Partie 2 : La révolution humaine. Chapitre 20
Message à la jeunesse [20.10]

20.10 Faire preuve de reconnaissance envers ses parents et se soucier d’eux sont les fondements d’un authentique humanisme

Nichiren écrit dans une lettre à son jeune disciple Nanjo Tokimitsu : « Une personne qui garde le Sûtra du Lotus s’acquitte de sa dette de reconnaissance envers son père et sa mère. » ( WND-II, 638) Daisaku Ikeda se fonde sur ce passage pour expliquer aux jeunes l’importance d’exprimer leur gratitude envers leurs parents.

Un jour, au cours d’une discussion informelle avec des membres du département de la jeunesse, M. Toda nous a demandé lequel des disciples de Nichiren nous préférions. Je me rappelle avoir répondu sans hésiter : Nanjo Tokimitsu.

Tokimitsu n’avait que 7 ans1 lorsque son père, un homme d’une grande intégrité, est mort à la suite d’une maladie. Le jeune garçon rencontra Nichiren pour la première fois peu de temps après, quand ce dernier vint prier sur la tombe de son père. Cette rencontre resta à jamais gravée en lui. À partir de ce jour, il considéra Nichiren comme son maître et, avec sa mère, il s’engagea sincèrement dans la foi.

Tokimitsu étudia et se forma lui-même, et devint un jeune homme admirable. À l’âge de 16 ans, il rendit visite à Nichiren, qui s’était installé au mont Minobu. Nichiren s’est certainement réjoui de constater le remarquable développement de Tokimitsu. Il lui adressa la lettre, Les quatre vertus et les quatre dettes de reconnaissance, l’année suivante [en 1275]. Il y explique que la voie du bouddhisme consiste à être un bon fils pour ses parents qui l’ont élevé et à s’acquitter de sa dette de reconnaissance envers eux.

Le premier sens de ce passage : « Une personne qui garde le Sûtra du Lotus s’acquitte de sa dette de reconnaissance envers son père et sa mère » (WND-II, 638), est que garder le Sûtra du Lotus revient à faire preuve de bonté envers ses parents. En d’autres termes, le Sûtra du Lotus a le pouvoir de nous permettre de nous acquitter de notre dette envers eux. Ce passage peut également être compris comme un message à l’attention de Tokimitsu pour lui rappeler que ceux qui croient dans la Loi merveilleuse ne doivent pas oublier de manifester leur gratitude à l’égard de leurs parents.

Dans les Orientations pour la jeunesse de M. Toda, on lit ce passage désormais connu :

« Notre lutte exige que nous développions une compassion qui s’étende à tous les êtres vivants. Pourtant, tant de jeunes se trouvent dans l’incapacité d’éprouver de la compassion pour leurs propres parents. Par conséquent, comment pourrait-on s’attendre à ce qu’ils se soucient de parfaits inconnus ? L’effort de dépasser la froideur et l’indifférence qui existent au fond de notre propre vie et de révéler le même degré de compassion que le Bouddha représente l’essence même de notre révolution humaine2. »

L’amour et la reconnaissance pour ses parents sont les fondements d’un authentique humanisme.

Toutes les personnes remarquables sans exception aiment et chérissent leurs parents. Je l’ai constaté à travers les liens d’amitié que j’ai pu tisser avec des dirigeants du monde entier.

Dans cette même lettre, Nichiren rappelle à Tokimitsu que sa mère, quand elle le portait dans son ventre, a connu des souffrances qui faillirent lui coûter la vie, et que les douleurs qu’elle a endurées pour le mettre au monde sont presque inimaginables. (cf. WND-II, 637)

Vos mères ont sans aucun doute enduré de terribles souffrances en vous mettant au monde. Accoucher est une lutte sans merci. Rien que pour cela, nous devrions éprouver et exprimer notre gratitude envers notre mère.

