Volume 30 : Chapitre 6, Serment 131–139

Serment 131

Le 26 novembre, Shin’ichi Yamamoto participa à une réunion des représentants de la SGI de Singapour et d’Australie.

En cette occasion, il rappela que le nom « Singapour » signifiait « ville du lion », et parla de la signification du lion en bouddhisme : « Le Bouddha est décrit comme un lion, et son enseignement de la Loi est comparé au “rugissement du lion”. Nichiren enseigne que le mot “lion” a le sens de “maître et disciple1”. Le Sûtra du Lotus enseigne que les disciples – c’est-à-dire les êtres vivants – qui mènent leur vie avec le Bouddha, leur maître, peuvent atteindre le même état de vie élevé que lui. »

Plus précisément, la relation entre maître et disciple, ou entre professeur et élève, est propre aux êtres humains, en raison de leurs profondes aptitudes spirituelles. Cette relation existe partout où des personnes recherchent l’excellence, notamment dans les arts, l’éducation et dans toute sphère qui requiert un savoir-faire élevé.

Shin’ichi souligna un point particulier à l’intention des jeunes présents : « Avoir un maître dans l’existence offre un modèle de vie, et il n’existe pas d’exemple plus merveilleux que celui de maîtres et de disciples qui luttent ensemble, en consacrant leur vie au grand idéal de la paix et du bonheur de toute l’humanité.

« Cette lutte commune du maître et du disciple, unis en esprit et dans leurs actions, est la garantie que kosen rufu se développera éternellement. Que le courant de kosen rufu se développe ou non en un fleuve puissant et généreux nourrissant le monde, pour les dix mille ans et plus de l’époque de la Fin de la Loi, dépend entièrement des disciples qui poursuivront l’œuvre de leur maître.

« M. Toda disait souvent : “Tant que Shin’ichi sera là, il n’y aura aucune inquiétude à avoir !” Ou encore : “J’ai l’esprit tranquille parce que je sais que tu es là !” En ce qui me concerne, je suis désormais absolument convaincu que, si vous continuez de suivre la voie des lions, la voie de maître et disciple, le kosen rufu mondial se concrétisera à coup sûr. »

Citant l’appel de Nichiren, « Chacun de vous devrait faire preuve du courage d’un roi-lion et ne jamais succomber aux menaces de qui que ce soit » (Écrits, 1008), Shin’ichi souligna que le « cœur d’un roi-lion » correspond au courage.

« Nous possédons tous du courage, dit-il. Le courage est la clé pour déverrouiller la porte qui s’ouvre sur le trésor inépuisable du bonheur. Cependant, de nombreuses personnes ont fermé cette porte et se laissent entraîner sur l’océan de la lâcheté, de la faiblesse et de l’indécision. J’espère que vous rassemblerez tous un grand courage pour vaincre jusqu’à la dernière trace de lâcheté dans votre cœur. Là réside la cause de la victoire dans la vie. »

L’avenir appartient aux jeunes. Par conséquent, les jeunes ont la responsabilité de se développer, tels des héros dotés du cœur d’un roi-lion, afin de protéger les personnes ordinaires.

Serment 132

Le soir du 27 novembre, Shin’ichi Yamamoto et le groupe qui l’accompagnait quittèrent Singapour et atterrirent à l’aéroport international de Kuala Lumpur, la capitale de la Malaisie. C’était la seconde visite de Shin’ichi dans ce pays, sa première depuis douze ans.

Au cours de ces douze années, la société malaisienne et la Soka Gakkai Malaisie (SGM) avaient connu un essor remarquable. De nombreux gratte-ciel s’élevaient désormais dans Kuala Lumpur, notamment les tours jumelles Petronas, construites en 1998, les tours les plus hautes du monde.

Le nombre de centres bouddhiques, aussi, avait augmenté et le centre culturel principal de la SGM, un nouveau bâtiment de douze étages, était en construction dans le centre de la capitale. Il devait être achevé en 2001. Sur les treize États que comportait le pays, douze désormais avaient ou étaient sur le point d’avoir de magnifiques centres bouddhiques.

Le 29 novembre, Shin’ichi reçut à titre honorifique un doctorat ès lettres de l’université Putra, une des premières universités du pays, lors d’une cérémonie de remise de diplômes solennelle organisée en son honneur. Il y régnait une atmosphère emplie de bienveillance et d’amitié.

