Volume 30 : Chapitre 2, Préparer l’ère à venir 31–40
Préparer l’ère à venir 31
Shin’ichi ajouta : « Il n’est pas exagéré de dire qu’il existe autant d’opinions que d’individus. Il est donc d’autant plus naturel que des personnes de générations différentes aient des points de vue divergents.
« Quand il s’agit d’organiser une réunion de discussion, par exemple, certains souhaitent qu’elle ait lieu le soir en semaine, tandis que d’autres préfèrent le week-end. Il est en effet plus facile pour certains qu’elle se déroule le dimanche matin ou après-midi, alors que d’autres préféreront un matin ou un après-midi de semaine. Cependant, il faut prendre une décision, ce qui revient à choisir le jour et l’heure qui conviennent à la majorité des participants.
« Une fois la décision prise, après en avoir discuté ensemble, il est important de s’unir et de déployer les plus grands efforts possibles afin de garantir le succès de la réunion, même si vous n’avez pas eu gain de cause.
« Celles et ceux qui organisent la réunion de discussion doivent aussi penser aux membres qui ne pourront pas y assister, et trouver des solutions pour les soutenir – prévoir peut-être d’autres réunions en plus petits groupes à d’autres dates, ou occasionnellement changer la date de la réunion de discussion – afin que chaque membre puisse s’engager joyeusement dans la foi et la pratique.
« En plus des réunions de discussion, les membres ont aussi sans doute des avis différents sur la manière de mener les activités ou sur d’autres aspects de notre mouvement. Il n’existe aucune règle ou comportement parfait dans ce domaine. Il y a toujours du pour et du contre. Quand un problème apparaît, tout le monde devrait chercher un moyen de le résoudre ou d’en atténuer les conséquences. La clé consiste à rester souples, ouverts d’esprit et à agir ensemble. »
Les jeunes hommes écoutaient attentivement. Shin’ichi regarda chacun d’eux et souligna : « Rappelez-vous que le plus important dans les activités est de ne pas céder au découragement, ni d’être troublés ou d’éprouver de la rancune quand les autres ne se rangent pas à votre avis. Non seulement cela nuirait à votre propre foi, mais cela contribuerait aussi à fragiliser notre mouvement de kosen rufu.
« Il y a beaucoup d’organisations et de groupes religieux qui ont connu des scissions en raison de conflits et de ressentiment nés d’opinions et d’idées divergentes sur la manière de mener leurs activités. Mais la Soka Gakkai ne doit jamais tomber dans ce travers ! »
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« Aujourd’hui, en pensant à l’avenir, poursuivit Shin’ichi, j’aimerais partager avec vous ce qui est essentiel pour faire avancer kosen rufu. Il s’agit de forger une unité inébranlable selon le principe de “différents par le corps, un en esprit”.
« Nichiren écrit :
« “Tous les disciples de Nichiren, moines et laïcs, devraient réciter Nam-myoho-renge-kyo avec la conscience d’être ‘différents par le corps, un en esprit’, en transcendant toute différence entre eux jusqu’à devenir aussi inséparables que les poissons et l’eau dans laquelle ils nagent. Ce lien spirituel est la base de l’héritage de la Loi ultime de la vie et de la mort. Ici réside le vrai but de la propagation du message de Nichiren. Avec une telle unité, même le grand désir d’une vaste diffusion [le grand vœu de kosen rufu] peut être réalisé.” (Écrits, 218)
« Ici, Nichiren énonce le principe essentiel que tous ses disciples – en d’autres termes, nous qui nous consacrons à kosen rufu – devraient prendre à cœur.
« Tout d’abord, il écrit “en transcendant toute différence entre eux”. Autrement dit, il nous invite à bannir toute tendance à laisser nos différences nous diviser ou créer des discriminations entre nous.
« Les êtres humains sont différents sur bien des plans – par la nationalité, les origines ethniques, la culture, les coutumes, le statut social, la fonction, l’âge ou le milieu ; et aussi par leurs conceptions et sensibilités. Nous devons transcender ces différences et toujours revenir au point essentiel : nous sommes tous des compagnons dans la foi et des bodhisattvas surgis de la Terre.
« Nichiren écrit ensuite que nous devrions “devenir aussi inséparables que les poissons et l’eau dans laquelle ils nagent”. Cela signifie prendre conscience qu’un lien étroit nous unit et que nous sommes inséparables, en tant qu’amis pratiquants du bouddhisme de Nichiren. Nous devons nous respecter et nous soutenir mutuellement à partir de cette prise de conscience.
