Volume 30 : Chapitre 6, Serment 121–130

Serment 121

Dans nos actions humanitaires, il est essentiel que nous coopérions avec d’autres et que nous transcendions les limites des appartenances religieuses. C’est absolument capital pour nous, en tant qu’êtres humains, et pour l’accomplissement de notre mission sociale en tant que personnes de croyance qui souhaitent le bonheur de l’humanité.

Travailler ensemble à la réalisation de tâches communes nécessite le respect mutuel de nos personnalités, de nos croyances et de nos origines culturelles respectives.

Le vœu originel du fondateur de chaque grande religion est la réalisation de la paix et du bonheur des personnes ordinaires afin de soulager leurs souffrances. C’est cet esprit qu’il nous faut respecter.

Les gens considèrent souvent les critiques émises par Nichiren à l’encontre des écoles du bouddhisme japonais comme l’école de la Terre pure (également connue sous le nom d’école Nembutsu), le zen, le shingon (l’école de la Parole vraie) et le ritsu (l’école des Préceptes), comme un signe d’intolérance et comme la marque d’un comportement dogmatique. Pourtant, Nichiren ne rejeta pas les écrits sur lesquels se fondaient ces autres écoles. Dans ses propres écrits, il cite au contraire de nombreux sûtras bouddhiques différents pour expliquer la véritable nature de l’existence humaine.

Le Sûtra du Lotus est un enseignement qui ouvre la voie de l’illumination pour tous. C’est l’enseignement parfait et complet, le « roi des sûtras », qui révèle la véritable entité de la vie. En revanche, les autres sûtras n’enseignent pas que tous les êtres humains peuvent atteindre la bouddhéité. Ils ne parviennent pas à décrire la vie dans son ensemble, et n’en présentent qu’une vision partielle. Les écoles bouddhistes établies du temps de Nichiren considéraient à tort les écrits qui présentaient ces vérités partielles comme complets et absolus. Par ailleurs, elles dénigraient et rejetaient le Sûtra du Lotus, qui expose la vérité complète et universelle. Nichiren clarifia et dénonça ces erreurs majeures, en utilisant le langage le plus clair possible.

Et, pour indiquer clairement quel enseignement s’accordait avec la véritable intention de Shakyamuni, il demanda à dialoguer et à débattre avec des représentants d’autres écoles bouddhistes, avec pour seul désir de soulager les souffrances des personnes ordinaires. Cependant, les moines de ces écoles, qui entretenaient des relations privilégiées avec le gouvernement militaire de Kamakura, rejetèrent ces appels au dialogue. Ils préférèrent répandre de fausses rumeurs et de fausses accusations pour inciter les autorités à prendre des mesures contre Nichiren qui, en définitive, faillit mourir à cause des persécutions.

Malgré tout, Nichiren déclare : « Je prie avant tout pour guider et diriger le souverain et les autres personnes qui m’ont persécuté. » (Écrits, 406) En d’autres termes, il souhaitait guider en priorité vers la bouddhéité les dirigeants du pays et les moines qui l’avaient persécuté. Cette déclaration reflète le mode de vie d’un pratiquant authentique du bouddhisme, un mode de vie éclairé par la bienveillance et par la tolérance.

Cet esprit de vouloir soulager la souffrance et d’aider les autres à devenir heureux est le fondement de toutes nos actions en tant que membres de la SGI.

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Il est parfaitement naturel que les personnes dotées de convictions religieuses aient confiance dans leur religion, en soient fières et partagent leurs croyances. Mais elles doivent toujours rester humbles et manifester la volonté de se développer personnellement – c’est-à-dire avoir le désir d’écouter des idées et des points de vue différents, apprendre à partir de ces nouvelles perspectives, et poursuivre leur progression. La religion ne doit pas devenir une source de haine et de conflit avec nos semblables.