La professeure agrégée Kamariah Abu Bakar, doyenne de la faculté des études pédagogiques, lut la citation. Pour transmettre pleinement ses sentiments, elle avait composé elle-même quelques vers et, à la fin de son discours, passant du malais au japonais, elle dit : « Sensei ! Vous êtes une personne remarquable. Que le rêve de paix mondiale que vous portez depuis si longtemps en vous s’accomplisse. »

Pensant qu’elle ne pouvait pas exprimer parfaitement ce qu’elle ressentait en malais, elle avait conclu son intervention en s’adressant à lui directement en japonais, avec ces quelques mots appris pour l’occasion.

Le recteur de l’université Putra et le gouverneur de l’État de Penang, Haji Hamdan Bin Sheikh Tahir, offrit ensuite à Shin’ichi le certificat où était mentionné son titre honorifique de docteur.

Dans son discours, Shin’ichi déclara : « Les dialogues sincères, qui reposent sur une amitié authentique, possèdent le pouvoir de surmonter les différences ethniques, de transcender les frontières et les intérêts nationaux, et de faire tomber les murs de la division.

« Il est de la plus haute importance d’avancer dans un esprit de coopération sur la voie de la tolérance, de la coexistence et de la créativité, tout en respectant la diversité et en faisant apparaître le meilleur de cette diversité. L’amitié que l’on crée, notamment par l’éducation, représente la défense la plus puissante contre ce qui pourrait nuire à la paix et au bonheur humain ou les détruire. »

Serment 133

Shin’ichi Yamamoto sentit que le doctorat honoris causa que venait de lui conférer l’université Putra avait une signification profonde. En effet, l’islam est la religion officielle de la Malaisie, et lui, bouddhiste, venait d’être reconnu par l’une de ses universités nationales.

C’était la preuve que, lorsque nous revenons à notre préoccupation commune pour la paix et le bonheur de l’humanité, nous pouvons transcender les différences de religion et faire apparaître une empathie et une compréhension mutuelles. C’était aussi un témoignage de la nature tolérante de l’islam.

Les dialogues interreligieux et interculturels doivent prendre leur essor au XXIe siècle pour mettre un terme à une ère de division et d’hostilité.

Plus tard, en 2009, Shin’ichi fut nommé à titre honorifique docteur ès sciences humaines de l’université ouverte de Malaisie et, en 2010, de l’université de Malaya.

Le 30 novembre 2000, Shin’ichi rencontra le Premier ministre Mahathir Mohamad pour la seconde fois, dans son bureau ministériel.

Convaincus que les jeunes représentaient le trésor de l’humanité, tous deux partagèrent leurs préoccupations et leurs espoirs passionnés pour l’avenir.

Le 1er décembre, Shin’ichi se rendit pour la première fois au jardin d’enfants Soka de Malaisie (Tadika Seri Soka), puis participa à la réunion des représentants de la Soka Gakkai Malaisie (SGM), commémorant quatre décennies de lutte pour le kosen rufu mondial, au centre culturel de la SGM.

Des applaudissements enthousiastes résonnèrent dans la salle.

La SGM s’était développée à un rythme étonnant. Avant que Shin’ichi n’entre dans la salle, le directeur général, Koe Hau Fan, déclara : « Mes amis, nous avons remporté une victoire éclatante ! »

Au cours des années précédentes, les membres de la SGM s’étaient engagés dans diverses activités. Près de 5 000 membres avaient pris part à un spectacle synchronisé avec des cartons de couleur, lors d’un événement international. Des membres de la jeunesse avaient participé à des spectacles de gymnastique en groupe ainsi qu’à un défilé, lors des célébrations du Jour de l’indépendance de la Malaisie. Les pratiquants avaient également organisé des festivals culturels caritatifs, qui furent largement appréciés pour leurs contributions à la société. Les membres des départements des femmes et des jeunes femmes, en tant que pionnières du siècle des femmes, avaient organisé une conférence des femmes pour la paix.

Toutes ces activités étaient motivées par le sens profond de la mission des pratiquants qui se consacraient à incarner le principe selon lequel « le bouddhisme se manifeste dans la société ».

Le directeur général, Koe Hau Fan, dit : « Tout cela est le résultat de nos luttes sincères et de notre détermination, parce que nous avons considéré chaque instant comme décisif. »

Dans son discours, ce jour-là, Shin’ichi rappela que les trésors du cœur perdurent à jamais, à travers les trois existences (la vie dans le passé, le présent et le futur), et que le palais du bonheur réside en nous-mêmes.

