échange entre deux cultures, l’une fondée sur le bouddhisme et l’autre sur le christianisme orthodoxe oriental. Shin’ichi y avait participé avec l’intention d’ouvrir une nouvelle route de la soie spirituelle reliant l’Europe de l’Est et le Japon.
Il est intéressant de noter que, en 2001 (à l’aube du XXIᵉ siècle et vingt ans après la première visite de Shin’ichi), un chapitre de la SGI fut établi en Bulgarie lors de la célébration du 3 mai, Jour de la Soka Gakkai. Le nouveau responsable du chapitre avait été l’un des premiers étudiants de l’université Soka à étudier à l’université de Sofia.
« [Comment] peut-on douter qu[e] […] la grande Loi pure […] se répandra largement […] dans tout le Jambudvipa [le monde entier] ? » (Écrits, 555) Les temps changeaient, comme l’avait prédit Nichiren.
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De magnifiques champs verdoyants s’étendaient en contrebas et le Danube bleu serpentait entre des rives bordées d’arbres.
Le 25 mai à 16 heures, Shin’ichi et son groupe atterrirent à l’aéroport de Vienne.
Shin’ichi avait visité l’Autriche pour la dernière fois vingt ans auparavant, lors de son premier voyage en Europe (en 1961). Il n’y avait pas de membres dans ce pays à l’époque, mais il y avait maintenant un chapitre, et son responsable, Yoshiharu Nagamura, accompagné d’autres personnes accueillirent le groupe à l’aéroport.
Nagamura avait 39 ans et travaillait dans une imprimerie. Né dans la préfecture de Niigata, il avait étudié le design dans une école technique de Tokyo avant de trouver un emploi dans une manufacture de papier. Il était devenu membre de la Soka Gakkai en 1962. Très actif dans le département des jeunes hommes, il avait initié vingt personnes au bouddhisme de Nichiren. À 27 ans, il prit la décision de se consacrer au mouvement de kosen rufu mondial et se rendit en Autriche par le Transsibérien.
Six mois s’écoulèrent sans qu’il ne trouve de travail. La veille du dernier jour, juste avant d’être contraint de rentrer au Japon, il était resté éveillé toute la nuit dans son appartement, en récitant intensément Daimoku pour réaliser son vœu d’œuvrer pour kosen rufu en Autriche. C’était au cœur de l’hiver et la température était de moins 10 degrés Celsius.
L’aube finit par se lever. Il empaqueta ses affaires et se prépara à quitter son appartement, dépité à l’idée de devoir rentrer au Japon. Alors qu’il franchissait le seuil, un homme d’âge moyen sortit de l’appartement voisin et leurs regards se croisèrent.
L’homme lui demanda de façon impromptue : « Avez-vous un travail ? Voulez-vous travailler pour moi ? »
Il lui expliqua alors qu’il tenait une station-service et que son jeune employé, qui vivait dans l’appartement voisin de celui de Nagamura, était tombé malade, le laissant à court de main-d’œuvre.
Nagamura était ainsi sorti de l’impasse dans laquelle il se trouvait, ce qui le convainquit qu’il pourrait toujours trouver un moyen d’avancer par la force de la prière.
En 1972, Nagamura se rendit au Japon et rencontra Shin’ichi, à qui il transmit une carte décorative signée par quatre membres qui vivaient à Vienne. Il avait fait un premier pas solide vers l’établissement du mouvement de kosen rufu en Autriche.
Répondre à son maître par des actes et des preuves factuelles, c’est la voie du disciple.
Nagamura épousa une membre japonaise du département des jeunes femmes et, ensemble, ils firent le vœu de devenir les piliers de kosen rufu en Autriche.
Chaque fois que Shin’ichi allait à Paris, Nagamura faisait un voyage de dix-huit heures en train pour le voir. Il estimait que, pour que l’organisation se développe en Autriche, il était capital que, en tant que responsable, il recherche le cœur de son maître, qu’il apprenne tout ce qu’il pouvait de lui et qu’il s’efforce de s’épanouir personnellement.
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En saluant Nagamura à l’aéroport de Vienne, Shin’ichi lui dit : « Je suis venu vous voir. Vous avez fait d’immenses efforts en tant que disciple. Je vous soutiendrai de toutes les manières possibles. »
La visite de Shin’ichi coïncidait avec la saison des festivals de musique à Vienne et des personnes du monde entier affluaient dans la ville à cette occasion.