« Permettre qu’une inimitié personnelle à l’égard d’un responsable nous empêche de pratiquer au sein de notre organisation locale ou de prendre part aux activités est contraire à ces paroles d’or de Nichiren. C’est aussi le signe que nous sommes vaincus par notre propre négativité et par notre égoïsme.
« Ce n’est pas du tout une coïncidence si nous pratiquons le bouddhisme de Nichiren ensemble, à notre époque. Unis par des liens profonds depuis le passé extrêmement lointain, nous sommes apparus en cette ère troublée de l’époque de la Fin de la Loi pour accomplir le serment que nous avons fait il y a très longtemps.
« Quand nous nous éveillons personnellement au fait que nous sommes ici aujourd’hui en raison de cette relation karmique, nous établissons des liens profonds et créons une force motrice puissante pour kosen rufu. »
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Shin’ichi poursuivit : « Pour finir, Nichiren écrit : “avec l’esprit d’être différents par le corps, un en esprit” (Écrits, 218). “Différents par le corps” [que l’on pourrait aussi traduire par « diversité »] signifie respecter la personnalité et les qualités uniques de chaque personne, tandis que “un en esprit” veut dire s’unir par le cœur et l’esprit autour d’une cause commune : kosen rufu.
« Les murs des vieux châteaux japonais, par exemple, sont construits avec des pierres de formes et de tailles variées ; ce sont ces différences qui permettent aux pierres de s’imbriquer et de se soutenir mutuellement et d’avoir ainsi des murs solides.
« Le principe de “différents par le corps, un en esprit” crée non seulement la forme d’unité la plus forte, mais permet également à chacune et chacun de nous de tirer le meilleur de son potentiel et de manifester pleinement ses talents et capacités.
« Nichiren écrit aussi que réciter Nam-myoho-renge-kyo avec une foi fondée sur le principe de “différents par le corps, un en esprit” est la “base de l’héritage de la Loi ultime de la vie et de la mort” (Écrits, 218). C’est ainsi que se transmet la loi la plus profonde, la Loi de la vie du Bouddha, à tous les êtres vivants. Nichiren déclare ici que ses propres efforts pour propager la Loi merveilleuse reposent sur ce principe d’unité. Et s’entraîner soi-même dans la pratique bouddhique avec cet esprit est crucial pour accomplir le grand vœu de kosen rufu.
« Être troublé par des différences d’opinion et en vouloir aux autres équivaut à confondre la fin et les moyens. Avancer avec la détermination de s’unir et d’agir ensemble pour kosen rufu, quoi qu’il arrive – aller de l’avant avec une foi fondée sur le principe de “différents par le corps, un en esprit” –, telle est notre ligne de conduite immuable. C’est la règle d’or de la Soka Gakkai.
« “Mais, s’il se trouve des disciples de Nichiren pour perturber l’unité de ‘différents par le corps, un en esprit’, ils seront comme des guerriers détruisant leur propre château de l’intérieur”, poursuit Nichiren (Écrits, 218).
« La plus grande offense, en bouddhisme, est de troubler ou de détruire de l’intérieur l’unité illustrée par le principe de “différents par le corps, un en esprit”, nécessaire pour réaliser kosen rufu. C’est comme si, tout en luttant ardemment pour kosen rufu, ceux qui combattent à nos côtés mettaient le feu à notre château commun et nous menaçaient avec des armes. Ceux qui sapent cette unité, quelles que soient les raisons invoquées pour justifier leurs actions, accomplissent l’œuvre du roi-démon du sixième ciel. »
Un responsable des étudiants prit alors la parole : « Il y a de nombreux aînés dans la foi qui ont fait beaucoup d’efforts en tant que responsables et qui ont conservé une pratique solide jusqu’à la fin, mais il y en a aussi quelques-uns qui ont arrêté de pratiquer et se sont retournés contre l’organisation. Comment expliquer une telle différence ? »
« En fin de compte, répondit Shin’ichi, tout dépend de la motivation profonde de chacune et chacun : notre véritable objectif est-il de réaliser kosen rufu ou de satisfaire avant tout nos intérêts personnels ? »
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Les jeunes hochèrent la tête en signe d’approbation.
