Volume 30 : Chapitre 2, Préparer l’ère à venir 51–60

Préparer l’ère à venir 51

À 13 h 30, la salle de réunion située au troisième étage du centre culturel de Kanagawa était pleine de visages joyeux et souriants. La réunion commune des responsables de Shikoku et de Kanagawa avait commencé.

Un responsable de Kanagawa se leva et dit, visiblement très ému : « Chers amis de Shikoku ! Bienvenue à Kanagawa ! »

« Vous nous avez beaucoup appris dans les circonstances actuelles. D’abord, vous nous avez montré l’importance d’être unis dans la foi et de joindre nos cœurs pour rechercher notre maître et réaliser notre mission pour kosen rufu. Ensuite, vous nous avez enseigné l’esprit de prendre l’initiative et d’aller courageusement de l’avant, à travers les mers déchainées, pour parvenir à un développement dynamique. »

Cela faisait presque neuf mois que Shin’ichi avait démissionné de la présidence de la Soka Gakkai. À ce moment-là, les membres de Kanagawa – en fait, les membres de tout le Japon et du monde entier – avaient senti que cette situation, où les disciples étaient tenus délibérément à l’écart de leur maître, était tout à fait anormale.

Voilà pourquoi les membres de Kanagawa étaient si inspirés et touchés par le courage et l’esprit de recherche des membres de Shikoku, qui avaient exprimé le désir de venir rencontrer leur maître.

Ce fut ensuite au tour d’un représentant de Shikoku de prendre la parole.

« J’ai entendu dire qu’hier toute la ville de Yokohama était couverte de neige, mais nous bénéficions aujourd’hui d’un temps chaud et printanier. Je sens que nous avons été protégés par les prières du président Yamamoto et de nos compagnons de pratique.

« À partir de maintenant, des groupes de membres de Shikoku viendront régulièrement à Kanagawa quand le président Yamamoto y sera, et nous vous demandons par avance de bien vouloir leur réserver un accueil chaleureux. »

Le directeur général Kazumasa Morikawa remercia les membres de Shikoku pour leurs efforts et leur engagement, puis il dit : « Un voyage sur l’océan n’est pas toujours de tout repos. Il faut parfois affronter des mers déchainées et de violentes tempêtes. Cela s’applique également à la Soka Gakkai aujourd’hui. En continuant de nous appuyer sur Daimoku et en parfaite cohésion, lançons-nous dans une nouvelle progression pleine d’espoir.

« De plus, puisque “L’année de la communauté“ est le thème de cette année, montrons la preuve factuelle de notre développement et de notre victoire autour de nous et faisons de grands pas en avant pour créer une nouvelle ère. »

L’action et la preuve factuelle sont deux éléments essentiels.

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Shin’ichi entra dans la salle où se tenait la réunion commune des responsables. Il était venu réciter Gongyo avec eux et pria pour que les membres de Shikoku en visite puissent regagner leur foyer en toute sécurité, ainsi que pour la santé et le bien-être de tous les participants et de leurs familles.

Il aperçut beaucoup de visages familiers parmi l’assistance.

Après s’être adressé à plusieurs membres en particulier, il se tourna vers le groupe des responsables des hommes de Shikoku qui étaient assis ensemble.

« Les responsables de la Soka Gakkai ne doivent pas être arrogants ni réprimander les membres, dit-il. Nous devons toujours respecter et chérir nos compagnons de pratique, qui sont les enfants du Bouddha.

« Le président Toda adressait parfois des remontrances à ses disciples, mais c’était toujours pour des raisons profondes. En voici quelques-unes :

« Premièrement, s’il se comportait parfois avec sévérité lorsqu’il entreprenait de former ses disciples pour kosen rufu, c’est parce qu’il voulait les élever au même état de vie que lui et leur confier l’avenir de notre mouvement. Sachant notamment que certains d’entre eux exerceraient un jour de grandes responsabilités, il pouvait être extrêmement strict dans les orientations qu’il leur donnait.

