Partie 1 : Le bonheur. Chapitre 8
Affronter la maladie [8.5]

8.5 Tomber malade n’est pas un signe de défaite

La maladie n’est pas un signe de défaite ou de malheur. Pour les personnes qui se consacrent à la Loi merveilleuse, les épreuves de la naissance, de la vieillesse, de la maladie et de la mort représentent également la scène joyeuse sur laquelle elles peuvent mener une vie empreinte des quatre vertus − éternité, bonheur, véritable soi et pureté.

M. Toda a dit : « Il est naturel de tomber malade. Mais nous possédons aussi de manière inhérente le pouvoir de guérir de notre maladie. » C’était un message qu’il rappelait souvent.

Il est dit dans le Recueil des enseignements oraux : « Les aspects ou caractéristiques du monde des trois plans1 sont la naissance, la vieillesse, la maladie et la mort. » (OTT, 127) En soi, la maladie représente seulement un des aspects de la vie humaine. Tomber malade n’est en aucun cas un signe de défaite dans la vie. De plus, ce serait manquer totalement de bienveillance que de présumer que la foi d’une personne est faible uniquement parce qu’elle est tombée malade. Offrir des encouragements sincères à ceux qui luttent contre la maladie est l’expression d’une attention authentique. Quand un de ses disciples tombait malade, Nichiren l’encourageait de tout cœur, en y mettant toute sa vie.

Le « rugissement du lion » de Nam-myoho-renge-kyo constitue l’arme ultime pour vaincre les souffrances liées à la maladie. Nous ne devrions absolument jamais oublier la déclaration de Nichiren, « Nam-myoho-renge-kyo est semblable au rugissement d’un lion. Quelle maladie pourrait donc constituer un obstacle ? ». (Écrits, 415)

Se servir de la lutte contre la maladie pour développer un sentiment de plénitude et une richesse intérieure encore plus grands, voilà ce que signifie mener une vie créatrice de valeur. C’est pour cela qu’il est si important d’avoir le « cœur d’un roi lion » afin de lutter jusqu’au bout contre tous les obstacles. Nous devons posséder un esprit indomptable et indéfectible. C’est précisément pour cette raison que nous avons besoin de nous entraîner dans la foi et dans la pratique jour après jour, en récitant Nam-myoho-renge-kyo pour soi et pour les autres, et de forger une forte détermination ancrée dans la foi, qui demeurera solide et inébranlable, quelle que soit l’attaque du démon de la maladie.

Quand la nonne séculière Toki, épouse de Toki Jonin, est tombée gravement malade, Nichiren ne cessa de lui envoyer des lettres d’encouragement, dans l’intention de lui insuffler espoir et force2. « Ne laissez pas le chagrin accabler votre esprit » (Écrits, 661), écrit Nichiren. L’important est d’avoir un esprit combatif, de posséder l’esprit d’un pratiquant du Sûtra du Lotus. Il écrit également : « Prenez bien soin de vous. » (Écrits, 661) Il est essentiel de prendre des mesures concrètes pour recouvrer la santé quand nous sommes malades.

Au départ, personne ne souhaite être vaincu par la maladie. Mais si une maladie particulière devait interférer avec nos activités quotidiennes ou notre travail, ou nous faire perdre le courage et l’estime de nous, nous pourrions peu à peu nous laisser gagner par le désespoir. En ce qui la concerne, la nonne séculière Toki devait commencer à ressentir un sentiment de résignation parce qu’elle ne se rétablissait que très lentement. Nichiren l’invite à retrouver en elle la détermination de vivre pleinement sa vie.

Il y a certes des personnes qui ont une foi forte mais qui meurent jeunes. Cela a sans aucun doute une profonde signification. La valeur de notre vie n’est pas déterminée par le nombre d’années que nous avons vécues. Nichiren affirme : « Il vaut mieux vivre un seul jour avec honneur que de vivre jusqu’à cent vingt ans et de mourir dans la disgrâce. » (Écrits, 858)

Nichiren parle du « trésor de la foi » (Écrits, 965), en rappelant à la nonne séculière Toki l’importance de faire apparaître la volonté de poursuivre sa vie, ou, en d’autres termes, l’enthousiasme d’être en vie3.