« C’est vrai ! dit le responsable des étudiants qui avait posé la question. Quand je me souviens des personnes que je trouvais brillantes et talentueuses et qui, plus tard, ont arrêté de pratiquer, il apparaît clairement qu’elles étaient toutes égocentriques. Elles cherchaient à être au centre de l’attention et rechignaient à collaborer avec les autres ou à s’unir en esprit avec leurs aînés dans la foi. Finalement, je me rends compte qu’elles étaient arrogantes. Certaines ont causé des problèmes en raison de leur conduite incorrecte, sur le plan sexuel ou financier. »
Shin’ichi sentit que ce jeune homme était d’une grande perspicacité.
« Ce que vous dites est vrai. J’ai moi aussi été témoin de nombreux exemples de ce type. C’est très regrettable.
« Quand les gens deviennent égocentriques, ils ne s’appuient plus sur les écrits de Nichiren ou sur les orientations de la Soka Gakkai, et ne font plus de la cohésion selon le principe de “différents par le corps, un en esprit” leur priorité. Ils oublient le comportement essentiel en bouddhisme, qui consiste à regarder en soi-même et à se remettre en question.
« En laissant ainsi leur esprit devenir le maître1, ils ne contrôlent plus leur vie. Guidés par l’avidité et par leurs propres intérêts, ils recherchent aveuglément la renommée et la richesse, et tout ce qui leur permet de satisfaire leurs objectifs égoïstes. Ils créent par là même de la confusion autour d’eux et provoquent des problèmes graves de toutes sortes. Ils perdent la confiance de tous et, en fin de compte, ne parviennent plus à rester dans le monde pur de la Soka Gakkai. Telles sont les caractéristiques des personnes qui arrêtent la pratique et se retournent contre l’organisation.
« Durant son exil sur l’île de Sado, Nichiren déclara que ce ne sont pas les ennemis extérieurs qui peuvent détruire le bouddhisme, mais plutôt “les vers issus du corps d’un lion” – c’est-à-dire les ennemis dans les rangs mêmes des disciples du Bouddha2. Nous ne devons jamais oublier cela lorsque nous luttons pour kosen rufu. Ce type d’événements se reproduira certainement dans l’avenir. À ce moment-là, les disciples authentiques seront ceux qui se dresseront sans hésiter pour lutter contre ces ennemis. »
Comme pour confirmer le bien-fondé des paroles de Shin’ichi, un avocat corrompu et ses acolytes, qui manœuvraient secrètement avec des membres du clergé de la Nichiren Shoshu pour tenter de prendre le contrôle de la Soka Gakkai, allaient bientôt faire tomber leur masque et révéler leur vraie nature.
Dans ses Orientations pour la jeunesse, le deuxième président, Josei Toda, enjoignit ses disciples à ne pas laisser les personnes qui se sont retournées contre la Soka Gakkai ralentir leur progression.
Le réseau des membres de la Soka Gakkai est un rassemblement de lions, où chacune et chacun a fait le serment de réaliser kosen rufu et d’affronter les vents rudes de l’adversité.
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Shin’ichi était heureux de pouvoir parler librement avec des jeunes.
Désireux de leur transmettre ses grands espoirs pour l’avenir, il leur dit : « Les jeunes ont la mission importante de porter notre mouvement, en tant que successeurs de la Soka Gakkai.
« C’est pour cela que le président Toda déployait tant d’efforts pour entraîner et soutenir les jeunes. Il était particulièrement strict avec moi. Il est arrivé qu’il me réprimande sévèrement devant de nombreuses personnes. Il me considérait souvent comme responsable, même si c’était quelqu’un d’autre qui avait commis l’erreur. Quand il enseignait à tous la nature rigoureuse de la voie de maître et disciple dans notre lutte pour kosen rufu, il s’adressait plus particulièrement à moi.
« Son entraînement ressemblait à l’amour rigoureux du lion qui envoie ses lionceaux dans un ravin pour tester leur force de caractère4. M. Toda essayait de m’entraîner de la même manière pour que je devienne moi aussi un lion, capable d’être son véritable successeur.
« J’ai également donné des orientations strictes aux principaux responsables de notre mouvement parce qu’ils ont un rôle crucial, celui d’endosser toutes les responsabilités au sein de la Soka Gakkai à l’époque actuelle et dans l’avenir.