Le 26 mai, Shin’ichi rencontra à son hôtel le sociologue Bryan Wilson, de l’université d’Oxford, pour discuter de la finalisation de la publication de leur dialogue intitulé L’Avenir de l’humanité et le rôle de la religion.
Ce soir-là, une vingtaine de membres locaux se réunirent dans une salle de conférence de l’hôtel pour une rencontre informelle avec Shin’ichi. Répondant à leurs questions, il leur parla de la manière idéale de développer le mouvement de kosen rufu en Autriche.
« En tant que bouddhistes qui souhaitent le bonheur des autres, leur dit-il, j’espère que vous serez des personnes d’action et que vous œuvrerez pour protéger la dignité de la vie et préserver la culture et la paix. Rappelez-vous que la récitation de Nam-myoho-renge-kyo est la force motrice de tous vos efforts, et relevez courageusement chaque défi auquel vous êtes confrontés, jour après jour. C’est la clé d’une vie de joie, d’espoir et d’épanouissement.
« Vous portez tous et toutes notre mouvement de kosen rufu, alors prenez soin de vous et de vos familles. Il importe que vous soyez de bons citoyens et citoyennes, appréciés et respectés par votre entourage, et que vous apportiez votre contribution à vos communautés et à la société. Le bouddhisme n’existe pas en dehors de la vie quotidienne.
« C’est en étant sain de corps et d’esprit, en gagnant le respect par son caractère et en apportant la preuve factuelle éclatante de sa pratique bouddhique dans la société, chacune et chacun d’entre vous fera progresser le mouvement de kosen rufu.
« Nul besoin de précipiter les choses. À l’horizon du XXIᵉ siècle, faites en sorte de développer progressivement un réseau de confiance et de mettre en place les fondations d’une croissance future magistrale. »
Un centre que l’Autriche attendait depuis longtemps fut établi lors de la réunion, constitué de deux chapitres et avec Nagamura pour responsable, ce qui marqua ainsi un nouveau départ pour l’organisation.
Le 27 mai, Shin’ichi visita l’Opéra national de Vienne et rencontra son directeur, Egon Seefehlner. Il souhaitait le remercier pour la tournée de la troupe de l’Opéra au Japon l’automne précédent, sur invitation de l’Association des concerts Min-On, qu’il avait fondée.
La sincérité est le cœur de l’amitié.
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Le même jour (27 mai), Shin’ichi se rendit au ministère de l’Éducation et de la Culture et rencontra le ministre, Fred Sinowatz, qui était également vice-chancelier d’Autriche, et devint plus tard chancelier.
Lors de leur conversation, ils abordèrent également le sujet des représentations de l’Opéra national de Vienne au Japon. Shin’ichi affirma son engagement pour la paix dans le monde, déclarant qu’il souhaitait continuer de contribuer à cette cause par le truchement d’échanges culturels et éducatifs.
Shin’ichi se rendit ensuite directement à l’appartement de Yoshiharu Nagamura dans la Belvederegasse, à quelques minutes de l’Opéra national. La pièce utilisée pour les réunions mesurait environ 25 mètres carrés et servait également de centre pour les activités des membres à Vienne. Nagamura vivait dans l’appartement avec sa femme, leur fils de 7 ans et leur fille de 4 ans.
La pièce était modeste, mais c’était le berceau d’où émergeaient des personnes de valeur qui allaient soutenir le mouvement de kosen rufu en Autriche et écrire ainsi une nouvelle histoire de personnes ordinaires rayonnantes de bonheur et de paix.
Shin’ichi récita Gongyo solennellement avec la famille Nagamura et les autres membres rassemblés en ce lieu. Il pria pour leur santé et leur épanouissement, ainsi que pour le développement de kosen rufu en Autriche, avec le souhait profond que tous fassent retentir au loin un chant de bonheur triomphal.
Après avoir pris une photo commémorative avec eux dans un parc voisin, Shin’ichi visita le musée consacré à Beethoven à Heiligenstadt. C’est l’endroit où le grand compositeur aurait vécu pendant un certain temps et où, désespéré par sa surdité qui s’aggravait, il aurait rédigé un testament adressé à ses frères. Connu pour cette raison sous le nom de Maison du testament de Heiligenstadt, le petit musée n’occupait que deux pièces au premier étage de la maison.