La plus grande mission et la plus haute responsabilité des personnes de foi d’aujourd’hui consistent à renforcer leur engagement à établir un monde libéré du fléau de la guerre et à rassembler les gens autour d’un objectif commun : la réalisation de la paix et du bonheur pour toute l’humanité. Pour atteindre cet objectif, les personnes de différentes confessions religieuses doivent œuvrer ensemble, avec un esprit de coopération et de collaboration. Parallèlement, elles devraient s’engager dans ce que le président fondateur de la Soka Gakkai, Tsunesaburo Makiguchi, appelait la « compétition humanitaire », en s’inspirant mutuellement pour s’améliorer et contribuer au bien-être de l’humanité.

Après avoir clarifié sa mission – la réalisation de la paix mondiale – dans le cadre de sa nouvelle charte, la SGI a fait de grandes avancées en tant que mouvement religieux humaniste de dimension mondiale.

L’année suivante, en 1996, Shin’ichi Yamamoto poursuivit ses voyages pour la paix, en se rendant à Hong Kong en mars, puis en Amérique du Nord et en Amérique centrale à partir de la fin du mois de mai et jusqu’au début du mois de juillet.

Le 8 juin, pendant son séjour aux États-Unis, l’université de Denver au Colorado lui remit un doctorat honoris causa en sciences de l’éducation.

Le 13 juin, Shin’ichi délivra une conférence à l’école supérieure de formation des enseignants de l’université Columbia, à New York. Il y définit le citoyen du monde comme une personne de sagesse qui reconnaît l’égalité de chaque vie et l’interrelation entre tous les phénomènes vivants ; une personne courageuse qui respecte les différences ; et une personne bienveillante qui fait preuve d’empathie à l’égard des autres. Un bodhisattva correspond bien à cela, dit-il, et l’éducation est la tâche qu’il accomplit pour obtenir des bienfaits et en apporter aux autres.

Le lendemain, Shin’ichi se rendit au siège des Nations unies à New York, et dialogua, au cours d’un déjeuner, avec le sous-secrétaire général des Nations unies, Yasushi Akashi, et des ambassadeurs onusiens de diverses nations.

À partir du 24 juin, il devait se rendre à Cuba sur l’invitation du ministère de la Culture cubain.

Shin’ichi menait des actions intrépides. C’est par l’action que s’ouvre une nouvelle ère.

Serment 123

Avec la fin de la guerre froide et la chute des régimes communistes de l’Union soviétique et de l’Europe de l’Est, Cuba perdit son plus puissant soutien, l’Union soviétique. L’île se trouva alors de plus en plus isolée et confrontée à de rudes défis économiques et politiques. En février 1996, se produisit un incident : les forces aériennes cubaines abattirent deux avions civils américains, ce qui incita les États-Unis à voter une loi au Congrès (la loi Helms-Burton) pour renforcer ses sanctions économiques contre Cuba. Cette mesure aggrava encore les tensions.

Intérieurement, Shin’ichi prit alors cette décision : « C’est précisément pour cela que, moi qui désire la paix mondiale, je dois me rendre à Cuba. Là-bas aussi il y a des êtres humains… Je veux contribuer à promouvoir des échanges éducatifs et culturels avec Cuba ! »

Le 17 juin, une semaine avant son voyage à Cuba, Shin’ichi Yamamoto rencontra son vieil ami, l’ancien secrétaire d’État américain, Henry A. Kissinger, à New York. Ce fut l’occasion d’approfondir encore ses liens avec lui. Le Pr Kissinger expliqua comment il concevait l’amélioration des relations entre les États-Unis et Cuba. Shin’ichi dit à son tour : « Au lieu de laisser l’opinion publique et les intérêts personnels à court terme nous barrer la route, je suis d’avis que nous devons agir avec une conviction ferme et une vision de l’avenir, en vue d’établir des ponts pour la paix au XXIe siècle. »

Les deux hommes se parlèrent en toute franchise.

Avant de se rendre à Cuba, Shin’ichi s’envola pour Miami, où il visita le centre Culture et Nature de la SGI-États-Unis de Floride pour la première fois et participa à la 21e réunion générale de la SGI, en présence de représentants de cinquante-deux pays et territoires.