« Les responsables de la Soka Gakkai doivent toujours rester extrêmement vigilants. Ils doivent avoir la force de remporter la victoire absolue, quoi qu’il arrive. Je veux qu’ils se développent davantage et deviennent des responsables remarquables. C’est pourquoi, puisque je suis leur maître dans cette existence consacrée à kosen rufu, je continuerai de leur parler avec fermeté. Agir de la sorte est l’expression même de la bienveillance.
« Un maître est strict avec ses véritables disciples. J’ai atteint l’âge où je comprends bien ce que M. Toda ressentait.
« De nombreuses personnes connaissaient M. Toda et ont bénéficié de ses encouragements, mais je suis le seul qui l’ai servi avec un dévouement total. J’ai hérité de sa vision et ouvert la voie de kosen rufu, comme il l’a décrite. C’est pourquoi j’ose dire que je connais la Soka Gakkai et la réalité de M. Toda mieux que quiconque. C’est aussi pour cela que j’écris mon roman La Révolution humaine – afin que les membres du monde entier et ceux des générations futures qui prendront le relais de kosen rufu puissent avancer sans hésiter sur la voie de maître et disciple au sein du mouvement Soka.
« Je souhaite que vous releviez toujours avec audace de nouveaux défis pour vous améliorer et vous développer. Allez de l’avant, ensemble, en accordant par-dessus tout la plus grande valeur à l’unité, et créez la Soka Gakkai du XXIe siècle ! »
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Jour après jour, Shin’ichi poursuivait infatigablement ses efforts pour encourager les autres, se tourner vers les membres et toucher leur cœur. C’était une lutte spirituelle intense, qu’il engageait par des dialogues visant à ouvrir de nouveaux horizons à la Soka Gakkai dans la lutte pour kosen rufu.
L’année 1979, particulièrement mouvementée, entrait maintenant dans son dernier mois, où de nombreuses activités étaient prévues.
Dans l’après-midi du 26 décembre, Shin’ichi se rendit au centre culturel d’Arakawa, à Tokyo. Puis, dans la soirée, il participa à la troisième réunion générale des Fifres et Tambours dans la salle municipale d’Arakawa. Avant le début de la réunion, il souhaita rencontrer et encourager les jeunes femmes du groupe de musique ainsi que les membres locaux qui s’étaient rassemblés dans le centre.
Shin’ichi nourrissait de grands espoirs pour l’arrondissement d’Arakawa, qu’il affectionnait particulièrement.
En août 1957, un mois après son arrestation et sa détention à Osaka par les autorités, qui l’avaient accusé à tort d’avoir enfreint les lois électorales, Shin’ichi avait déployé des efforts considérables afin de développer kosen rufu dans cet arrondissement.
Pour avoir lutté contre l’oppression des autorités pendant son incarcération, il sentait profondément que la seule manière de se dresser contre une telle injustice consistait à s’unir et à renforcer le pouvoir des personnes ordinaires. Il prit donc la décision de remporter toute une série de victoires pour kosen rufu dans l’arrondissement d’Arakawa, un lieu où l’esprit d’une grande humanité des vieux quartiers populaires de Tokyo demeurait très vivant.
Shin’ichi attachait la plus grande importance à l’individu. C’est pourquoi il ne ménagea pas ses efforts pour encourager tous ceux qu’il rencontrait. Grâce à ses efforts passionnés et sincères, une personne courageuse, puis une autre apparurent – chacune étant dotée de la force de mille personnes.
Arakawa est un petit arrondissement, mais une victoire fondée sur l’unité pouvait permettre d’y réaliser une percée, qui ouvrirait la voie d’une grande victoire pour toute la ville de Tokyo, ce qui ne manquerait pas d’inspirer les membres de l’ensemble du pays et du monde entier.
Avant de commencer ses activités à Arakawa, qui devaient durer environ une semaine, Shin’ichi s’était fixé un objectif précis : augmenter de plus de dix pour cent le nombre de familles pratiquantes dans l’arrondissement.
Bien qu’il s’agisse d’un défi extrêmement difficile, si les membres le relevaient avec succès, cette victoire deviendrait une source de fierté et de confiance pour eux et une marque d’honneur et de bonne fortune qui ornerait éternellement la vie de chaque personne.
Nichiren écrit : « C’est seulement lorsqu’il triomphe d’un puissant ennemi que se révèle la force d’un homme. » (Écrits, 305) Shin’ichi souhaitait que les membres d’Arakawa surmontent chaque difficulté pour établir la tradition des intrépides « champions de Tokyo ».