« Deuxièmement, il pouvait être sévère quand il voulait aider des personnes à se dresser dans la foi en remportant une victoire éclatante sur les fonctions démoniaques qui les empêchaient d’aller de l’avant.

« Certaines personnes agissent et parlent de façon impulsive sans prendre en considération les conséquences, ce qui complique leurs relations avec les autres ; d’autres adoptent des modes de pensée autodestructeurs ; d’autres encore tentent d’éviter à tout prix les difficultés. Il y en a également qui se déchargent rapidement de toute responsabilité quand un problème surgit, en prétendant n’y être pour rien. Ce type de tendances et la faiblesse, la malhonnêteté et la lâcheté qu’elles sous-tendent, représentent de graves défauts. Ce sont des fonctions démoniaques qui entravent le développement de notre foi et nous amènent à nous écarter de la voie du bonheur. Le président Toda réprimandait parfois des membres pour leur faire prendre conscience de ces défauts majeurs et pour qu’ils les surmontent.

« Troisièmement, le président Toda pouvait être sévère envers les membres qui causaient des troubles à beaucoup de personnes ou rompaient l’unité de notre mouvement pour kosen rufu, afin de mettre un terme à leurs actions, dans leur propre intérêt et dans celui des personnes susceptibles d’être affectées par leur comportement.

« Autrement dit, à chaque fois que M. Toda réprimandait quelqu’un, c’était toujours inspiré par sa profonde compassion. Réprimander les membres sans comprendre cela, essayer simplement d’imiter les actions du président Toda, est totalement inacceptable. Aucun responsable n’a le droit de se comporter ainsi. Même s’il s’agit de corriger les erreurs de quelqu’un, vous pouvez le faire en vous adressant à la personne concernée de façon calme et posée. »

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Shin’ichi interrogea certains membres sur leurs conditions de vie, et il se servit des problèmes qu’ils lui rapportaient comme d’autant d’occasions d’offrir des orientations et des encouragements sur la foi et la responsabilité.

Tous aspiraient à avoir ce type de conversation libre et ouverte avec Shin’ichi.

Puis il fut question des relations des responsables avec les membres.

« En tant que responsables, vous devez toujours respecter les souhaits des membres et veiller à ne pas les blesser ni à heurter leur sensibilité.

« Il existe bien sûr toutes sortes d’êtres humains. Tout le monde ne se contentera pas d’accepter ce que vous avez à dire. Être un responsable est un très grand défi, mais la véritable pratique bouddhique consiste à lutter avec un cœur ouvert pour inclure tout le monde et à faire de votre mieux afin d’aider les autres à devenir heureux, tout en continuant patiemment d’encourager chaque personne. Tous ces efforts et ce dévouement vous apporteront bienfaits et bonne fortune. C’est parce que nous devons constamment nous frotter les uns aux autres dans la mer de l’humanité, que nous pouvons polir notre vie et la faire briller. Si nous faisons preuve de persévérance dans notre dialogue avec les membres qui se mettent à douter de la pratique et que nous luttons avec ferveur pour les encourager, nous pourrons perfectionner notre personnalité.

« Et maintenant, récitons Gongyo ! » dit Shin’ichi en s’installant devant le Gohonzon.
Les voix du maître et des disciples récitant le Sûtra et Nam-myoho-renge-kyo en partageant le vœu commun de kosen rufu résonnèrent avec force.

À partir de 15 h 30, des dîners furent organisés, qui tenaient aussi lieu de réunions de discussion. Shin’ichi prit part à celui des hommes et des femmes, au septième étage, et écouta les comptes rendus des personnes assises à sa table. Après avoir fini leur repas, au quatrième étage, les membres de la jeunesse rejoignirent ceux du septième, et ce fut le début du spectacle.