Une femme âgée qui prenait soin du musée depuis trente-cinq ans réalisa une visite guidée pour Shin’ichi. Une reproduction du testament était exposée.
En tant que musicien, la perte de l’ouïe avait plongé Beethoven dans un tel désespoir qu’il avait envisagé le suicide. Dans son testament, il avait écrit : « Seul, lui, l’art m’en retint. Oh ! Il me semblait impossible de quitter ce monde avant d’avoir accompli ce à quoi je me sentais disposé1. »
La conscience de sa mission donne la force de vaincre toutes les épreuves. Lorsque nous consacrons notre vie à notre mission, nous pouvons puiser dans un courage sans limites.
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Shin’ichi prit le temps de contempler les objets exposés au musée Beethoven. Il visita également la salle où le compositeur, en proie à au tourment qui l’assaillait, avait produit plusieurs grandes œuvres. Le portrait de Beethoven était accroché au mur.
Lorsqu’il composait, Beethoven recherchait la perfection de façon obsessionnelle. Il lui arrivait de s’acharner sur une seule mesure, la révisant et la réécrivant plus d’une douzaine de fois jusqu’à ce qu’elle soit parfaite. Il était également acclamé en tant que pianiste. Délaissant l’élégance, son jeu était empreint de puissance, d’énergie et d’intensité émotionnelle.
Le piano en bois du musée dégageait une impression de solidité.
Beethoven composait non pas pour la noblesse, mais pour les personnes ordinaires, pour tous les êtres humains. Il nourrissait le vœu que son œuvre puisse un jour « être mise uniquement au service des plus démunis2 ». C’était cette volonté inébranlable qui avait fait de lui un virtuose.
Lorsque nous nous consacrons à une cause noble, nous pouvons faire jaillir la force qui réside en nous.
Après la visite du musée, Shin’ichi échangea avec des membres pendant un dîner dans un restaurant au sommet d’une colline, où ils célébraient l’inauguration du nouveau centre de l’organisation en Autriche.
Shin’ichi dit à Yoshiharu Nagamura, le nouveau responsable du centre : « Merci pour tout ce que vous avez fait pour nous pendant notre séjour. Kosen rufu est un long combat. Si vous vous surmenez, vous ne pourrez pas continuer. Soyez raisonnable, dormez suffisamment et prenez soin de votre santé. »
Shin’ichi savait que, après les avoir accompagnés à Vienne chaque jour, il retournait au bureau le soir pour travailler. Mais Nagamura ne lui en avait jamais fait part. Shin’ichi pensa que, avec un responsable aussi dévoué, le développement de la SGI en Autriche était assuré.
Le bouddhisme élucide la loi de cause et d’effet qui régit nos vies. À long terme, les personnes sincères et dévouées remportent la victoire, dans la vie comme dans le mouvement de kosen rufu.
Le Danube coulait paisiblement sous le ciel crépusculaire, comme s’il avançait vers le XXIᵉ siècle.
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Un Soleil éblouissant inondait le ciel bleu. Après leur voyage à Vienne, Shin’ichi et son groupe arrivèrent à l’aéroport international de Pise, le 28 mai à 15 heures.
« Benvenuto ! » (Bienvenue !)
Un grand groupe de jeunes Italiens et Italiennes aux yeux pétillants et aux sourires lumineux accueillirent Shin’ichi.
Vingt ans plus tôt, lors de sa première visite en Italie en octobre 1961, seul un couple de Japonais l’avait accueilli à l’aéroport de Rome, ville où le mari avait été envoyé par son employeur. En voyant tant de jeunes gens exubérants venir à sa rencontre, Shin’ichi sentit qu’une nouvelle ère du kosen rufu mondial était arrivée, ce qui l’emplit d’espoir et d’enthousiasme.
Sur le chemin de leur hôtel à Florence, Shin’ichi et son groupe s’arrêtèrent pour voir la tour penchée de Pise.
Le lendemain, 29 mai, Shin’ichi offrit des poèmes aux représentants des membres et parla avec chacune et chacun des jeunes présents.