Il offrit aussi ce poème aux membres :

Ô Malaisie,
tu es le centre suprême
de la victoire en ce monde.

Serment 134

Le voyage d’encouragement de Shin’ichi le conduisit ensuite à Hong Kong. C’était la dernière étape de ses voyages dans le monde au XXe siècle.

Le 4 décembre 2000, il participa à la réunion des responsables de la SGI de Hong Kong et de la région voisine de Macao, au centre culturel de la SGI-Hong Kong. Pour commémorer cette visite, la vingtième à Hong Kong, il offrit aux membres un poème :

À l’occasion de cette vingtième visite,
j’applaudis la victoire de
kosen rufu
à Hong Kong !

Se rappelant ses visites passées dans ce territoire depuis la première, en janvier 1961, il évoqua les efforts sincères de Chow Chi Kong, un pionnier qui joua un rôle clé dans les débuts de l’organisation.

« M. Chow avait pour habitude d’écrire des lettres tous les trois ou quatre jours aux membres qui habitaient un peu partout à Singapour, en Malaisie, et dans d’autres pays d’Asie. Quand un problème surgissait, la fréquence de ses lettres augmentait. Il écrivait alors un jour sur deux, voire parfois tous les jours.

« Bien que très occupé par ses responsabilités de président d’une société commerciale, il était non seulement très engagé en tant que responsable central de l’organisation de kosen rufu à Hong Kong, mais il envoyait aussi sans cesse des lettres d’encouragement aux membres vivant ailleurs en Asie. Cela devait représenter pour lui des efforts incroyables. Et les lettres qu’il écrivait étaient plutôt longues, car elles comptaient parfois cinq, voire dix pages. »

À cette époque, rares étaient ceux qui avaient une ligne téléphonique personnelle et, bien sûr, Internet n’existait pas encore. M. Chow déployait donc inlassablement de grands efforts pour encourager sans cesse ses amis pratiquants.

« Dans une lettre à un responsable de région, poursuivit Shin’ichi, M. Chow Chi Kong écrivit : “L’important est de créer autant d’occasions que possible d’avoir des dialogues de cœur à cœur avec les membres. Les visites à leur domicile sont la seule manière d’y parvenir. Se rendre chez les pratiquants vous permet d’échanger de manière ouverte et détendue, ce qui forge des liens étroits et permet d’établir une confiance réciproque. C’est facile à dire, mais difficile à mettre en pratique.” »

Toute organisation est comparable au corps humain, qui ne peut pas fonctionner correctement sans une bonne circulation du sang. Les visites au domicile des membres et les contacts personnels permettent au flux vital de la foi et à la chaleur humaine de circuler à travers toute la Soka Gakkai. C’est ce qui explique l’essor constant de notre mouvement humaniste. Accorder la plus grande valeur à chaque personne, en se souciant personnellement de son bien-être, et s’efforcer constamment de dialoguer pour offrir des encouragements sont la clé immuable et éternelle pour nous renouveler et poursuivre notre développement, tant sur le plan individuel, pour chaque pratiquant, que pour l’organisation dans son ensemble.

Serment 135

À la réunion des responsables de Hong Kong et de Macao, Shin’ichi évoqua l’histoire éclatante du mouvement de kosen rufu à Hong Kong : « Mon voyage pour concrétiser la prédiction de Nichiren concernant la transmission du bouddhisme vers l’ouest a débuté ici, à Hong Kong. C’est également d’ici que je suis parti, et où je suis revenu, lorsque j’ai entrepris mon premier voyage en Chine continentale, de la fin mai à la mi-juin 1974, pour établir un magnifique pont d’amitié entre la Chine et le Japon.