Une chorale interpréta un chant, En quittant la province de Tosa, et un groupe de danseurs accomplit la danse d’Awa Odori, puis vinrent un certain nombre d’autres prestations musicales. Shin’ichi applaudit chaque numéro avec enthousiasme et invita les membres à passer un moment agréable.

Quand les chants et danses s’achevèrent, Shin’ichi dit : « Permettez-moi maintenant de jouer du piano pour vous. »

Il commença par interpréter Le village d’Atsuta [écrit en hommage à son maître quittant la maison familiale dans le Hokkaido].

Il joua du piano avec le souhait que les membres progressent vaillamment, stimulés par le courage et l’esprit déterminé de son maître, Josei Toda, lorsqu’il affronta seul durant sa jeunesse les tempêtes de neige du Hokkaido.

Les difficultés forgent le caractère. Celles et ceux qui affrontent avec courage les terribles tempêtes qui entravent la progression vers kosen rufu sont les plus grands héros et héroïnes.

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Shin’ichi interpréta aussi Les trois martyrs d’Atsuhara et Les fleurs de cerisier. Il jouait du piano avec, au fond du cœur, une prière. Il souhaitait que toutes les personnes présentes deviennent des croyants courageux et résolus menant des vies heureuses et aussi épanouies que les cerisiers au printemps.

Shin’ichi pensa aux audacieuses initiatives des membres de Shikoku. Dans leur cœur brûlait un grand esprit de recherche. Ils avaient affronté une mer agitée pour venir à Yokohama à ce moment précis. Leurs actions brilleraient à jamais dans les annales de kosen rufu, et leur histoire serait transmise aux futures générations. Ce qui importe, pensa-t-il, c’est le type d’actions que nous entreprenons pour progresser et parvenir à la victoire quand la Soka Gakkai est confrontée à l’adversité.

« Pour finir, dit Shin’ichi, en se tournant vers l’assistance, je vais jouer Dainanko (Le grand héros Kusunoki)1. J’espère que nous nous reverrons bientôt. » Il se retourna alors vers le piano et se mit à jouer.

Cette chanson relate l’histoire du célèbre guerrier japonais du XIVe siècle, Kusunoki Masashige, qui demande à son fils, Masatsura, de poursuivre son combat quand il ne serait plus là. Tout en écoutant la mélodie, les membres se rappelèrent le lien entre maître et disciple au sein du mouvement Soka. Ils s’engagèrent à nouveau à perpétuer l’esprit de la Soka Gakkai et à ouvrir la voie de kosen rufu, quelles que soient les circonstances. Ils firent le vœu que Shikoku ne soit jamais vaincue, mais brandisse au contraire la bannière de la victoire du mouvement Soka.

Des larmes se mirent à briller dans les yeux d’un grand nombre de ces membres dotés d’un si fervent esprit de recherche.

La réunion s’acheva par un ban en l’honneur de la Soka Gakkai de Shikoku et par de vibrants applaudissements.

« Merci ! dit Shin’ichi. Portez-vous bien ! Je vous reverrai tout à l’heure, au moment de votre départ. Adressez mes meilleures salutations à votre famille et à tous les compagnons de pratique de vos régions, qui se sont occupés de tout en votre absence. J’aimerais aussi vous demander à vous, membres de la jeunesse, de faire preuve d’égard envers vos parents ! »

La nuit était déjà tombée quand les membres de Shikoku quittèrent le centre culturel de Kanagawa.

Plus de deux cents membres de Kanagawa s’étaient rassemblés sur le quai pour assister à leur départ.

Le groupe musical interpréta de nouveau Notre terre, la chanson de la Soka Gakkai de Shikoku, tandis que les membres de Shikoku lançaient depuis le pont du bateau des serpentins multicolores.

Alors, les membres de Kanagawa entonnèrent le chant de leur préfecture Oh ! Soleil qui se lève, puis tout le monde reprit ensemble En avant vers kosen rufu et le Chant de la dignité indomptable.

