Partie 1 : Le bonheur. Chapitre 3
La pratique pour transformer notre état de vie [3.2]

3.2 « Ne recherchez jamais ce Gohonzon en dehors de vous-même »

Dans cet extrait, le président Ikeda explique le principe fondamental consistant à faire surgir le pouvoir du Gohonzon dans notre vie. La force vitale incommensurable et la sagesse illimitée représentées par le Gohonzon sont également inhérentes à notre vie. Notre foi et notre pratique bouddhiques nous permettent d’en disposer avec une liberté sans limites.

Quelle que soit la religion, l’objet de vénération ou objet de culte tient une place primordiale. Quelle est, alors, la véritable signification de cet objet de vénération, ou Gohonzon, dans le bouddhisme de Nichiren ?

Dans La composition du Gohonzon, Nichiren écrit : « Ne recherchez jamais ce Gohonzon en dehors de vous-même. Le Gohonzon n’existe que dans notre chair à nous, êtres ordinaires, qui adoptons le Sûtra du Lotus et récitons Nam-myoho-renge-kyo. » (Écrits, 840) À propos de ce passage, M. Toda a dit :

« Nous pouvons prier devant ce grand Gohonzon en pensant qu’il existe en dehors de nous-mêmes, mais, en fait, il réside directement dans notre vie à nous qui récitons Nam-myoho-renge-kyo avec foi dans le Gohonzon des Trois Grandes Lois cachées. Ce passage de Nichiren est source d’une profonde inspiration.

« Ceux qui n’ont pas encore foi dans la Loi merveilleuse sont à l’“étape où l’on ressemble à un bouddha“ [la première des six étapes de la pratique1], où la nature de bouddha, bien qu’ayant l’air d’être présente, ne se manifeste pas du tout. Cependant, nous [membres de la Soka Gakkai], parce que nous prions devant le Gohonzon, sommes à l’“étape où l’on comprend la vérité concernant sa propre participation à la nature de bouddha” [la deuxième des six étapes de la pratique]. À ce stade, le Gohonzon brille déjà avec éclat en nous. nous.

« Mais son niveau de luminosité diffère néanmoins en fonction de la force de la foi de chacun. Prenons l’image d’une ampoule électrique. Une ampoule de forte puissance brille plus intensément qu’une ampoule de faible puissance.

« Si l’on poursuit cette analogie, pour ceux qui n’ont pas encore adhéré à la Loi merveilleuse, l’ampoule n’est pas reliée à une source d’énergie. Tandis que pour nous, pratiquants de la Loi merveilleuse, notre ampoule – qui correspond au Gohonzon – est branchée. Notre vie brille donc avec éclat2. »

Tout dépend de la force de notre foi. Quand notre foi est forte, notre vie elle-même devient un « bouquet de bienfaits » (Écrits, 840) selon la description du Gohonzon que nous donne Nichiren. Il déclare, plus loin : « Ce Gohonzon ne se trouve que dans les deux caractères “esprit croyant”3. » (Écrits, 840)

Ceux qui possèdent une foi forte ne se retrouvent par conséquent jamais dans une impasse. Quoi qu’il arrive, ils peuvent tout transformer en une source de bienfaits et de bonheur. Bien sûr, au cours de notre longue vie, nous rencontrons inévitablement toutes sortes de problèmes et de souffrances. Mais nous pourrons toujours les changer en combustible pour développer un état de vie plus élevé. À cet égard, pour les pratiquants du bouddhisme de Nichiren, tout est finalement une source de bienfaits et de bonheur au plus profond. Le mot « malheur » n’existe pas dans le vocabulaire de ceux qui ont une foi forte.

Vers la fin de son Commentaire sur L’objet de vénération pour observer l’esprit, Nichikan Shonin, grand restaurateur de notre bouddhisme, qui a entrepris la tâche de systématiser les enseignements de Nichiren, écrit :

« Quand nous avons foi en cet objet de vénération [le Gohonzon] et récitons Nam-myoho-renge-kyo, notre vie devient immédiatement l’objet de vénération des trois mille mondes en un instant de vie4 ; elle devient la vie de Nichiren. Tel est le véritable sens de la phrase “Il [le Bouddha] orna le cou des ignorants de l’époque de la Fin de la Loi [avec les cinq caractères de Myoho-renge-kyo]5”. Ainsi, nous devons vénérer le pouvoir du Bouddha et le pouvoir de la Loi et nous efforcer de développer le propre pouvoir de notre foi ainsi que celui de notre pratique. Nous ne devons pas passer notre vie en vain pour le regretter pour l’éternité, comme le dit Nichiren6. » (Cf. Écrits, 626)

Dans ce passage, Nichikan Shonin déclare clairement que, grâce à la foi dans le Gohonzon, notre vie peut instantanément manifester l’objet de vénération et l’état de vie de Nichiren. C’est pour cette même raison que Nichiren a inscrit le Gohonzon. Là se trouve la raison d’être du bouddhisme de Nichiren.