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Shin’ichi Yamamoto arriva au centre culturel d’Arakawa pour réciter Gongyo avec les membres du groupe Fifres et Tambours et les membres locaux présents. Il pria profondément pour le grand succès de la réunion générale de ce groupe et pour le développement et le bonheur des jeunes femmes qui en faisaient partie.
Il s’ensuivit une réunion informelle avec les représentants d’Arakawa, au cours de laquelle Shin’ichi écouta les comptes rendus sur le déroulement des activités. Lorsqu’il fut question de sa visite d’encouragements à Arakawa, en août 1957, Shin’ichi dit : « Durant cette campagne, aux côtés des membres pionniers, j’ai volontairement décidé de relever un difficile défi : créer ensemble avec eux l’histoire des “champions d’Arakawa”. Grâce à nos efforts communs, nous avons réussi à graver profondément dans nos vies la grande conviction que “c’est en franchissant le sommet des difficultés pour kosen rufu que nous goûterons la joie et l’exaltation de la victoire et établirons un état de bonheur indestructible”.
« Plus de vingt ans se sont écoulés depuis. À partir de cette tradition, j’aimerais demander à chacune et chacun de vous de créer l’histoire de nouvelles victoires et de la transmettre à la prochaine génération.
« Mais nous ne pourrons ni créer ni maintenir la tradition des victoires dans notre mouvement pour kosen rufu, en répétant simplement ce qui a déjà été fait. En effet, l’époque et la société sont en perpétuelle évolution. Par conséquent, vous devriez développer constamment de nouvelles idées et lutter sans cesse pour relever de nouveaux défis. En définitive, c’est le fait de remporter des victoires, les unes après les autres, qui créent de nouvelles traditions. En d’autres termes, c’est “le cœur ou l’esprit de lutter” que vous devez transmettre. »
L’esprit de lutter pour kosen rufu est un héritage qui ne peut pas se transmettre seulement par les mots. Il se transmet aussi d’aîné à cadet, d’une personne à une autre par le partage des expériences et un processus d’inspiration mutuelle tandis que nous luttons ensemble dans les activités de la Soka Gakkai.
« Je souhaite désormais que chaque membre d’Arakawa, sans exception, devienne un Shin’ichi Yamamoto et lutte de toute ses forces, poursuivit Shin’ichi en exprimant ses plus profondes aspirations. Si nous pouvons établir, ne serait-ce qu’au sein d’un seul arrondissement, une tradition de victoires qui se poursuive indéfiniment dans l’avenir, la Soka Gakkai s’épanouira éternellement parce que tout le monde tirera des leçons de cet exemple. N’oubliez pas qu’Arakawa détient cette grande mission.
« En ce moment, je ne peux pas assister librement aux réunions ni offrir des encouragements. Cependant, en raison même de cette situation, je vous demande de vous dresser par vous-mêmes et d’agir. En remportant la victoire dans tous les domaines, je veux que vous montriez que la Soka Gakkai est aussi solide qu’un rocher. »
Dans les yeux des membres brillait une grande détermination.
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À 18 h 30, Shin’ichi quitta le centre culturel d’Arakawa pour se rendre à la salle municipale où le groupe des Fifres et Tambours tenait sa réunion générale.
Alors qu’il montait dans la voiture, un responsable qui l’accompagnait lui dit : « La rivière Sumida est à environ deux cents mètres d’ici et, de l’autre côté, se trouve l’arrondissement d’Adachi. »
« Tiens, Adachi… dit Shin’ichi. Si c’est possible, j’aimerais beaucoup y aller aussi pour encourager les membres.
« L’autre jour, j’ai reçu une lettre d’une pratiquante du département des femmes d’Adachi, et je suis certain qu’elle exprime ce que ressentent de nombreuses personnes de cet arrondissement.
« Elle explique que, depuis ma démission de la présidence, elle éprouve une grande tristesse et beaucoup de peine. De plus, les magazines à scandale ne cessent de publier des histoires négatives et infondées sur la Soka Gakkai, auxquelles certains de ses amis non pratiquants accordent du crédit, et ils s’en servent pour critiquer notre organisation. Une telle injustice la met en colère et éveille en elle une grande frustration, mais elle refuse d’être vaincue et veut faire tout son possible pour aider les gens à avoir une compréhension juste de la Soka Gakkai et de mes actions.
