Partie 1 : Le bonheur. Chapitre 9
Écrire le majestueux chapitre final de sa vie [9.5]

9.5 Établir un « palais éternel » dans notre vie

Le président Ikeda enseigne combien il est important de considérer les dernières années de notre vie comme l’occasion de mettre à profit toutes nos expériences accumulées pour œuvrer au bonheur des autres, tout en poursuivant nos efforts afin de parvenir à une véritable maîtrise de notre vie.

Bien que résidant au mont Minobu, Nichiren ne cessa pas pour autant d’envoyer des lettres d’encouragement au vieux moine séculier de Ko et à son épouse, la nonne séculière de Ko, deux de ses disciples qui habitaient sur la lointaine île de Sado.

Nichiren conclut l’une de ses lettres adressées au couple par ces mots : « Aucun lieu n’est en sécurité. Soyez convaincue que la bouddhéité est la demeure finale. » (Écrits, 494) Où se situe notre demeure finale, notre doux foyer, notre refuge sûr ? Ici, en nous-mêmes. L’état de bouddha que nous faisons apparaître dans notre vie est notre refuge éternel et sûr.

Ce ne sont pas les circonstances extérieures qui déterminent la sérénité de notre esprit. Aussi magnifique que soit la maison où nous habitons, si nous sommes tristes et seuls, nous ne pouvons pas prétendre être sereins et avoir une vie heureuse. Même si nos conditions de vie actuelles sont bonnes, rien ne garantit qu’elles dureront toujours. Seul le « palais » de la paix et de la sécurité que nous établissons en nous-mêmes par notre pratique bouddhique est éternel.

La nonne et le moine séculiers de Ko ont pratiqué le bouddhisme aux côtés d’Abutsu-bo et de son épouse, la nonne séculière Sennichi, qui habitaient sur cette même île de Sado. Tout en observant d’un regard bienveillant l’amitié qui unissait ces deux couples, Nichiren leur a prodigué des encouragements précis afin qu’ils puissent œuvrer ensemble, en cohésion et dans l’harmonie.

Il ne fait aucun doute que plus on avance en âge, plus on apprécie la bonne fortune d’avoir des amis qui nous soutiennent et nous encouragent. Les membres de la Soka Gakkai élargissent le réseau de ces amis précieux dans leur environnement et dans la société en général.

Shakyamuni dit : « Ceux qui se montrent toujours courtois et respectueux envers leurs aînés verront croître en eux la vie, la beauté, le bonheur et la force1. » C’est tout à fait en accord avec la loi de cause et d’effet.

Une société qui respecte les personnes âgées respecte la vie humaine ; une société de ce type ne cessera jamais de s’épanouir et de prospérer.

Nichiren cite dans un de ses écrits le Sûtra du Lotus : « Notre vœu est de mettre à profit nos longues vies pour sauver des êtres vivants2. » [SdL-XVII, 230] (GZ, 657) Dans ce contexte, l’expression « longues vies » fait référence à la durée de vie infiniment longue du Bouddha telle qu’elle est décrite dans le chapitre « La durée de vie de l’Ainsi-Venu » (16e) du Sûtra du Lotus. L’état de bouddha éternel jaillit dans la vie de ceux qui pratiquent le Sûtra du Lotus.

Aussi, en nous fondant sur le principe bouddhique de « prolonger notre vie par la foi3 », nous pouvons consolider notre force vitale et prolonger notre vie.

En outre, les bodhisattvas ne s’efforcent pas de vivre longtemps uniquement pour leur propre bien. Ils souhaitent vivre pour servir les autres autant que possible, en s’appuyant sur leurs expériences et en combinant naturellement leur bienveillance et leur sagesse. C’est une différence subtile, mais essentielle.

Ailleurs, Nichiren présente le guide des bodhisattvas surgis de la Terre4 comme un « vénérable vieillard, le bodhisattva Pratiques-Supérieures5 ». (Écrits, 610) Ce passage revêt une signification profonde du point de vue du bouddhisme, mais j’aimerais souligner aujourd’hui que le terme « vieillard » n’a rien ici de négatif ou de méprisant. Il suggère plutôt une vénérable noblesse, et fait penser à une personne dotée de qualités qui lui confèrent une véritable maîtrise de la vie – par exemple, une foi ferme et indéfectible ; la capacité d’agir constamment avec bienveillance ; un courage indomptable ; une profonde aptitude à communiquer ; une patience à toute épreuve ; une grandeur et une dignité qui dépassent les mots ; et des trésors inépuisables de sagesse permettant de résoudre n’importe quel problème.

On peut dire que cela décrit parfaitement les bodhisattvas surgis de la Terre, qui transmettent largement les principes humanistes au cœur de notre époque troublée.

D’après un discours prononcé au cours d’un séminaire d’étude des responsables nationaux, Shizuoka, le 1er février 1997

La Sagesse pour créer le bonheur et la paix est une compilation des écrits de Daisaku Ikeda sur une base thématique.

  • *1Traduit de l’anglais. The Dhammapada: Sayings of the Buddha (Le Dhammapada : Les Dits du Bouddha), translated by Thomas Cleary, New York, :Bantam Books, 1995, p. 40.
  • *2Cité dans l’écrit intitulé Shaka ichidai goji keizu (Résumé des Cinq périodes des enseignements de vie de Shakyamuni), non traduit en anglais dans le WND.
  • *3Prolongation de sa vie par la foi : Principe fondé sur le passage du chapitre « La Durée de la vie de l’Ainsi-Venu » (16e) du Sûtra du Lotus qui dit : « Nous vous supplions de nous guérir afin d’aller au terme de notre existence ! » (SdL-XVI, 220) Ce passage présente la parabole de l’excellent médecin, qui donne le « bon remède » à ses enfants qui ont « bu le poison » (c’est-à-dire qui sont tombés dans l’illusion), et qui l’implorent de les guérir. En prenant le bon remède (c’est-à-dire, en ayant foi dans la Loi merveilleuse du Sûtra du Lotus), ils guérissent et prolongent leur vie de nombreuses années.
  • *4Bodhisattvas surgis de la Terre : Innombrables bodhisattvas qui surgissent de la Terre auxquels le bouddha Shakyamuni confie la tâche de propager la Loi merveilleuse, ou essence du Sûtra du Lotus, dans l’époque de la Fin de la Loi.
  • *5Lorsque Shakyamuni déclare dans le chapitre “Surgir de Terre” du Sûtra du Lotus que la multitude innombrable de bodhisattvas surgis de la Terre qui ont émergé sont ses disciples originels, le bodhisattva Maitreya exprime des doutes, disant que c’est comme si un jeune homme de 25 ans désignait un vieil homme de 100 ans et disait : “Voilà mon fils !” (cf. SdL-XV, 214).