Dans l’après-midi du 24 juin, il effectua sa première visite aux Bahamas, une nation des Caraïbes composée de 700 îles. À l’époque, comme il n’y avait pas de vol direct entre les États-Unis et Cuba, la seule manière de s’y rendre consistait à passer par un pays tiers. Ce voyage aux Bahamas portait donc à cinquante-deux le nombre de pays et territoires visités par Shin’ichi.

Deux membres, un homme et une femme, l’accueillirent à l’aéroport.

Shin’ichi ne resta que le temps de l’escale, soit environ quatre heures, durant lesquelles il encouragea ces pratiquants de tout son cœur et leur offrit ce court message : « Ici, aussi, la SGI est bien présente. Longue vie à la SGI des Bahamas ! »

Serment 124

Shin’ichi Yamamoto et les personnes qui l’accompagnaient quittèrent les Bahamas, à bord d’un avion d’origine soviétique mis à leur disposition par le Gouvernement cubain. Ils s’envolèrent vers l’aéroport international José-Martí de La Havane.

Arrivés tout juste après 17 h 30, le 24 juin, ils furent accueillis par le ministre de la Culture et son épouse, et de nombreuses personnalités officielles.

« Je suis un simple citoyen, dit Shin’ichi en les remerciant sincèrement, mais, avec courage et par l’action, j’aimerais transformer les divisions entre les peuples et les nations en union. Je souhaite faire tout ce qui est en mon pouvoir pour ouvrir la voie de la paix au XXIe siècle. »

Shin’ichi ne devait passer que trois jours et deux nuits à Cuba, mais il avait fait intérieurement le profond serment de tisser des liens d’amitié avec autant de personnes que possible. Il mit tout son être, tout son cœur dans chaque événement et dans chaque rencontre.

Le 25 juin, à 16 heures, Shin’ichi visita l’université de La Havane. Lors d’une cérémonie qui se déroula dans l’auditorium de l’université, le ministre de la Culture, Armando Hart, lui remit une distinction nationale – l’ordre Felix Varela du premier degré – pour ses contributions aux échanges culturels. Qualifiant Shin’ichi de « militant infatigable pour la paix », il déclara que ce titre était l’expression de la « solidarité des peuples qui aspirent à la paix ».

Puis l’université de La Havane conféra un doctorat honoris causa ès lettres à Shin’ichi, qui prononça alors un discours intitulé « Établir le grand pont de la spiritualité vers le nouveau siècle ».

Au milieu de la cérémonie, le ciel dégagé s’assombrit rapidement et une pluie torrentielle se mit soudain à tomber. Dehors, les éclairs zébraient le ciel et le tonnerre retentissait avec fracas. Dans la chaleur tropicale de Cuba, la pluie apporte généralement de la fraîcheur mais, cette fois, la tempête était soudaine et violente.

S’approchant du micro, Shin’ichi déclara : « Quels magnifiques coups de tonnerre ! C’est une musique céleste, des roulements de tambour, une resplendissante symphonie des cieux, qui célèbrent la progression de l’humanité vers la victoire de la paix.

« Et quelle pluie merveilleuse ! C’est le ciel qui nous enjoint de ne pas nous laisser vaincre par les épreuves ! Nous devons avancer avec courage à travers les tempêtes de l’adversité ! »

Les invités applaudirent, et tous se mirent à sourire. Une profonde émotion gagna toute la salle.

Serment 125

Shin’ichi Yamamoto déclara dans son discours : « Je suis intimement convaincu de la nécessité de créer une civilisation de l’espoir et de l’harmonie, fondée sur le respect de la dignité humaine, dans ce nouveau millénaire qui s’ouvre avec le XXIe siècle. »

Il émit la suggestion d’établir trois « ponts », ou voies de communication, pour y parvenir. Le premier consistait à restaurer la vie dans sa globalité, en cultivant un esprit poétique qui relie l’individu, la société et l’univers ; le deuxième, à rassembler les êtres humains autour de l’empathie envers la souffrance d’autrui ; et le troisième à jeter des ponts vers un avenir meilleur, en déployant des efforts dans le domaine de l’éducation.