Les cœurs des membres, compagnons de croyance, se mêlaient pour ne faire qu’un tandis que leurs voix s’élevaient vers les étoiles qui éclairaient le ciel nocturne.

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Dans la nuit, on entendit résonner la sirène annonçant le départ du Sunflower 7.

Les membres de Shikoku étaient tous sur le pont. Le navire s’élança paisiblement sur les flots.

Les membres de Kanagawa rassemblés sur le quai pour assister au départ de leurs compagnons de Shikoku leur adressèrent des signes de la main en criant « Au revoir ! À bientôt ! ».

Le centre culturel de Kanagawa, aux fenêtres éclairées, se dressait sur le port, tandis qu’au loin brillait la ville de Yokohama. L’instant d’après, toutes les lumières du centre s’éteignirent. Puis une multitude de petites lampes commencèrent à s’agiter aux fenêtres des deux étages supérieurs.

Une sonnerie de téléphone retentit à l’intérieur du navire. « Le Président et Mme Yamamoto sont au dernier étage du centre et agitent des lampes pour vous dire au revoir. Voyez-vous ces lumières depuis le bateau ? »

La nouvelle fut aussitôt transmise par haut-parleur aux membres de Shikoku, qui se trouvaient à bord.

Depuis le pont, tous agitèrent la main en direction du dernier étage du centre culturel. « Sensei ! criaient-ils. Shikoku fera de son mieux ! Vous n’avez pas à vous inquiéter ! Nous serons les pionniers de kosen rufu dans notre région ! »

Les yeux étaient pleins de larmes.

Shin’ichi et Mineko agitèrent leurs lampes jusqu’à ce que le bateau soit hors de vue. Ils n’entendaient pas les cris des membres tandis que le ferry s’éloignait, mais ils pouvaient percevoir leur cœur. Les signaux lumineux envoyés ce soir-là se mirent à briller dans l’esprit des membres de Shikoku. Ils symbolisaient la flamme du courage et de l’espoir que rien ne peut éteindre.

Nichiren a écrit : « Les grandes distances parcourues par ces personnes sont une indication de leur foi. » (WND-II, 1030) Celles et ceux qui ont l’esprit de recherche se développent, ressentent de la joie et éprouvent de la reconnaissance, ce qui devient en retour la puissante force motrice d’un nouveau développement.

Ce soir-là, Shin’ichi pratiqua pour que la traversée soit paisible et que tout le monde regagne son foyer en toute sécurité. Il prit aussi contact avec le bateau, tard dans la soirée, et, une nouvelle fois, demanda à tous les membres de transmettre ses plus chaleureuses salutations aux personnes qui n’avaient pas pu effectuer le voyage.

Le lendemain matin, il téléphona de nouveau pour s’assurer que le trajet se poursuivait sans heurt.

Pour lui, ses disciples étaient ses plus précieux trésors, une brillante source d’espoir pour l’avenir.

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Le 17 février 1980, environ un mois après le voyage des membres de Shikoku à bord du Sunflower 7 jusqu’au centre culturel de Kanagawa, un groupe de 86 jeunes femmes, originaires du centre régional d’Amami Oshima, à Kyushu, se rendirent au centre culturel de la Soka Gakkai de Tachikawa (à Tokyo) où se trouvait alors Shin’ichi.

L’année précédente, le 1er février 1979, Shin’ichi avait assisté à la réunion des responsables de la région de Kyushu, au centre de séminaires de Kyushu. C’était juste avant son voyage en Inde, qui devait couronner l’achèvement de la période des Sept Cloches.

