Partie 2 : La révolution humaine. Chapitre 17
Tirer le meilleur profit de chaque journée [17.3]

17.3 « Maintenant est le dernier instant de sa vie »

Dans L’héritage de la Loi ultime de la vie et de la mort, Nichiren écrit : « De celui qui fait jaillir sa foi et récite Nam-myoho-renge-kyo en comprenant en profondeur que maintenant est le dernier instant de sa vie, il est dit dans le Sûtra : “Quand les vies de ces personnes parviendront à leur terme, mille bouddhas leur tendront les mains, les libéreront de toute crainte et les empêcheront de tomber dans les mauvaises voies de l’existence [SdL-XXVIII, 301].” » (Écrits, 217) À partir de ce passage, le président Ikeda explique ce que signifie en définitive l’esprit de la foi.

« En comprenant en profondeur que maintenant est le dernier instant de sa vie » (Écrits, 217) ne signifie pas simplement être prêt ou déterminé. Cela veut dire reconnaître et comprendre en profondeur ce qu’est la véritable nature de la vie.

Chacun de nous pense qu’il lui reste beaucoup de temps à vivre. Mais en fait aucun de nous ne sait quand il mourra. Nous pouvons mourir dans les instants qui suivent. Telle est la véritable réalité de la vie.

Même si nous étions assurés de vivre encore vingt, trente ou même cinquante années, au regard de l’éternité, de telles durées ne représentent que des moments fugaces. C’est l’un des autres sens de la phrase « maintenant est le dernier instant de sa vie » (Écrits, 217).

Toute personne sensée, qui a compris cela, ne peut s’empêcher de ressentir le sens profond du simple fait d’être en vie et de pratiquer le bouddhisme de Nichiren. Les choses de ce monde comme le pouvoir, la renommée et la richesse sont sans importance. Pour accumuler de la bonne fortune qui perdurera après la mort et pour l’éternité, il nous faut nous concentrer sur le véritable objectif de la vie, tout en nous engageant de tout cœur dans notre pratique bouddhique.

Voilà ce qu’est en définitive l’esprit de la foi. Toutefois, en tant que bouddhistes et membres de la société, nous ne sommes pas faits pour renoncer purement et simplement au monde ou tout sacrifier. Au contraire, quand nous nous engageons sincèrement dans la foi et dans la pratique en vue d’accomplir le grand vœu de kosen rufu, tous les aspects de notre vie sont employés à bon escient, fondés sur la Loi merveilleuse. Voilà ce que signifie s’engager à vivre en ayant conscience que « maintenant est le dernier instant de sa vie ».

Quand nous vivons chaque instant de notre vie avec un tel engagement, « mille bouddhas [nous] tendront les mains, [nous] libéreront de toute crainte et [nous] empêcheront de tomber dans les mauvaises voies de l’existence. » (SdL-XXVIII, 301) Cela veut dire que nous développons un état de vie où nous sommes en parfaite sécurité et que nous ne tomberons jamais dans les mauvaises voies de l’existence – c’est-à-dire dans les états d’enfer, d’avidité, d’animalité et d’asura1.

Superficiellement, le passage « Quand les vies de ces personnes parviendront à leur terme, mille bouddhas leur tendront les mains » (SdL-XXVIII, 301) semble suggérer que c’est ce qui se produira au moment de la mort, mais, plus profondément, « parviendront à leur terme » fait référence à chaque instant de la vie. En ce sens, ce passage décrit un état que nous pouvons véritablement atteindre tant que nous sommes en vie.

La phrase « maintenant est le dernier instant de sa vie » nous exhorte à vivre corps et âme le moment présent. Cela signifie mener chaque journée de tout son cœur ; lutter de toutes ses forces et faire le maximum pour réaliser kosen rufu et atteindre la bouddhéité en cette vie.

Même lorsqu’il s’agit de transmettre le bouddhisme à une personne, si vous laissez passer l’occasion qui se présente à vous, vous ne pouvez pas être totalement certains d’avoir une autre opportunité d’en reparler avec elle en profondeur. En revanche, quand vous dialoguez sincèrement avec les gens, conscients que c’est une occasion unique de les aider à transformer leur karma, vous vivez déjà avec l’esprit de « maintenant est le dernier instant de sa vie ».

Que vous soyez en train de prier devant le Gohonzon, d’étudier le bouddhisme ou d’écrire des mots d’encouragement à vos amis – le plus important est de vous consacrer entièrement et à chaque instant à votre tâche.

À la réflexion, la vie n’est que l’accumulation d’instants présents. Si vous n’arrivez pas à vivre aujourd’hui avec un sentiment d’épanouissement, vous ne récolterez pas de résultats positifs demain. Vous pourrez certes échafauder des projets d’avenir grandioses, mais, si vous ne chérissez pas chaque instant de votre vie, ces projets mêmes finiront par n’être que des mirages. Les causes passées et les résultats futurs sont tous inclus dans la réalité ultime de tous les phénomènes2 à l’instant présent et, par conséquent, une transformation à cet instant même de la vie peut à la fois libérer des chaînes karmiques du lointain passé et établir une bonne fortune qui durera éternellement.

Ce passage fondamental des écrits de Nichiren enseigne le principe de la transformation du karma, dont la clé se trouve dans l’établissement d’une foi solide fondée sur la conscience que « maintenant est le dernier instant de sa vie ».

Extrait d’un cours sur L’héritage de la Loi ultime de la vie et de la mort, publié en japonais dans le journal Seikyo, avril 1977

La Sagesse pour créer le bonheur et la paix est une compilation des écrits de Daisaku Ikeda sur une base thématique.

  • *1Les états d’enfer, d’avidité, d’animalité et d’asura sont appelés ensemble les quatre mauvaises voies. Considérés comme les plus bas des dix états (ou dix mondes), ils sont qualifiés de mauvais parce qu’ils sont caractérisés par la souffrance.
  • *2La réalité ultime de tous les phénomènes : la vérité ou réalité ultime qui imprègne tous les phénomènes et qui n’est en rien séparée d’eux. Par l’explication des dix facteurs, le chapitre « Moyens opportuns » (2e) du Sûtra du Lotus enseigne que tous les êtres humains sont intrinsèquement dotés du potentiel pour devenir bouddha, et clarifie la vérité selon laquelle ils peuvent exploiter et manifester ce potentiel.