« En outre, l’université chinoise de Hong Kong a été la toute première des soixante-treize universités avec lesquelles l’université Soka a développé des échanges académiques et éducatifs. Et le premier jardin d’enfants Soka en dehors du Japon fut également inauguré ici, en 1992. »

Ensuite, Shin’ichi encouragea fortement les membres présents à toujours consacrer leur vie à leur grande et noble mission au XXIe siècle. Plus tôt, cette année-là, en février 2000, l’auditorium tant attendu fut également achevé dans l’enceinte du jardin Soka de l’arbre de la bodhi, en Inde et, le 26 novembre [quelques jours avant l’arrivée de Shin’ichi à Hong Kong], une réunion générale de la Bhârat Soka Gakkai, l’organisation de la SGI en Inde, eut lieu pour célébrer le 70e anniversaire de la fondation de la Soka Gakkai. Le bouddhisme de Nichiren, bouddhisme du soleil, brillait désormais avec éclat en Inde, le pays de la lune, et commençait à illuminer la société indienne tout entière. Shin’ichi sentit qu’une voie magnifique pour kosen rufu au XXIe siècle s’ouvrait largement en Asie et dans le reste du monde.

Le 5 décembre au soir, Shin’ichi et Mineko furent invités à dîner à la résidence officielle de la première secrétaire de l’administration de Hong Kong, Mme Anson Chan.

En 1993, Mme Chan était devenue la première femme à être nommée secrétaire en chef, un poste situé juste après celui de gouverneur, alors que Hong Kong était encore sous domination britannique. Après la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997, elle occupa le poste de premier secrétaire de l’administration de la région administrative de Hong Kong, deuxième poste le plus important après celui de chef de l’exécutif.

Sa mère était la célèbre peintre chinoise, Fang Zhaoling, dont les œuvres étaient à ce moment-là exposées au musée d’art Fuji de Tokyo. L’exposition remporta un vif succès. En tant que fondateur de ce musée, Shin’ichi avait lui-même proposé d’y accueillir cette exposition. En fait, il avait reçu un doctorat honoris causa de l’université de Hong Kong en 1996, en même temps qu’Anson Chan et Fang Zhaoling et, depuis, il était resté en relation avec elles.

À son arrivée, Shin’ichi, son épouse et le groupe qui les accompagnait furent accueillis par la famille Chan et par les autres invités. Shin’ichi dialogua et eut un échange de points de vue avec les personnes présentes, à propos de la prospérité future de Hong Kong et de la Chine.

Il eut l’occasion, cette nuit-là, d’avoir une vue panoramique de Hong Kong, dont il admira la beauté exceptionnelle.

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Le 7 décembre 2000, Shin’ichi participa à la cérémonie de remise des diplômes de l’université chinoise de Hong Kong, où il reçut le titre honorifique de docteur ès sciences sociales. Il était le premier Japonais à recevoir cette distinction. En 1992, l’université l’avait déjà nommé professeur invité émérite, et il avait alors délivré une conférence intitulée « La tradition humaniste en Chine ».

Le 8 décembre, Shin’ichi quitta Hong Kong pour le Japon, et atterrit à Osaka, la porte du Kansai « toujours victorieux ».

Osaka avait été la première ville où il s’était rendu après être devenu président de la Soka Gakkai [en mai 1960]. C’est pour cela qu’il souhaitait finir son voyage d’encouragement pour le XXe siècle à Osaka et ouvrir la voie du XXIe siècle avec ses chers amis pratiquants du Kansai, qui partageaient ses joies et ses peines, ainsi que son esprit invincible.

Les visages des membres du Kansai « toujours victorieux » rayonnaient d’une vitalité éclatante.

Le 10 décembre, Shin’ichi assista à une réunion des représentants de la région.

Dans le discours prononcé en cette occasion, il exprima sa conviction que le nouveau siècle serait le siècle des femmes, et il ajouta qu’il espérait que le Kansai serait un modèle dans ce domaine. Il encouragea aussi le département des hommes à s’unir avec celui des jeunes hommes, et le département des femmes avec celui des jeunes femmes, dans l’esprit de tout faire pour s’occuper de la jeunesse, la soutenir, l’encourager et l’aider à se développer.

Le 14 décembre, eut lieu une réunion générale des responsables de la Soka Gakkai conjointement avec la réunion des représentants du Kansai et la réunion générale des femmes du Kansai, à l’auditorium du mémorial Toda du Kansai à Toyonaka, dans la préfecture d’Osaka. C’était la dernière grande réunion de l’année 2000, et elle marquait le nouveau départ de l’organisation vers le XXIe siècle.