Des représentants de chaque préfecture de Kyushu étaient alors présents, parmi lesquels figurait une responsable des jeunes femmes des lointaines îles Amami, notamment de l’île d’Amami Oshima, qui était la plus vaste. Lorsqu’il posa avec les membres pour une photo de groupe, Shin’ichi dit à cette représentante d’Amami : « Si vous avez des demandes, quelles qu’elles soient, transmettez-les à la responsable nationale des jeunes femmes. Elles peuvent concerner n’importe quel sujet. N’hésitez pas. J’aimerais répondre à vos demandes autant que possible. Je sais que toutes les jeunes femmes des îles Amami luttent avec ardeur dans un environnement chargé de défis. »

La représentante d’Amami demanda alors à la responsable nationale s’il serait possible d’organiser une réunion au centre Soka des jeunes femmes pour les membres de son centre régional.

Ce centre avait été inauguré dans le quartier de Shinanomachi, à Tokyo, en décembre 19772. Depuis, les jeunes femmes de tout le pays aspiraient à s’y rendre.

Lorsque cette demande lui fut transmise, Shin’ichi donna une réponse positive.

Les jeunes femmes d’Amami firent alors le vœu de renforcer leurs efforts pour transmettre le bouddhisme de Nichiren dans leur environnement, avant de se réunir à Tokyo autour de leur maître et dirigeant de kosen rufu, le président Yamamoto.

Les moines de la Nichiren Shoshu poursuivaient leurs attaques malveillantes contre la Soka Gakkai. Mais les membres du département des jeunes femmes d’Amami brandirent la bannière de la justice et défendirent l’intégrité de la Soka Gakkai, en luttant avec beaucoup de passion pour présenter à d’autres leur pratique bouddhique. Puis, moins de trois mois après avoir rencontré la responsable des jeunes femmes d’Amami au centre de séminaires de Kyushu, Shin’ichi démissionna de la présidence de la Soka Gakkai.

Ce fut comme si le Soleil avait brusquement disparu derrière les nuages. Cependant, les jeunes femmes refusèrent de se laisser décourager. Elles se dirent entre elles : « Le temps est maintenant venu de rassurer Sensei en remportant une grande victoire dans nos efforts de transmission du bouddhisme. »

L’adversité est un élément essentiel, qui permet de révéler la véritable valeur d’une personne.

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Par le passé, des membres de la Soka Gakkai qui habitaient dans certaines parties d’Amami Oshima avaient subi d’intenses persécutions3. Il y avait des villages où des notables locaux leur avaient confisqué leur Gohonzon, avaient chassé les membres de leur lieu de travail et pris des mesures sévères contre eux. Des commerçants avaient refusé de leur vendre des denrées nécessaires à la vie quotidienne. Des villageois allèrent même jusqu’à former des cortèges de voitures pour protester contre la présence de la Soka Gakkai.

Depuis leur enfance, beaucoup de membres du département des jeunes femmes d’Amami avaient été les témoins des efforts sincères de leurs parents pour faire connaître le bouddhisme de Nichiren autour d’eux. Elles les virent persévérer dans un contexte aussi hostile, en retenant des larmes de frustration, motivés par un sincère désir d’être heureux et d’aider les autres à l’être aussi.

Tel fut le cas de la responsable des jeunes femmes du centre régional d’Amami Oshima, Rei Osada.

Alors que Rei n’avait que 1 an, son père était mort à la suite d’un accident de bateau, et sa mère dut l’élever seule avec sa sœur ainée. Malgré sa mauvaise santé, sa mère exerça le métier de couturière pour subvenir aux besoins de la famille, mais elle vivait avec ses filles dans une grande pauvreté.

La famille adhéra à la Soka Gakkai en 1958. La mère de Rei s’engagea avec ferveur dans les activités, convaincue que la pratique du bouddhisme de Nichiren était le seul moyen pour ses deux filles et pour elle-même de transformer leur karma et de devenir heureuses.

Jour après jour, elle renouvela ses objectifs et retrouva l’espoir. Sa santé s’améliora également et elle acquit peu à peu une forte conviction dans le pouvoir de la foi. C’était auparavant quelqu’un d’assez discret, mais elle se mit alors à emmener Rei, qui était encore à l’école primaire, dans ses activités pour partager le bouddhisme avec d’autres. Comme elles habitaient dans un village aux coutumes et aux traditions profondément enracinées, elles étaient invariablement accueillies avec mépris, on les tournait en ridicule et on les insultait, mais sa mère ne renonça jamais.