Pour nous, chaque jour de vie est un jour où nous pouvons contribuer directement à kosen rufu ; nos efforts quotidiens conduisent directement à la réalisation du grand vœu de kosen rufu. Par conséquent, nous ne devons absolument pas être vaincus par la maladie ni par aucun autre obstacle.

Nichiren dit que la maladie est « le dessein du Bouddha », parce qu’elle nous pousse à faire apparaître « l’aspiration à entrer dans la Voie4 ». (Écrits, 948)

Notre objectif ultime, en menant une vie longue et en bonne santé, est d’agir avec bienveillance en faveur de ceux qui luttent au cœur de la réalité de la société. Il est tout à fait naturel, bien sûr, de prier également afin de bénéficier d’une bonne santé et de longévité pour notre propre bien. Il va sans dire que détruire sa santé en raison de mauvaises habitudes ou par négligence va entièrement à l’encontre d’un style de vie créateur de valeur.

Nous devons faire preuve de sagesse dans notre vie quotidienne – par exemple, prendre le temps de nous ressourcer et de nous reposer quand nous ressentons de la fatigue. Notre santé est quelque chose sur quoi nous devons veiller personnellement, en agissant avec prudence et bon sens. La santé est la marque d’honneur des sages.

Dans quel but luttons-nous pour la santé et la longévité ? Afin de pouvoir utiliser pleinement notre vie pour la Loi, pour le bonheur et le bien-être de nos familles, pour nos compagnons de foi et pour les êtres humains, et afin d’accomplir notre mission individuelle et de réaliser le grand vœu de kosen rufu.

Il est crucial, par conséquent, de relever concrètement les défis posés par les souffrances de la naissance, de la vieillesse, de la maladie et de la mort dans les efforts que nous déployons pour kosen rufu. Agir ainsi est la preuve factuelle que les quatre nobles vertus propres à la bouddhéité – éternité, bonheur, véritable soi et pureté – existent éternellement en nous.

Les souffrances de la naissance, de la vieillesse, de la maladie et de la mort ne sont pas des raisons de se lamenter. Au contraire, elles forment ensemble l’éclatante scène de la vie sur laquelle nous jouons une pièce où résonnent les accords triomphants de l’éternité, du bonheur, du véritable soi et de la pureté. À travers ce drame de la naissance, de la vieillesse, de la maladie et de la mort, nous interprétons l’histoire joyeuse de la victoire humaine.

D’après Gosho no sekai (Le Monde du Gosho), vol. 3, publié en japonais en mars 2005

La Sagesse pour créer le bonheur et la paix est une compilation des écrits de Daisaku Ikeda sur une base thématique.

  • *1Monde des trois plans : Monde des êtres ignorants qui transmigrent au sein des six voies de l’existence (de l’état d’enfer à celui de bonheur temporaire). Le monde des trois plans comprend, selon un ordre ascendant, le monde du désir, le monde de la forme et le monde sans forme. Au sens large, cette expression renvoie au monde saha dans lequel nous vivons.
  • *2Nichiren écrit : « Vous êtes aussi une pratiquante du Sûtra du Lotus et votre foi est comme la lune qui croît ou la marée montante. Soyez donc profondément convaincue qu’il n’est pas possible que votre maladie persiste et que, à coup sûr, votre vie sera prolongée ! Prenez bien soin de vous et ne laissez pas le chagrin accabler votre esprit. » (Écrits, 661)
  • *3Nichiren écrit : « La vie est le plus précieux des trésors. Une seule journée de vie supplémentaire vaut plus que dix millions de ryo d’or. […] Vous devez donc vous hâter d’acquérir le trésor de la foi pour surmonter rapidement votre maladie. » (Écrits, 965) Le ryo était le nom d’une unité de poids dans le Japon ancien. Un ryo correspondait à environ 37,5 grammes, mais son poids exact pouvait présenter des différences selon les époques.
  • *4Nichiren écrit : « Sa maladie ne serait-elle pas le dessein du Bouddha puisqu’il est enseigné à la fois dans le Sûtra de l’enseignement de Vimalakirti et dans le Sûtra du Nirvana que les malades atteindront à coup sûr la bouddhéité ? De la maladie naît l’aspiration à entrer dans la Voie. » (Écrits, 948)