« À partir de l’an prochain, en 2001, nous entamerons la deuxième série de Sept Cloches2, qui nous amènera jusqu’en 2050 ! » dit Shin’ichi. C’est ainsi qu’il annonça le début d’une nouvelle série de sept périodes de sept ans, pendant lesquelles le mouvement poursuivrait sa progression, et il demanda instamment aux membres d’agir ensemble, en faisant appel à la solidarité des personnes ordinaires, afin que le XXIe siècle soit le siècle de l’humanisme et de la paix.

Il fit également remarquer que les femmes s’impliquaient de plus en plus activement dans des postes clés dans le monde entier : « Les temps changent. Désormais, les sociétés et les organisations qui respectent les femmes et reconnaissent leur valeur connaîtront la prospérité.

« Nichiren déclare que ce sont les femmes qui ouvrent la porte (cf. WND-II, 884). Dans la réalisation éternelle de kosen rufu, ce sont les femmes, et en particulier les membres du département des jeunes femmes, qui ouvriront les portes de la bonne fortune, de l’espoir et de la victoire éternelle. »

En œuvrant ensemble dans une belle harmonie, les femmes et jeunes femmes pratiquantes se sont évertuées à dialoguer avec le plus grand nombre de personnes possible et à les encourager. Leurs efforts constituaient une nouvelle force motrice pour la réalisation de kosen rufu au XXIe siècle.

Serment 137

L’année 2001, appelée au sein de la Soka Gakkai « Année de la victoire éclatante pour le nouveau siècle », s’ouvrait sur une magnifique perspective. C’était le début d’un XXIe siècle plein d’espoir et du troisième millénaire. Shin’ichi Yamamoto contribua au numéro du Nouvel An du journal Seikyo en offrant ce poème :

En ce début de nouveau siècle,
notre nouvelle scène
sera le monde entier.
Ravivons la flamme
de la détermination dans nos cœurs !

Le 2 janvier correspondait au 73e anniversaire de Shin’ichi Yamamoto. Son objectif pour la décennie de ses 70 ans était d’achever les fondations du kosen rufu mondial.

Le 3 mai, eut lieu un événement très attendu : la cérémonie d’inauguration de l’université Soka d’Amérique, à Aliso Viejo, une ville du comté d’Orange, en Californie. Ainsi naissait une nouvelle institution d’études supérieures, dont la mission était de former des citoyens du monde qui se consacrent à la paix mondiale. Yoshinari Yabuki, diplômé à la fois de la première promotion du lycée et de l’université Soka au Japon, en fut nommé président.

Shin’ichi exprima ses sentiments sincères dans un message lu à l’occasion de la cérémonie. Il y offrait quatre principes fondateurs pour l’université :

Former des personnes qui soient :

  • Des champions de la culture dans leur environnement
  • Des champions de l’humanisme dans la société
  • Des champions du pacifisme dans le monde
  • Des champions de la coexistence créative de la nature et de l’humanité

Le 11 septembre 2001, quatre avions de ligne furent détournés aux États-Unis. Deux d’entre eux s’écrasèrent sur le World Trade Center, à New York, et un autre sur le Pentagone, le quartier général du département de la Défense américaine. Le quatrième s’écrasa en route, avant d’avoir atteint sa cible. Ces événements sont connus désormais sous le nom d’« attentats du 11-Septembre ».

Quelque 3 000 personnes furent tuées et plus de 6 000 blessées dans cette attaque cruelle. Le Gouvernement américain établit qu’il s’agissait d’un complot tissé par des islamistes radicaux et déclara alors la guerre contre le terrorisme. Des actions militaires furent d’abord menées en Afghanistan, où les instigateurs du complot étaient censés se cacher. Après le 11 septembre, de nombreuses attaques terroristes, notamment des attentats-suicides, furent perpétrées en Europe et ailleurs dans le monde.

Même si l’on est convaincu que la cause que l’on défend est juste, le terrorisme ôte la vie de personnes innocentes, ce qui, par conséquent, le rend totalement inacceptable.

Après les attaques sur le sol américain, la SGI-États-Unis mit immédiatement en place un centre d’urgence et fit tout son possible pour aider les personnes touchées, en offrant notamment un soutien direct aux actions de sauvetage ou en réalisant des collectes de dons pour financer les aides. Plus tard, elle s’engagea activement dans des dialogues avec d’autres groupes religieux pour promouvoir la tolérance et la compréhension.

Agir pour la paix, s’opposer à la guerre et mettre un terme à la violence – telle est, au-delà des dogmes religieux, la voie commune pour tous les êtres humains. Relever ces défis est aussi l’objectif initial de la religion.