Dans la soirée, Shin’ichi rencontra le président cubain, Fidel Castro, durant environ quatre-vingt-dix minutes au palais de la Révolution, la résidence présidentielle, à La Havane. Célèbre pour ses tenues militaires, le président Castro avait ce soir-là revêtu un costume et une cravate, et il accueillit Shin’ichi avec un grand sourire. Ce geste exprimait son désir d’amitié et de paix.

Leur conversation porta sur divers sujets, notamment la transmission du pouvoir, la formation de personnes de valeur, la politique, les philosophies de la vie et les conceptions du monde. Dans leurs échanges, tous deux reconnurent et affirmèrent l’importance capitale du pouvoir du dialogue et de la culture dans le processus d’établissement de la paix au XXIe siècle.

Shin’ichi souligna que l’avenir de Cuba, et du monde en général, repose sur l’éducation. Il expliqua que la SGI est un mouvement international qui œuvre pour la paix, en transcendant les systèmes politiques et en se fondant sur l’être humain, et il présenta ce mouvement comme l’aboutissement inéluctable et l’expression concrète de la philosophie bouddhique, selon laquelle les êtres humains sont tous également précieux et dignes de respect.

Le président Castro accueillit très chaleureusement Shin’ichi et le groupe qui l’accompagnait et annonça son souhait de prendre des mesures en vue de promouvoir les échanges entre Cuba et le Japon, pour approfondir la compréhension mutuelle entre les deux pays.

Au terme de leur rencontre, le président Castro reçut un doctorat honoris causa de l’université Soka. Lors de la réception de ce titre, il déclara que la visite d’une délégation de la SGI à Cuba lui semblait très importante parce qu’elle illustrait combien l’humanisme contribue à la paix. Reconnaissant que le Japon s’était magnifiquement développé en dépit de son manque de ressources naturelles, de sa petite superficie et de sa vulnérabilité aux typhons et aux séismes, il ajouta que le peuple japonais avait ainsi montré au monde que rien n’est impossible pour les êtres humains.

Durant cette rencontre, Shin’ichi et le président cubain établirent un solide lien d’amitié.

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Après la visite de Shin’ichi, Cuba intensifia ses échanges culturels et éducatifs avec le Japon.

Le 6 janvier 2007, la SGI-Cuba fut officiellement reconnue comme une organisation religieuse par le Gouvernement cubain, et une cérémonie de ratification fut organisée.

Les États-Unis allégèrent progressivement leurs sanctions économiques contre Cuba et, en 2015, les relations diplomatiques entre les deux pays furent rétablies.

Le 26 juin 1996, après son voyage à Cuba, Shin’ichi se rendit pour la première fois au Costa Rica, pays voisin du Panama, considéré comme le « paradis vert de l’Amérique centrale ». C’était le cinquante-quatrième pays où il se rendait. Le Costa Rica a inscrit dans sa constitution l’abolition des forces militaires et a proclamé sa « neutralité perpétuelle, active et non armée ».

Le 27 juin, Shin’ichi rencontra le président du Costa Rica, José María Figueres Olsen, dans son bureau présidentiel à San José, la capitale. Puis il participa à un rassemblement de membres de la SGI-Costa Rica, auxquels il offrit ce poème :

Costa Rica
– ici aussi se trouvent
des amis surgis de la Terre.
Que l’éternité, le bonheur, le véritable soi et la pureté
imprègnent entièrement votre vie.


Le 28 juin, pour la première fois en Amérique latine, l’exposition « Les armes nucléaires : une menace pour notre monde » fut inaugurée en présence du président du Costa Rica et de son épouse, ainsi que de l’ancien président et lauréat du prix Nobel de la paix, Óscar Arias Sánchez, et de bien d’autres invités de marque.