La foi nous permet de manifester le Gohonzon en nous-mêmes ; nous pouvons ainsi faire surgir l’état de bouddha, pareil à un diamant, et le faire briller avec éclat.

Au plus profond de notre vie, nous possédons une force vitale illimitée et une source de sagesse infinie. La foi nous permet de librement puiser dans cette force vitale et cette sagesse.

M. Toda disait souvent : « Ce qui est à l’intérieur de nous peut se manifester à l’extérieur. Mais ce qui n’y est pas ne peut pas se manifester. » Le solide et pur état de bouddha, aussi bien que les états faibles et vils de l’enfer, de l’avidité et de l’animalité, existent tous dans notre vie et se manifestent en réponse aux causes et caractéristiques de notre environnement.

Puisque la vie est éternelle, à travers les trois existences (la vie dans le passé, le présent et le futur), notre karma passé peut aussi nous assaillir au présent, sous la forme d’un grave problème ou d’une souffrance. Cependant, tout comme la cause de la souffrance se trouve à l’intérieur de notre vie, nous possédons aussi le pouvoir de transformer notre souffrance en bonheur. Tel est le pouvoir de l’état de bouddha.

Comme le déclarait M. Toda, les êtres humains ne sont finalement que le produit de ce qui se trouve en eux.

Dès lors, il est essentiel que chacun d’entre nous cultive la « terre » de sa vie et y plante en profondeur les vastes racines du bonheur. Nous devons révéler le Gohonzon qui existe en nous et forger un soi aussi inébranlable qu’un arbre majestueux. Alors, notre état de vie transparaîtra sous forme d’un humanisme remarquable et d’une attitude exemplaire, tandis que, au cours de notre vie quotidienne, il se manifestera sous forme de bienfaits et de bonne fortune.

Le point crucial consiste à savoir si nous avons foi ou non dans le Gohonzon. Nous ne devrions jamais prendre à la légère l’affirmation de Nichiren : « C’est le cœur qui est important. » (Écrits, 1011)

Ce qui compte n’est ni l’apparence ni le statut ou la richesse. Ceux qui ont la foi dans leur cœur sont véritablement heureux.

Extrait d’un discours prononcé lors d’une réunion des représentants des pratiquants, Tokyo, le 3 avril 1993

La Sagesse pour créer le bonheur et la paix est une compilation des écrits de Daisaku Ikeda sur une base thématique.

  • *1Six étapes de la pratique : Ou six identités. Les six étapes de la pratique du Sûtra du Lotus formulées par le Grand Maître Tiantai dans son ouvrage La Grande Concentration et Perception. Ce sont : l’étape où l’on ressemble à un bouddha ; l’étape où l’on comprend la vérité concernant sa propre participation à la nature de bouddha ; l’étape de la perception et de l’action ; l’étape qui ressemble à l’illumination ; l’étape de l’éveil progressif ; l’étape de l’illumination ultime ou la plus haute étape de pratique.
  • *2Traduit du japonais. Josei Toda, Toda Josei Zenshu (Œuvres complètes de Josei Toda), Tokyo, Seikyo Shimbunsha, 1992, vol. 6, p. 608. (Cours sur La composition du Gohonzon, le 6 mars 1956.)
  • *3Le mot japonais pour la foi (shinjin) se compose de deux caractères chinois.
  • *4Trois mille mondes en un instant de vie : Système philosophique établi par le grand maître Tiantai en Chine, sur la base du Sûtra du Lotus. Les « trois mille mondes » correspondent aux divers aspects que la vie revêt à chaque instant. À chaque instant, la vie manifeste l’un des dix états (ou dix mondes). Chacun de ces mondes possède en soi le potentiel des dix, créant ainsi la possibilité de cent mondes. Chacun de ces cent mondes possède les dix facteurs et opère au sein de chacun des trois domaines de l’existence, ce qui conduit à trois mille mondes. En d’autres termes, tous les phénomènes sont contenus en un seul instant de vie, et un seul instant de vie pénètre les trois mille domaines de l’existence, c’est-à-dire le monde phénoménal dans son intégralité.
  • *5La citation intégrale de L’objet de vénération pour observer l’esprit est : « Manifestant une profonde compassion à l’égard de ceux qui ne peuvent appréhender le joyau de la doctrine des trois mille mondes en un instant de vie, le Bouddha l’enveloppa à l’intérieur des cinq caractères [Myoho-renge-kyo], puis il en orna le cou des ignorants de l’époque de la Fin de la Loi. » (Écrits, 381) Myoho-renge-kyo s’écrit avec cinq caractères chinois, tandis que Nam-myoho-renge-kyo avec sept (nam ou namu, étant composé de deux caractères). Nichiren utilise souvent Myoho-renge-kyo comme synonyme de Nam-myoho-renge-kyo dans ses écrits.
  • *6Traduit du japonais. Nichikan, Kanjin no Honzon-sho Mondan (Commentaire sur L’objet de vénération pour observer l’esprit), in Nichikan Shonin Mondan-shu (Les commentaires de Nichikan Shonin), Tokyo, Seikyo Shimbunsha, 1980, p. 548.