Puis, dans l’après-midi du 30 mai, il assista à une réunion organisée chez un membre pour célébrer les vingt ans du mouvement de kosen rufu en Italie. Le rassemblement débordait d’énergie juvénile. De nombreux étudiantes et étudiants de l’université de Florence, dont les disciplines comptaient la médecine, la philosophie, la littérature et l’économie, étaient présents.
Certains membres étaient venus de Sicile. Ils avaient pris le ferry jusqu’au continent, puis avaient fait un voyage de seize heures en train. D’autres étaient venus de Naples et de Sorrente, au sud, et du pôle économique de Milan, au nord.
Après le Gongyo solennel dirigé par Shin’ichi, une discussion informelle s’engagea. Abordant le sujet de la Renaissance, il déclara : « J’ai toujours rêvé de visiter la ville verte qu’est Florence. C’est ici, à une époque étouffante dominée par l’Église, que les fenêtres ont été grand ouvertes et qu’a vu le jour un nouveau courant de pensée qui a conduit à la Renaissance. Comme vous le savez, le terme “renaissance” signifie “renaître” et se traduit en japonais par “renouveau culturel” ou “renouveau humain”. »
Shin’ichi souhaitait expliquer le sens de kosen rufu dans le contexte plus large de l’histoire de l’humanité. La véritable signification du mouvement Soka au service de la révolution humaine, le mouvement visant à transformer la vie des êtres humains et à revitaliser le peuple, devient plus claire lorsqu’on l’inscrit dans une vaste perspective historique.
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Shin’ichi s’adressa aux jeunes avec l’objectif de leur confier l’avenir. Une nouvelle ère s’ouvre lorsque les jeunes peuvent exprimer librement leurs talents.
« La Renaissance a soufflé un vent de liberté et a émancipé l’humanité. C’était un éveil à l’idée que l’être humain est au centre, qui a ainsi inauguré une époque véritablement nouvelle. »
La Renaissance a pris forme grâce à des poètes, des penseurs et des artistes installés à Florence, menés par le poète Dante Alighieri (1265-1321), qui a joué un rôle de pionnier, et plus tard par Giovanni Boccaccio (1313-1375), Nicolas Machiavel (1469-1527), Léonard de Vinci (1452-1519), Michel-Ange (1475-1564) et Raphaël (1483-1520), parmi tant d’autres.
Son influence a ensuite gagné Rome et d’autres villes d’Italie, puis la France, l’Allemagne, l’Angleterre, et enfin le reste de l’Europe, jusqu’à déboucher sur la Réforme.
En appelant à un retour à l’Antiquité, aux classiques et à l’être humain, la Renaissance a libéré les gens des chaînes de l’autorité de l’Église et a mené à un brillant épanouissement du potentiel humain. Il s’agissait incontestablement d’une victoire de l’humanisme et d’un triomphe de la liberté individuelle.
La voix de Shin’ichi gagna en intensité : « Mais les gens ont-ils obtenu la véritable liberté ? Sont-ils devenus les protagonistes de l’Histoire ?
« Je crois malheureusement qu’il faut répondre par la négative. Au contraire, ils ont été asservis par des systèmes politiques et des idéologies, ou par la science et la technologie. En outre, le laxisme moral et le choc d’égos surdimensionnés ont créé les maux que sont la dictature et le fascisme. Et c’est une réalité à laquelle nos sociétés d’aujourd’hui doivent aussi affronter.
« En d’autres termes, libérés par la Renaissance, les gens ont fait de leur esprit le maître. Mais cela les a placés à la merci de leurs désirs et de leurs émotions, d’une part, et sous la contrainte de forces extérieures qui cherchaient à réprimer ces pulsions, d’autre part. Ils ont ainsi créé une époque très éloignée de l’ère de bonheur à laquelle ils aspiraient. »
Un sûtra bouddhique enseigne qu’« il faut devenir maître de son esprit et ne pas le laisser devenir le maître » (Écrits, 488).
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Shin’ichi poursuivit en faisant observer que de nombreux penseurs éminents appelaient aujourd’hui à un nouvel humanisme et à une révolution de l’humanité afin de réaliser les idéaux de la Renaissance à notre époque. Ils étaient profondément intéressés par l’idée que les êtres humains accomplissent leur propre transformation intérieure. S’ils ne changent pas à en profondeur, les êtres humains ne pourront pas devenir les protagonistes de leur époque et de leur société, ni atteindre le bonheur véritable. La clé de ce changement, souligna-t-il, c’est la compréhension de la loi fondamentale de la vie, qui ouvre la voie à la maîtrise de soi et à la création de valeurs illimitées.