« Voilà ce qu’elle a écrit. Cette femme possède vraiment la combativité des champions invincibles d’Adachi. J’en suis profondément touché.
« Les membres déploient beaucoup d’efforts et font preuve de beaucoup de persévérance et de patience. Je les admire vraiment. Je souhaite que tous, sans exception, deviennent heureux. C’est, après tout, la finalité de notre pratique bouddhique et des activités de la Soka Gakkai.
« C’est pourquoi j’aimerais que, dans des moments aussi éprouvants, les membres se mobilisent et luttent pour que s’épanouissent dans le jardin de kosen rufu les fleurs de la victoire et les fruits magnifiques du bonheur.
« Merci de transmettre aux membres de l’arrondissement d’Adachi ce message de ma part : “Je prie pour vous chaque jour. Dépassez vos limites ! Prenez votre destin en main ! Remportez une victoire éclatante dans la lutte de kosen rufu ! Et menez des vies victorieuses, embaumées par les fleurs du bonheur !” »
Dans la voiture, Shin’ichi pensa aux membres d’Adachi et récita intérieurement des Daimoku pleins de détermination pour eux.
Le 26 décembre 1979, le spectacle concluant la réunion générale du groupe des Fifres et Tambours, qui avait pour slogan « Avançons pleins d’espoir vers l’année 2001 », commença à 19 heures, dans la salle municipale d’Arakawa.
Les activités de ces « émissaires de la paix », tournés vers le XXIe siècle, entraient dans le cadre des efforts plus larges de la Soka Gakkai pour promouvoir la culture et l’éducation.
Shin’ichi avait reçu de nombreuses invitations de la part du groupe des Fifres et Tambours pour assister à leur réunion générale, et il avait décidé de s’y rendre, déterminé à encourager chaque participante.
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La réunion générale du groupe des Fifres et Tambours se déroula dans une atmosphère lumineuse et solaire. Les musiciennes jouaient avec un sourire joyeux et plein d’espoir, dans lequel brillaient l’éclat pur, la vitalité et la confiance de la jeunesse.
Ce fut un magnifique spectacle, qui permit aux membres du groupe de montrer les résultats splendides de leurs répétitions et de leurs efforts intenses.
Au début du spectacle, des jeunes femmes firent tournoyer des drapeaux roses et bleus en suivant le rythme entraînant de la chanson du groupe des Fifres et Tambours, Les anges de la paix, dont les paroles avaient été écrites par Shin’ichi Yamamoto. Leur prestation talentueuse leur valut des applaudissements enthousiastes.
Vint ensuite une première partie, intitulée Place du monde, où un puissant et éblouissant défilé de percussionnistes avançait au rythme d’une chorégraphie avec, en toile de fond, une succession de vues du monde entier – les châteaux de la Loire, les Champs-Élysées, la place Tiananmen en Chine, les gratte-ciels de New York et l’Arc de Triomphe à Paris. Les adorables petits « pompons » firent également sourire les spectateurs.
La seconde partie était intitulée La marche de l’espoir. Les morceaux Ouverture de la cavalerie légère et L’Oiseau tapageur furent suivis par le poème symphonique Le Peuple.
Semblable à un vaste océan qui jaillit
Et s’étend à l’horizon – Tel est le peuple5.
Ce morceau fut interprété avec solennité et brio par les chorales Bodhisattvas surgis de la Terre, Lys Blancs, Shinano et Fuji, représentant respectivement les départements des hommes, des femmes, des jeunes hommes et des jeunes femmes, qui avaient toutes été invitées pour l’occasion.
Shin’ichi avait écrit le poème Le Peuple pour célébrer la réunion des responsables du département des jeunes femmes dans l’auditorium de l’université Nihon, dans l’arrondissement de Sumida à Tokyo, en septembre 1971.
Dans ce poème, il raconte que l’histoire du peuple, qui mérite les plus grands honneurs et le plus profond respect, est marquée par l’oppression sans fin des puissants et qu’elle est écrite avec des larmes de souffrance et de douleur. Il invite ensuite les personnes ordinaires à ne plus rester silencieuses et à s’affranchir de leur résignation et de leur lassitude afin de créer une nouvelle ère dont elles seront les protagonistes.
Je vous consacrerai ma vie.