Serment 138

Après les attaques terroristes du 11 septembre, lors de ses rencontres avec des intellectuels de premier plan du monde entier et dans ses interviews pour des journaux japonais, Shin’ichi Yamamoto déclara avec vigueur que le moment était venu de rallier avec force l’opinion publique à la paix et au dialogue.

Dans sa proposition annuelle pour la paix, publiée le Jour de la SGI, le 26 janvier de l’année suivante [en 2002], il proclama que le dialogue entre les civilisations était crucial pour l’humanité au XXIe siècle, et il appela au déploiement d’efforts coordonnés à l’échelle internationale, autour des Nations unies, en vue de prévenir le terrorisme. Il indiqua également que, pour mettre un terme au terrorisme et protéger la sécurité humaine, le monde entier devait collaborer en se concentrant sur la protection des droits humains et sur l’éradication de la pauvreté et du désarmement. Shin’ichi sentit que le temps était venu pour les membres de la Soka Gakkai à travers le monde de s’unir et de déployer des efforts dans leur environnement, afin de créer un nouvel élan puissant en faveur de la paix. La voie vers la paix est toujours parsemée d’obstacles. Une paix durable est le vœu auquel toute l’humanité aspire, mais cela reste néanmoins un objectif extrêmement difficile, qui n’a jamais été atteint. C’est précisément pour cela que la Soka Gakkai est apparue ! C’est la raison d’être du bouddhisme de Nichiren, l’enseignement fondamental qui permet de réaliser la révolution humaine ! Par le dialogue, nous devons construire un grand réseau de citoyens ordinaires qui œuvrent ensemble, dans l’amitié et la confiance !

Fondamentalement, la seule voie pérenne pour créer la paix passe par l’éducation. Cela consiste à transmettre des valeurs humaines et une philosophie de vie positive. Nous devons faire du XXIe siècle un siècle du respect de la dignité de la vie et de l’éducation humaniste.

Le 12 novembre 2001, eut lieu la réunion générale des responsables de la Soka Gakkai à l’auditorium du Mémorial Toda, dans le quartier de Sugamo, à Tokyo, pour célébrer le 18 novembre, jour de la fondation de la Soka Gakkai. Elle se déroula conjointement avec la première réunion générale du Kansai pour le nouveau siècle, la réunion générale du Hokkaido et la réunion des responsables des jeunes hommes et des jeunes femmes, célébrant le 50e anniversaire de leurs départements.

En cette occasion, Shin’ichi prononça un discours dans lequel il remercia toutes les personnes présentes pour leurs efforts et les invita à aller de l’avant avec courage et avec la détermination de ne jamais être vaincues. Il leur demanda de toujours se fonder sur la foi et de ne jamais cesser d’avancer, quels que soient les événements qui se produisent dans leur vie. C’est là, ajouta-t-il, l’esprit même des pratiquants du bouddhisme de Nichiren. Il s’adressa ensuite aux jeunes, avec le désir de leur confier l’avenir : « L’essor de kosen rufu repose sur l’existence de disciples authentiques ! »

La grande œuvre de kosen rufu ne peut s’accomplir au cours d’une seule vie. C’est une mission qui ne peut se réaliser que si elle est transmise du maître à ses disciples qui, à leur tour, la transmettront aux disciples des générations futures.

Serment 139

La voix de Shin’ichi résonna avec détermination : « Je n’oublierai jamais ce que M. Toda a dit lors d’une réunion du groupe de jeunes hommes Suiko-kai3 : “Tant qu’il y aura un noyau de jeunes – non, tant qu’il restera ne serait-ce qu’un seul véritable disciple –, nous accomplirons kosen rufu.”

« Qui a été ce disciple ? Qui a consacré sa vie à la diffusion du bouddhisme de Nichiren dans le monde, exactement comme M. Toda l’a enseigné ? C’est avec fierté et assurance que je peux l’affirmer aujourd’hui : ce disciple, c’est moi.

« J’aimerais que vous, mes amis du département de la jeunesse, perpétuiez fermement l’esprit solennel des trois premiers présidents de la Soka Gakkai, éternellement unis par les liens de maître et disciple. Ceux qui le feront remporteront la victoire absolue. C’est aussi la voie fondamentale qui permettra à la Soka Gakkai de poursuivre constamment son essor au XXIe siècle. C’est ainsi que nous accomplirons le grand vœu de kosen rufu et créerons une paix durable pour le monde entier.