« Cette loi, ajouta-t-il, n’est autre que Nam-myoho-renge-kyo, le cœur des enseignements de Nichiren, qui élucident pleinement l’essence de la vie humaine. Cette loi offre les moyens à l’être humain d’accomplir la transformation intérieure que ces penseurs préconisent. Cette grande loi de la vie recèle la clé d’un avenir meilleur pour l’humanité »
Nombre des participantes et participants étaient des jeunes, en particulier des étudiantes et étudiants d’université. Shin’ichi voyait un avenir plein d’espoir pour le mouvement de kosen rufu en Italie. Il poursuivit son discours en souhaitant ardemment que tous et toutes se dressent pour devenir les pionniers qui allaient brandir la bannière d’un siècle de la vie.
« Pour votre avenir et pour celui de kosen rufu, concentrez-vous sur vos études. Dans cette période de votre vie, c’est le sérieux avec lequel vous vous consacrez à vos études qui constitue votre pratique bouddhique. Bien sûr, les activités de la Soka Gakkai ont leur importance, mais, si vous négligez vos études maintenant, vous le regretterez toute votre vie. La foi équivaut à la vie quotidienne, et, pour les étudiants, la foi, c’est apprendre. Je tiens à être très clair à ce sujet. »
Ensuite, Shin’ichi aborda la signification des responsabilités dans la Soka Gakkai.
« Les responsabilités dans l’organisation n’ont rien à voir avec le pouvoir ou l’autorité. Elles ne sont pas non plus une mesure de la foi. Vous ne devez jamais juger les personnes en fonction de leur responsabilité ou, si vous êtes responsables, vous croire supérieurs aux autres membres. J’espère que vous vous efforcerez tous et toutes de pratiquer le bouddhisme dans un esprit de respect, de confiance et d’encouragement mutuels.
« Assumer une responsabilité dans la Soka Gakkai, c’est assumer la responsabilité de kosen rufu. Si vous acceptez une telle fonction, cela représentera nécessairement beaucoup d’efforts et s’accompagnera de défis. Mais, en même temps, vous êtes assurés d’accumuler d’immenses bienfaits et beaucoup de bonne fortune. »
Shin’ichi consacrait toute son énergie à entraîner la jeunesse. Un effort sincère et engagé est indispensable pour aider les autres à se développer.
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Le ciel était bleu et sans nuages.
L’après-midi du 31 mai, Shin’ichi assista à un festival culturel d’amitié organisé pour fêter les vingt ans du mouvement de kosen rufu en Italie. Les festivités se déroulaient dans un grand jardin à Settignano, un village situé à la périphérie de Florence. Outre les 700 membres venus de toute l’Italie, une délégation de membres du Japon était également présente, et tout le monde se retrouvait dans une célébration exubérante de l’amitié italo-japonaise.
C’était la première fois que l’organisation italienne mettait sur pied un événement d’une telle ampleur, et les membres s’occupaient des préparatifs depuis des jours. La construction de la scène à elle seule avait été une entreprise de grande envergure. Tout le monde s’était attelé à de nombreuses tâches pour préparer l’événement et participait aux répétitions des spectacles.
En arrivant sur le site, Shin’ichi se dirigea immédiatement vers les jeunes qui faisaient partie de l’équipe de soutien à l’événement et les encouragea de tout cœur.
« Prenons une photo ensemble », proposa-t-il.
Après la séance de photos, l’une avec les jeunes hommes et l’autre avec les jeunes femmes, il dit : « Dans l’un de ses écrits, Nichiren parle du principe de “surgir de Terre” (cf. Écrits, 389). Cela fait référence à la façon dont les bodhisattvas surgis de la Terre émergent en nombre toujours croissant pour assumer la mission de réaliser kosen rufu et libérer les êtres humains de la souffrance. Ces bodhisattvas surgis de la Terre, c’est vous.