L’exposition eut lieu au centre pour la Science et la Culture du Costa Rica, qui abritait également le Musée des enfants, et les voix joyeuses des enfants occupés à jouer parvenaient aux invités présents à la cérémonie d’inauguration. Shin’ichi se leva pour prendre la parole : « Le spectacle et les voix de ces jeunes, enjoués et débordant de vitalité, sont l’image même de la paix, dit-il avec un sourire. C’est là que nous pouvons puiser la force d’endiguer la marée des armes nucléaires. C’est là que nous pouvons trouver l’espoir. Les enfants sont le symbole de la vie en pleine expansion, tandis que les armes nucléaires sont le symbole de la mort et de la destruction. »

Shin’ichi parla ensuite de la nécessité de développer le pouvoir de la vie pour en faire une force qui surpasse le pouvoir des armes nucléaires, et d’élargir la solidarité des personnes ordinaires afin qu’elle l’emporte sur le développement de ces armes. C’était là, selon lui, un objectif important pour l’éducation humaniste, pour l’éducation de tous les êtres humains.

Serment 127

En 1997, l’année qui suivit son voyage en Amérique du Nord et en Amérique centrale, Shin’ichi Yamamoto se rendit à Hong Kong en février, puis il effectua son dixième voyage en Chine au mois de mai, avant d’aller en Inde en octobre. Chaque jour était une course contre le temps.

En février 1998, il se rendit aux Philippines et à Hong Kong puis, en mai, en Corée du Sud où il visita pour la première fois le siège local de la SGI.

Un an plus tard, en mai 1999, il revint pour la troisième fois en Corée du Sud, sur l’île de Jeju.

En 2000, il partit de nouveau à Hong Kong en février, puis à Singapour, en Malaisie, et de nouveau à Hong Kong, en novembre et décembre.

Le 23 novembre, il rencontra le président de Singapour, S. R. Nathan, dans sa résidence officielle. C’était un homme chaleureux, aux convictions solides.

En 1974, un groupe de quatre terroristes, dont certains se réclamaient de l’Armée rouge japonaise, tenta de faire sauter une raffinerie de pétrole à Singapour, en prenant cinq employés en otage. À l’époque, le président Nathan était le directeur de la division de la sécurité et du renseignement du ministère de la Défense. Il dirigea les négociations dans cette crise et fit preuve de lucidité et d’une détermination inébranlable jusqu’à son dénouement. Les terroristes exigeaient de se rendre au Koweït dans un avion ayant à son bord des représentants des gouvernements du Japon et de Singapour. M. Nathan se porta volontaire pour faire le voyage en avion en tant qu’otage. Finalement, l’incident s’acheva, sans qu’il y ait une seule victime.

La qualité essentielle que l’on attend d’un dirigeant est qu’il soit prêt à faire tout son possible et à prendre l’entière responsabilité en cas de crise.

Un dirigeant a-t-il pour priorité de se protéger lui-même ou de protéger son peuple, ses compatriotes ? La réponse à cette question apparaît clairement dans les moments décisifs et aussi à long terme, avec le passage du temps. Aujourd’hui, plus que jamais, le monde a besoin de dirigeants dévoués et intègres.

Lors de sa rencontre avec Shin’ichi, M. Nathan dit : « Singapour est un petit État. C’est un pays neuf, composé de divers groupes ethniques, avec différentes langues et religions. Aussi difficiles que soient les épreuves traversées par leur pays, les citoyens de Singapour avancent en ne faisant qu’un, vers un objectif commun. »

Shin’ichi perçut dans ce sens de la responsabilité, incarné par le président, l’esprit qui sous-tendait l’essor dynamique de Singapour.