« Je compte sur vous, membres des départements des jeunes hommes, des jeunes femmes, et des étudiants ! Je compte sur tous les jeunes du mouvement Soka, partout dans le monde ! »

Les membres répondirent avec enthousiasme. Leurs voix résonnèrent dans la salle, avec la vigueur de la jeunesse.

Shin’ichi pouvait voir face à lui les portraits de Tsunesaburo Makiguchi et de Josei Toda, les premier et deuxième présidents de la Soka Gakkai, qui ornaient le mur au fond de la salle. Il lui sembla que tous deux souriaient et acquiesçaient. Qu’ils veillaient chaleureusement sur la jeunesse et sur toutes les personnes présentes, en les enveloppant d’un regard bienveillant.

Dans son cœur, Shin’ichi lança alors cet appel aux jeunes : « Allons ensemble de l’avant ! Tant que nous sommes en vie, luttons ! Avançons avec confiance et vigueur, en faisant résonner intensément la deuxième série de Sept Cloches ! »

Dans l’esprit de Shin’ichi, les jeunes du mouvement Soka étaient semblables à de jeunes aigles majestueux, resplendissant dans la lumière de l’aube du troisième millénaire. Il les voyait s’envoler, en un flot ininterrompu, dans l’immensité des cieux qui entouraient le monde.

Ces jeunes constituaient la multitude innombrable des boddhisattvas surgis de la Terre, qui se consacrent éternellement à la réalisation du grand vœu de kosen rufu.

Manuscrit achevé le 6 août 2018, au centre de séminaires de Nagano

Dédié au président fondateur de la Soka Gakkai, Tsunesaburo Makiguchi ;
à mon maître, le deuxième président de la Soka Gakkai, Josei Toda ;
et à mes amis dans la foi à travers le monde,
ces nobles émissaires du Bouddha qui sont mes précieux compagnons.

Daisaku Ikeda

Cela conclut le trentième et dernier volume de La Nouvelle Révolution humaine.

  • *1Il est dit dans le Recueil des enseignements oraux : « [Concernant l’expression ”rugir du rugissement du lion” (jpn. sa shishi ku) :] Le rugissement du lion (shishi ku) est l’enseignement du Bouddha. Transmettre la Loi signifie transmettre le Sûtra du Lotus, ou plus précisément transmettre Nam-myoho-renge-kyo. Le premier shi [qui signifie maître] dans shishi, ou lion, est la Loi merveilleuse transmise par le maître. Le second shi [qui désigne un “enfant”] est la Loi merveilleuse telle qu’elle est reçue par les disciples. Le “rugissement” [ku] est le son que le maître et les disciples émettent en priant à l’unisson. Le verbe sa, “faire” ou “rugir” doit être compris comme signifiant “introduire” ou “enseigner”. Cela fait référence à la transmission de Nam-myoho-renge-kyo à l’époque de la Fin de la Loi. » (OTT, 111)
  • *2Sept Cloches : la première série de Sept Cloches décrit le développement de la Soka Gakkai, durant sept périodes consécutives de sept ans, depuis sa fondation en 1930 jusqu’en 1979. Le 3 mai 1958, peu après le décès du président Toda (le 2 avril), le président Ikeda, alors secrétaire général du département de la jeunesse, présenta ce concept des Sept Cloches et annonça des objectifs pour les périodes de sept ans à venir. Le 3 mai 1966, il envisagea le lancement d’une nouvelle série de Sept Cloches au XXIe siècle. Puis, en 1978, juste avant la fin de la première série, il décrivit avec plus de précision ce que serait cette deuxième série de Sept Cloches, en déclarant qu’elle commencerait le 3 mai 2001 et s’étendrait jusqu’en 2050. Il annonça également une série de quatre objectifs quinquennaux pour l’essor de l’organisation sur une période de vingt ans, de 1980 jusqu’en l’an 2000.
  • *3Suiko-kai : le groupe Suiko-kai (littéralement « groupe Au bord de l’eau ») était un groupe d’entraînement du département des jeunes hommes fondé par le deuxième président de la Soka Gakkai, Josei Toda. Son nom était tiré du titre du roman épique de la Chine ancienne, Au bord de l’eau, étudié par ce groupe.