« Je suis sûr que vous avez tous vos propres aspirations. Vous avez peut-être aussi à faire face à de graves problèmes ou à des revers de fortune. On pourrait faire valoir que la vie est une lutte incessante contre les difficultés. Mais, en tant que pratiquantes et pratiquants du bouddhisme de Nichiren, nous considérons que toutes nos difficultés et souffrances existent pour que nous puissions les surmonter et montrer la preuve de l’incroyable pouvoir de notre pratique bouddhique. En d’autres termes, triompher d’un karma douloureux nous permet de démontrer la vérité et la validité du bouddhisme de Nichiren et de répandre ainsi la Loi merveilleuse autour de nous. C’est ainsi que nous accomplissons notre mission de bodhisattvas surgis de la Terre.
« En un sens, les épreuves et les souffrances sont indispensables pour que nous puissions nous acquitter de cette mission. Et c’est la raison pour laquelle le bouddhisme de Nichiren enseigne la transformation du karma en mission. Quelle que soit la férocité des tempêtes du karma qui nous assaillent, nous ne manquerons jamais de les surmonter. »
Aux yeux de Shin’ichi, l’émergence de tant de jeunes membres à Florence confirmait ce principe de « surgir de Terre », ce qui lui donnait de grands espoirs pour le kosen rufu mondial.
De grands arbres bordaient le jardin et une délicieuse brise berçait les lieux.
Le fond de scène représentait le Soleil irradiant les animaux, les arbres et les fleurs. Le festival s’ouvrit sur une danse folklorique traditionnelle exécutée par des membres de Naples, suivie de nombreux autres chants et danses interprétés par des membres de villes telles que Rome, Florence, Milan, Gênes et Turin. Une chanteuse âgée entonna un solo majestueux. Des membres de Bergame se déployèrent sur la scène pour mener une danse entraînante, accompagnée de sifflements et d’applaudissements.
Des jeunes femmes chantèrent la chanson japonaise « Hoshi wa hikarite » (Les étoiles scintillent), que Shin’ichi avait écrite et dédiée au groupe des Byakuren au Japon. Les membres du département des femmes continuèrent avec la chanson « Kyo mo genki de » (Toujours enthousiastes)3, qu’elles chantèrent également en japonais. La délégation japonaise se joignit alors à elles, ainsi que de nombreuses autres personnes dans l’auditoire, l’écho de leurs voix retentissant jusqu’au ciel.
Des membres de la délégation montèrent à leur tour sur scène pour exécuter une danse traditionnelle japonaise appelée « Kochi Ondo » et chantèrent « O sole mio » en italien, sous un tonnerre d’applaudissements.
Shin’ichi applaudit avec enthousiasme à la fin de chaque morceau.
Après leurs numéros, les artistes s’approchèrent de l’endroit où Shin’ichi était assis. Il les remercia, les félicita et leur serra vigoureusement la main. Un flot continu de personnes se pressaient vers lui. Un jeune avait amené ses parents, qui assistaient au festival en qualité d’invités. Un couple avait amené sa fille, qui était aveugle.
Shin’ichi écoutait attentivement ce que chacune et chacun avait à dire et mettait tout son cœur à les encourager et leur prodiguer des conseils. Il avait conscience qu’il ne devait pas laisser passer cette occasion, car une autre chance ne se présenterait peut-être jamais. Chaque instant comptait.
Hironobu Kanemitsu, le responsable du centre Italie, prit brièvement la parole, les yeux pétillants derrière ses lunettes. Au nom de tous les membres italiens, il déclara : « Nous débordons de bonheur de pouvoir vous accueillir, Monsieur le Président Yamamoto ! » S’adressant à tous les participants, il ajouta : « Les célébrations d’aujourd’hui marquent un nouveau départ pour notre organisation en Italie. Avançons vers la réalisation de kosen rufu ! Déterminons-nous à relever de nouveaux défis avec courage ! Le moment est venu ! »
- *1Les lettres de Beethoven : l’intégrale de la correspondance 1787-1827, traduction des lettres d’après l’allemand par Jean Chuzeville suivant l’édition anglaise établie en 1960 par Emily Anderson, Arles, Actes Sud, 1992.
- *2Ibid.
- *3Cette chanson a fait ses débuts en tant que chanson du département des femmes lors de la réunion du département des femmes d’août 1968 à Tokyo. L’air de cette chanson de la Soka Gakkai a ensuite été repris pour la chanson en anglais intitulée « Forever Sensei ».