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Lorsque Shin’ichi demanda au président de Singapour, M. S. R. Nathan, de bien vouloir offrir un message à la jeunesse pour le XXIe siècle, ce dernier fit les plus grands éloges des jeunes du mouvement Soka : « J’ai vu plusieurs prestations des membres de l’association Soka de Singapour lors des défilés, les jours de fête nationale. C’était vraiment sublime. J’ai également vu à l’œuvre les membres de la Soka Gakkai de Malaisie. Ces jeunes agissent tous magnifiquement avec discipline et dans l’harmonie. Ils sont vraiment attachants. J’en suis toujours stupéfait, et je me demande comment ils font pour réaliser de tels spectacles.

« De plus, ils se portent volontaires pour participer, et s’organisent par eux-mêmes. Leurs prestations incarnent les enseignements du bouddhisme. Dans la société singapourienne aussi, les qualités humaines prennent de plus en plus d’importance. En ce sens, on peut dire que la Soka Gakkai apporte de merveilleuses contributions à notre société et à notre nation. »

Les propos du président réjouirent Shin’ichi. Il était particulièrement heureux de voir combien la confiance et les attentes à l’égard de la Soka Gakkai s’étaient développées localement, et d’entendre tous ces éloges recueillis par ses jeunes successeurs.

Ressentir de la joie, du bonheur et de l’espoir en voyant l’essor des jeunes qui prendront la responsabilité de la prochaine génération – autrement dit, se réjouir de la victoire de ses disciples –, tel est le cœur du maître. Telle est la nature du lien entre maître et disciple.

Le lendemain, 24 novembre, Shin’ichi reçut le titre honorifique de docteur ès lettres de l’université de Sydney, en Australie, à l’occasion d’une cérémonie de remise des diplômes pour les étudiants étrangers de Singapour et des pays voisins, qui s’étaient inscrits dans cette université. La cérémonie se déroula dans un hôtel, au centre de Singapour.

L’université de Sydney est la plus ancienne d’Australie. Elle accueille environ 3 000 étudiants étrangers, dont beaucoup viennent de pays asiatiques, notamment de Singapour.

L’université organise des cérémonies spéciales de remise des diplômes à la fois à Singapour et à Hong Kong pour ses étudiants étrangers, par considération envers leurs familles et amis qui souhaitent y assister. Cette délicatesse et ces attentions chaleureuses traduisent bien la philosophie de cette université, qui met l’étudiant au premier plan.

L’éducation humaniste repose fondamentalement sur la conviction que les universités sont faites pour le bien des étudiants.

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Shin’ichi Yamamoto pénétra dans la salle avec la chancelière, la vice-chancelière adjointe et d’autres représentants de l’université de Sydney, au son d’une fanfare particulièrement entraînante. La cérémonie de remise des diplômes de l’université de Sydney à Singapour put alors commencer.

La chancelière, Leonie Kramer, et la vice-chancelière adjointe, Judith Kinnear, étaient deux universitaires bien connues. La chancelière était également très respectée pour ses nombreuses contributions sociales, et avait obtenu le titre honorifique de « Trésor vivant national d’Australie ».

La vice-chancelière adjointe lut la mention accompagnant le prix, et la chancelière remit elle-même le doctorat à Shin’ichi.

Puis, les diplômes furent remis aux quarante-cinq étudiants, qui se présentèrent les uns après les autres, à l’appel de leur nom. La chancelière s’adressa chaleureusement à chacun et à chacune, en remettant les diplômes : « Quel sera votre prochain défi ? » « Apportez des contributions positives à la société ! » « N’oubliez pas de savourer la vie tout en poursuivant votre marche en avant. »

Ce fut une scène émouvante, rappelant l’image d’une mère encourageant ses enfants et leur faisant part de toute son affection. Shin’ichi sentit le grand pouvoir de l’éducation, débordant d’amour et de compassion.

Dans son discours d’acceptation, il mentionna que le fondateur de l’éducation Soka, Tsunesaburo Makiguchi, avait cité l’Australie dans son livre La Géographie de la vie humaine, publié en 1903. Makiguchi utilisa l’exemple de sa veste, tissée avec de la laine importée d’Australie, pour illustrer combien nos vies sont étroitement liées au travail d’innombrables personnes du monde entier. Shin’ichi évoqua aussi la mort de Makiguchi en prison, en raison des persécutions perpétrées par les autorités militaristes du Japon pendant la Seconde Guerre mondiale.