Même si, apparemment, il semble que je sois le seul
à me dresser,
je veux mener des luttes incessantes uniquement pour vous,
et toujours en votre nom,
c’est mon unique et fière mission6.
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Shin’ichi espérait que les jeunes femmes ne mèneraient pas une vie vaine ou superficielle, mais que, au contraire, elles s’ancreraient fermement parmi les personnes ordinaires, fières d’être des jeunes femmes du peuple, et vivraient toujours au côté de ces personnes ordinaires et pour elles. Là se situe la vraie vie, là se forge un bonheur véritable et authentique.
C’est avec ce souhait dans son cœur qu’il leur avait offert le poème Le Peuple.
Une composition musicale – une symphonie – accompagnant les paroles de ce poème avait été interprétée pour la première fois lors de la deuxième réunion générale du groupe des Fifres et Tambours, un an plus tôt, en octobre 1978, sur le terrain de sport de l’université Soka à Hachioji, dans l’agglomération de Tokyo.
L’événement s’était déroulé sous la pluie. Les voix passionnées des 3 000 membres de la chorale des jeunes femmes se joignirent à l’énergie dynamique de 3 000 danseuses et à la prestation musicale enthousiaste de l’ensemble des 150 membres du groupe des Fifres et Tambours.
La pluie tomba sans relâche durant tout le spectacle. Les chanteuses et danseuses étaient mouillées, tout comme les musiciennes du groupe des Fifres et Tambours et leurs instruments. Bien que flambant neufs, les costumes bleus, jaunes et roses des danseuses étaient maculés de boue. Mais les visages de toutes les jeunes femmes reflétaient la joie et la fierté. Leur rayonnement exprimait l’énergie et la détermination de construire l’ère des personnes ordinaires.
Shin’ichi resta assis sous la pluie à regarder le spectacle. Son costume était détrempé. En voyant les jeunes femmes jouer et danser sans retenue, sans tenir compte des conditions extérieures, il renonça à prendre un parapluie. Tout en récitant intérieurement Daimoku pour que les participantes n’attrapent pas froid, il regarda leur magnifique et puissante prestation.
Quand le poème symphonique Le Peuple prit fin, un tonnerre d’applaudissements envahit le terrain et s’éleva dans le ciel, comme pour transpercer les nuages. À cet instant, la pluie cessa et le Soleil fit son apparition.
Shin’ichi espérait que, grâce à cette réunion générale, toutes ces jeunes femmes pourraient apprendre ce qu’est l’esprit de persévérer dans leur lutte commune pour kosen rufu, sans se laisser vaincre par les obstacles. Il voulait aussi qu’elles gravent dans leur vie que, tant qu’elles conserveraient un engagement indéfectible pour kosen rufu, le soleil de l’espoir ne manquerait pas de briller pour elles. En effet, la solidarité des femmes dotées d’une foi aussi forte allait fortement contribuer à lever le rideau sur la victoire des personnes ordinaires.
Plus d’un an s’était écoulé depuis, et, ce soir-là, Shin’ichi écoutait de nouveau le poème symphonique Le Peuple, à l’occasion de la troisième réunion générale du groupe des Fifres et Tambours.
- *1Citant un passage du Sûtra des six paramita, Nichiren dit à ses disciples : « […] il faut devenir maître de son esprit et ne pas le laisser devenir le maître. » (Lettre aux deux frères Ikegami, Écrits, 505)
- *2Nichiren déclare : « Ni les non-bouddhistes ni les calomniateurs de la Loi bouddhique ne peuvent détruire l’enseignement correct de l’Ainsi-Venu, mais les disciples du Bouddha le peuvent sans aucun doute. Comme le dit un sûtra [le Sûtra de la face du Lotus], seuls les vers issus du corps d’un lion peuvent le dévorer. » (Lettre de Sado, Écrits, 305)
- *3Cf. Traduit du japonais. Josei Toda, Toda Josei zenshu (Œuvres complètes de Josei Toda), vol. 1, Tokyo, Seikyo Shimbunsha, 1981, p. 61.
- *4Voir « Préparer l’ère à venir », épisode 2.
- *5Traduit de l’anglais. Daisaku Ikeda, « The People » (Le Peuple), dans Journey of Life: Selected Poems of Daisaku Ikeda (Un voyage de la vie : poèmes choisis de Daisaku Ikeda), London, I. B. Tauris, 2014, p. 43.
- *6Ibid., p. 45.