Elle déclarait avec détermination : « La foi enseignée par la Soka Gakkai est tout à fait correcte. Si vous la mettez en pratique, vous deviendrez à coup sûr heureux. »

En voyant sa mère travailler avec tant d’ardeur pour le bonheur des autres, Rei eut le sentiment qu’elle avait vraiment sous les yeux un exemple de force et de grandeur humaines.

Quand Rei eut 11 ou 12 ans, sa mère tomba malade, avec une forte fièvre – au point que la glace qu’elle plaçait sur son front se mettait à fondre rapidement. Rei veilla sur elle pendant la nuit.

Sur son lit, sa mère ne cessait de lui répéter : « S’il devait m’arriver quoi que ce soit, ne quitte jamais la Soka Gakkai. Tu ne dois jamais te séparer du Gohonzon. »

Ces paroles firent forte impression sur le cœur de la jeune Rei. Finalement, sa mère put se rétablir et elle reprit ses activités au sein de la Soka Gakkai. Elle obtint davantage de travaux de couture et la vie de la famille devint plus stable et plus sûre.

Expérimenter le bienfait de la pratique bouddhique entretient la conviction et nous permet de renforcer davantage notre foi.

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Au moment où les moines intensifiaient leurs critiques contre la Soka Gakkai, l’épouse du supérieur du temple local de la Nichiren Shoshu convoqua Rei Osada. Elle se mit à calomnier l’organisation laïque devant la jeune femme et la pressa de choisir entre la Nichiren Shoshu et la Soka Gakkai.

« La Soka Gakkai nous a enseigné la foi dans le bouddhisme de Nichiren, répondit fermement Rei. Le président Yamamoto et la Soka Gakkai nous ont encouragés et soutenus. Pas les moines ! »

Rien ne pouvait ébranler l’esprit invincible des membres d’Amami, perpétué par la jeune génération.

La démission de Shin’ichi de la présidence de la Soka Gakkai fut un terrible choc pour les jeunes femmes d’Amami.

« Remportons la victoire avant d’aller au centre des jeunes femmes de Tokyo et d’y rencontrer notre maître, le président Yamamoto ! » lança Rei.

Elle voyagea d’île en île pour encourager ses compagnes du département des jeunes femmes. La zone correspondant à sa responsabilité était très étendue. Elle comportait huit îles habitées, dont Amami Oshima, où elle vivait, qui était la plus grande. Depuis Amami Oshima, il fallait respectivement trois heures, cinq heures et demie et sept heures pour se rendre en bateau sur les îles de Tokunoshima, Okinoerabujima et Yoronjima. Sur ces îles, les responsables des jeunes femmes, animées par leur désir passionné de réaliser le vœu de kosen rufu, s’efforcèrent d’étendre leur réseau d’espoir et de justice.

Aucune distance ne pouvait séparer le cœur du maître et des disciples qui se consacrent à faire avancer kosen rufu. Ni les vastes océans, ni les immenses montagnes ne pouvaient s’interposer entre eux. En fait, la distance ne faisait que renforcer et approfondir leurs liens.

Dans l’après-midi du 17 février 1980, un important groupe de jeunes femmes du centre régional d’Amami Oshima arriva à bord de deux cars au centre culturel de Tachikawa, à Tokyo, où se trouvait Shin’ichi. Il y avait au total 86 membres venus d’Amami Oshima et des îles de Kakeromajima, Tokunoshima et Okinoerabujima.

Toutes ces jeunes femmes étaient venues à Tokyo en ayant remporté une victoire sans précédent dans leurs efforts pour partager le bouddhisme de Nichiren autour d’elles. Leurs visages étaient rayonnants et joyeux.