À une époque où l’idéologie impérialiste était à son apogée, Makiguchi appela instamment les êtres humains à s’éveiller aux réalités de l’interdépendance mondiale. Il prôna une philosophie de contribution altruiste, et développa sa vision d’une coexistence créatrice et d’une prospérité commune à toute l’humanité.

« Il affirma aussi, poursuivit Shin’ichi, que l’humanité devait dépasser sa dépendance envers ce que nous pourrions appeler aujourd’hui le “pouvoir dur” (hard power), c’est-à-dire l’utilisation du pouvoir militaire, politique ou économique pour dominer les autres. En revanche, il milita pour que l’humanité aspire à un monde où le « pouvoir doux » (soft power) incarné par la culture, la spiritualité et le comportement humain, inspire des efforts communs vers l’excellence et vers des réalisations humanistes. »

Shin’ichi était convaincu que le XXIe siècle devait être une ère où, en nous appuyant sur l’humanisme et sur la considération envers autrui, nous lutterions pour une coexistence harmonieuse, qui favoriserait notre épanouissement et celui des autres.

Serment 130

Le 25 novembre, Shin’ichi Yamamoto visita le jardin d’enfants Soka de Singapour. C’était sa seconde visite dans cette école, et la première depuis qu’elle était installée sur le nouveau campus de Tampines.

Shin’ichi et son épouse, Mineko, furent accueillis par deux jeunes enfants qui leur offrirent des fleurs. Shin’ichi serra la main de tous les petits élèves, l’un après l’autre, en remerciant chacun d’eux. Certains poussaient des cris de joie, tandis que d’autres se montraient plus réservés.

« Je me réjouis de vous rencontrer, dit Shin’ichi. Hier, on m’a montré un album avec vos dessins. Ils étaient tous magnifiques ! »

En chœur, les enfants chantèrent ensuite une chanson en japonais, en se balançant de gauche à droite au rythme de la musique. Shin’ichi frappa lui aussi dans ses mains en suivant la cadence.

« Vous parlez bien japonais ! » dit-il aux enfants, radieux et débordant de fierté.

Le directeur de l’école, qui observait cet échange, déclara plus tard : « Ah ! si vous aviez vu les visages des enfants s’illuminer. Ils étaient si heureux d’être entourés de tant d’affection ! »

Des cartes comportant des messages écrits en anglais avaient été accrochées un peu partout dans l’école. On pouvait lire par exemple : « Sensei, vous créez la paix mondiale. C’est pour cela que je veux devenir pilote d’avion et emmener des gens dans tous les pays », « Sensei, vous travaillez si dur. Merci. Je vais étudier de mon mieux pour répondre à votre amour. »

Shin’ichi dit à Mineko : « Comme c’est merveilleux ! Ces enfants me donnent envie d’avancer vers le XXIe siècle ! » Il voyait l’arc-en-ciel de l’espoir s’étendre au loin, vers l’avenir.

Après le jardin d’enfants, Shin’ichi et les personnes qui l’accompagnaient se rendirent au siège de l’association Soka de Singapour. C’était sa première visite en ce lieu. Il y participa à une réunion commémorant les quarante ans du mouvement de la SGI pour le kosen rufu mondial.

Dans le discours qu’il prononça en cette occasion, Shin’ichi cita ces mots de Nichiren : « Seuls les sept caractères de Nam-myoho-renge-kyo sont la graine pour atteindre la bouddhéité. » (WND-II, 804) Puis il ajouta : « Quoi qu’il arrive, conservez votre foi dans le Gohonzon et continuez de réciter Nam-myoho-renge-kyo. Partagez simplement vos joies et vos peines avec le Gohonzon, comme vous le feriez avec une mère ou un père affectueux. Soyez profondément sincères. Le Gohonzon comprend tout. »