Partie 1 : Le bonheur. Chapitre 4
« C’est le cœur qui est important » [4.7]

4.7 Quand notre état de vie change, le monde autour de nous change

Le principe bouddhique de transformation intérieure signifie que, lorsque nous faisons apparaître notre majestueux état de bouddha, nous illuminons notre vie, mais aussi celle des personnes qui nous entourent et notre environnement.

Nichiren écrit :

« Ainsi, les esprits affamés perçoivent le Gange comme du feu, les êtres humains le perçoivent comme de l’eau, et les êtres célestes comme de l’amrita1. Bien qu’il s’agisse toujours de la même réalité, elle apparaît différemment selon les rétributions karmiques du passé de chacun. » (Écrits, 488)

La façon dont nous percevons les choses diffère selon notre état de vie. Quand notre état de vie change, le monde dans lequel nous résidons change aussi. Tel est le cœur de la doctrine de la « concrétisation des trois mille mondes en un instant de vie2 », que l’on trouve dans le Sûtra du Lotus.

À propos des persécutions sans fin qu’il rencontra durant toute sa vie, Nichiren dit :

« Jour après jour, mois après mois, année après année, j’ai été l’objet de persécutions constantes. Les persécutions et désagréments mineurs sont si nombreux qu’il est même impossible de les compter, mais les persécutions majeures s’élèvent au nombre de quatre3. » (Écrits, 242-243)

Pourtant, même lorsqu’il était en exil sur l’île de Sado, la plus dure des persécutions, il a déclaré avec sérénité : « Avec cette vision des choses, je ressens une joie sans mesure, malgré mon exil actuel. » (Écrits, 390) Nichiren contemple calmement la situation qui est la sienne depuis les hauts sommets de son état de vie, aussi vaste et illimité que l’univers.

Le président fondateur de la Soka Gakkai, Tsunesaburo Makiguchi, endura la prison durant la guerre en raison de ses croyances, avec un état d’esprit similaire. Il a écrit des lettres en prison où il disait notamment : « Les épreuves que je traverse ne sont rien, comparées avec les souffrances de Nichiren à Sado4 » et « selon notre état de vie, même l’enfer peut être agréable5 ». Cette dernière phrase fut censurée et effacée par le procureur.

L’établissement d’un état de vie aussi majestueux est le but le plus élevé de l’humanité.

Une seule fleur peut totalement transformer une atmosphère triste. Cependant, l’important est d’avoir l’esprit, la détermination d’améliorer notre environnement, de le changer pour le mieux, ne serait-ce qu’un peu. Tout particulièrement en tant que pratiquants du bouddhisme de Nichiren qui luttent sérieusement dans la foi, nous ne pouvons pas manquer de déployer tout notre enthousiasme pour transformer notre vie. Nous goûterons à coup sûr bonheur et prospérité. C’est là un principe immuable du bouddhisme.

Notre attitude change tout. C’est là l’une des grandes merveilles de la vie et, en même temps, une réalité indéniable.

Un proverbe dit : « Ne vous plaignez pas si le rosier a des épines, mais réjouissez-vous que le rosier ait des roses. » Notre perception change à mesure que la perspective que l’on adopte devient brillante, belle et vaste.

Nichiren parle du « merveilleux fonctionnement de l’esprit unique ». (OTT, 30) Un esprit croyant tourné vers le Gohonzon a un pouvoir et des fonctions véritablement immenses et merveilleux. Quand le moteur de cet esprit unique qui est le nôtre – c’est-à-dire notre attitude ou détermination intérieure – se met en marche, comme dans un engrenage, tous les phénomènes des trois mille mondes se mettent eux aussi en mouvement. Tout se met à changer. Nous faisons évoluer chaque chose dans un sens brillant et positif.

Quand tout est inclus dans le grand état de bouddha, alors notre vie, ceux qui nous entourent et le pays où nous sommes brilleront tous sous la lumière du bonheur et de l’espoir. Tel est le pouvoir de Nam-myoho-renge-kyo de la « concrétisation des trois mille mondes en un instant de vie ». C’est le principe de transformation dynamique du bouddhisme qui se trouve ici à l’œuvre.

D’après Hokekyo hobenpon juryohon kogi (Le Sûtra du Lotus, chapitres hoben et juryo, commentaires de Daisaku Ikeda), vol. 3, publié en japonais, en juin 1996

La Sagesse pour créer le bonheur et la paix est une compilation des écrits de Daisaku Ikeda sur une base thématique.

  • *1Amrita : Boisson légendaire, comparable à de l’ambroisie. Dans l’Inde ancienne, elle était considérée comme le doux breuvage des dieux. En Chine, on pensait qu’elle pleuvait du ciel quand le monde devenait paisible. On dit que l’amrita soulageait les souffrances et apportait l’immortalité. Le mot amrita signifie immortalité et est souvent traduit par douce rosée.
  • *2La concrétisation des trois mille mondes en un instant de vie : La doctrine des trois mille mondes en un instant de vie, qui est l’enseignement fondamental pour atteindre l’illumination, revêt deux aspects : le principe théorique et la concrétisation de ce principe. C’est ce que l’on appelle respectivement « La théorie des trois mille mondes en un instant de vie » et « la concrétisation des trois mille mondes en un instant de vie ». Le principe théorique est basé sur l’enseignement théorique (la première moitié) du Sûtra du Lotus, alors que le principe concret est révélé dans l’enseignement essentiel (la seconde moitié) du Sûtra du Lotus. Cependant, à l’époque de la Fin de la Loi, tous deux sont théoriques ; et c’est alors la Loi de Nam-myoho-renge-kyo, révélée par Nichiren, qui est l’enseignement concret des trois mille mondes en un instant de vie.
  • *3Les quatre persécutions majeures sont : La persécution de Matsubagayatsu (1260), l’exil d’Izu (1261), la persécution de Komatsubara (1264), ainsi que la persécution de Tatsunokuchi et l’exil de Sado (1271).
  • *4Traduit du japonais. Tsunesaburo Makiguchi, Makiguchi Tsunesaburo Zenshu (Recueil des écrits de Tsunesaburo Makiguchi), Tokyo, Daisanbunmei-sha, 1987, vol. 10, p. 282.
  • *5Ibid., p. 285.