Les personnes qui luttent le plus sont magnifiques. Leur vie déborde de joie.

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Les jeunes femmes partirent du port de Naze, sur l’île d’Amami Oshima, après 21 heures, le 15 février. Le ciel nocturne était plein d’étoiles scintillantes qui semblaient leur sourire.

Après un voyage en ferry de onze heures, elles arrivèrent à Kagoshima (sur l’île de Kyushu), le matin du 16 février et, de là, prirent un avion pour Tokyo.

Il était plus de 13 heures lorsque leur avion atterrit à l’aéroport d’Haneda. Elles se rendirent alors dans l’arrondissement d’Edogawa, dont l’organisation locale avait noué des liens étroits avec celle d’Amami. Elles participèrent à une réunion d’accueil et à un séminaire organisé par les jeunes femmes de cet arrondissement.

Enfin, ce soir-là, elles se retrouvèrent devant le centre Soka des jeunes femmes (dans le quartier de Shinanomachi, à Tokyo), qu’elles aspiraient toutes à visiter.

Il ne faisait alors que 2 °C, si bien que leur souffle formait des halos de fumée dans l’air froid. Venant d’Amami où la température moyenne en février était supérieure à 15 °C, les jeunes femmes n’avaient jamais connu un tel froid. Mais leurs cœurs étaient rayonnants.

Quand Shin’ichi avait été informé que ce groupe était parti d’Amami Oshima, il avait récité Nam-myoho-renge-kyo en priant pour que tout le monde arrive en toute sécurité. Il donna aussi des instructions afin que soit servie une soupe de haricots rouges sucrée, sachant que ces jeunes femmes n’étaient pas habituées au froid de Tokyo.

Elles poussèrent des acclamations joyeuses lorsque, au centre Soka des jeunes femmes, on leur servit la soupe que Shin’ichi avait prévue pour elles, et elles la dégustèrent avec reconnaissance.

Ensuite, elles récitèrent toutes ensemble Gongyo avec Yuko Machino, nommée responsable nationale du département des jeunes femmes en mai de l’année précédente (1979). Elles savourèrent la joie de « la victoire de la jeunesse » qu’elles avaient fait jaillir en accomplissant leur vœu. Le président de la Soka Gakkai, Kiyoshi Jujo, leur fit part des grands espoirs que Shin’ichi plaçait dans les membres d’Amami, et elles ressentirent un profond enthousiasme, à la perspective de rencontrer leur maître.

Le lendemain, 17 février, elles visitèrent le matin le siège de la Soka Gakkai et celui du journal Seikyo puis, l’après-midi, elles montèrent à bord de deux cars affrétés pour l’occasion afin d’aller rencontrer Shin’ichi au centre culturel de Tachikawa, à Tachikawa, dans l’agglomération de Tokyo.

Shin’ichi attendait avec impatience leur arrivée. « Les membres du département des jeunes femmes d’Amami ne sont-elles pas encore là ? » demanda-t-il à maintes reprises aux responsables qui l’entouraient.

Quand il pensait aux efforts passionnés accomplis par ces jeunes femmes dans les lointaines îles Amami, malgré le manque de moyens de transport, quand il imaginait leur marche nocturne sur des routes non éclairées où il fallait se méfier de la présence possible de serpents venimeux – tout cela pour encourager leurs amies pratiquantes et s’engager dans des dialogues sur le bouddhisme –, Shin’ichi ne pouvait qu’aspirer à les encourager personnellement.

Des données comme l’âge ou la position sociale n’ont aucune importance en matière de croyance. Il n’y a pas de plus précieux trésors que les personnes qui luttent fermement pour réaliser kosen rufu et ouvrir la porte à un meilleur avenir. Telle était la conviction de Shin’ichi.

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Shin’ichi accueillit les jeunes femmes d’Amami dans le hall d’entrée du centre culturel de Tachikawa.

« Bienvenue ! Merci d’être venues jusqu’ici ! Je vous en prie, détendez-vous maintenant et prenez du repos !

« J’espère que vos parents vont bien. Je n’ai pas oublié les membres d’Amami, qui ont ouvert la voie de kosen rufu dans leur environnement malgré de grands obstacles et défis. À votre retour, veuillez transmettre à tous mes plus chaleureuses salutations.

« Vous bénéficiez toutes d’une grande bonne fortune. Les pionniers de notre mouvement ont lutté contre les persécutions et fait tout leur possible pour établir les solides fondations de la Soka Gakkai. Et, sur ces fondations qu’ils ont établies, vous pouvez maintenant participer librement et joyeusement aux activités de notre organisation. Vous ne devez jamais oublier les immenses efforts et le difficile travail de vos parents et d’autres membres pionniers. »

Shin’ichi remarqua alors la présence d’une jeune femme dans une chaise roulante et se dirigea vers elle. « Merci d’être venue ! Je vous attendais ! »

C’était une membre de l’île de Tokunoshima, atteinte de paralysie cérébrale, qui pouvait difficilement marcher ou parler à cause de ce problème de santé. Elle prit cependant la décision de venir au centre Soka des jeunes femmes à Tokyo avec les autres membres, afin d’y rencontrer le président Yamamoto et de renouveler son vœu pour kosen rufu, et pria avec ardeur pour que cela soit possible.

Après avoir pris la décision de se rendre à Tokyo, elle fit régulièrement des exercices afin d’améliorer sa capacité à parler et à marcher. Et elle progressa au point de pouvoir marcher lentement, sans aucune aide.

« Tout ira bien maintenant, dit Shin’ichi d’un ton vigoureux. Il est certain que vous deviendrez heureuse. »

La maladie n’est pas une cause de malheur. Même si nous sommes malades, nous devons avoir de l’espoir, faire jaillir notre combativité et ne pas céder à la défaite.

La jeune femme était déterminée à accomplir sa mission pour kosen rufu, en refusant de se laisser entraver par son handicap. Avec cette attitude, elle avait déjà remporté une victoire éclatante sur elle-même.

La foi dans la Loi merveilleuse nous donne la force de nous dresser face à n’importe quel défi. Si nous demeurons fermes dans notre foi, nous sommes assurés d’obtenir une brillante rétribution positive, sous forme de victoire et de bonheur. C’est pour cela que Shin’ichi dit à la jeune femme qu’il était tout à fait certain qu’elle deviendrait heureuse.

Elle regarda Shin’ichi, les larmes aux yeux, et acquiesça d’un air déterminé.

Par la suite, cette jeune femme se maria, devint mère de famille et, avec son mari, mena une vie véritablement heureuse.

  • *1Les paroles de la chanson Les feuilles vertes de Sakurai, généralement connue sous le titre Dainanko (le grand héros Kusunoki) furent composées par le célèbre poète et spécialiste de littérature japonaise Naobumi Ochiai (1861-1903). Elles décrivent de façon poignante la séparation entre le brillant stratège militaire du XIVe siècle, Kusunoki Masashige (mort en 1336), et son fils, Masatsura. Lorsque le père part pour la bataille, son jeune fils déclare qu’il va l’accompagner et qu’il est prêt à mourir à ses côtés. Mais le père demande à son fils de rester à l’arrière pour continuer de vivre en perpétuant ses aspirations. La chanson Dainanko est souvent interprétée dans la Soka Gakkai pour exprimer l’esprit d’unité du maître et du disciple.
  • *2Un nouveau centre des jeunes femmes a été depuis construit à un autre emplacement, à Shinanomachi. Il a été inauguré le 3 mai 2006.
  • *3Cette histoire est relatée de façon détaillée dans le chapitre 3, « Une citadelle éclatante », du volume 13 de La Nouvelle Révolution humaine.