C’est la raison pour laquelle M. Toda était toujours très sévère avec ceux qui ne traitaient pas leurs parents correctement. Un jour, il a réprimandé un jeune qui causait du souci à ses parents en lui disant : « Ne te rends-tu pas compte de la souffrance que tu leur infliges ? »

Le passage des écrits de Nichiren que j’ai cité plus haut se poursuit ainsi : « Même si dans notre cœur nous nous en sentons incapables, nous pouvons nous acquitter de notre dette de reconnaissance envers notre père et notre mère grâce au pouvoir de ce sûtra. » (WND-II, 638)

Nichiren veut dire ici que la Loi merveilleuse possède le pouvoir de conduire tous les êtres humains au bonheur. En priant profondément avec foi dans la Loi merveilleuse et en s’efforçant sérieusement de mener une vie juste et bonne, nous activons les fonctions positives de l’univers et développons naturellement un état de vie grâce auquel nous pouvons aimer et chérir nos parents.

Les parents d’un grand nombre d’entre vous déploient sincèrement, jour après jour, de grands efforts en tant que membres de la Soka Gakkai, et luttent avec ténacité et détermination pour la cause du plus grand bien. Ensemble avec moi, ils consacrent leur vie à accomplir la très noble mission de kosen rufu.

Bien qu’ils œuvrent pour le plus grand bien, ils sont parfois confrontés au mépris et à des critiques injustifiées. Endurant patiemment ces expériences amères, ils se consacrent au bien-être des autres, à la Loi bouddhique et à la société, en allant de l’avant avec un courage inlassable. Leurs efforts altruistes les rendent plus admirables encore que n’importe quelle personne célèbre ou exerçant une autorité.

Ce sont ces personnes ordinaires si magnifiques, et pourtant méconnues, qui ont bâti la Soka Gakkai. En engageant le dialogue sans relâche avec une personne, puis une autre, elles ont fait de notre organisation un remarquable mouvement mondial pour la paix, la culture et l’éducation.

Elles ont également déployé d’inlassables efforts pour ouvrir la voie vers votre victoire, motivés par leur désir de vous apporter à vous, leurs chers enfants, de la bonne fortune et des bienfaits.

Elles ne le disent peut-être pas explicitement, mais elles s’investissent sans compter dans leurs prières et leur travail, en luttant de toutes leurs forces. Tel est l’amour d’un père ou d’une mère.

Les prières de vos parents pour votre santé, votre développement et votre bonheur touchent profondément votre vie et vous protègent fortement.

J’espère que vous serez fiers d’avoir de tels parents. J’espère également que vous prendrez conscience de leur sincère dévouement dans la pratique bouddhique et au sein de la Soka Gakkai, et que vous deviendrez des personnes d’une grande sagesse et d’une grande envergure, qui respectent et aiment leurs parents du fond du cœur, et qui font tout leur possible pour s’acquitter de leur dette de reconnaissance envers eux.

Peut-être que certains d’entre vous, comme Tokimitsu, ont perdu un de leurs parents ou les deux. Mais rappelez-vous qu’ils continuent de vivre dans votre cœur. Quand vous récitez Nam-myoho-renge-kyo, ils sont là, dans le Gohonzon. Ils sont toujours avec vous au plus profond de la vie.

Peut-être certains d’entre vous ont-ils des parents qui ne pratiquent pas au sein de la Soka Gakkai, ou avec lesquels les relations sont tendues ou difficiles. Quoi qu’il en soit, priez pour leur bonheur en gardant un cœur ouvert.

Dressez-vous par vous-mêmes avec courage et menez une vie forte en vous fondant sur la foi. Obtenez de grands succès dans votre jeunesse et remportez avec audace la victoire dans la vie. Faites des efforts intenses dans vos études, développez votre corps et votre esprit, et devenez de grands responsables de kosen rufu et dans la société.

Faire de son mieux maintenant, même si c’est difficile, est la meilleure manière de s’acquitter de sa dette de reconnaissance envers ses parents. Une attitude aussi sincère fera également briller l’esprit de maître et disciple dans votre vie.

J’espère que vous perpétuerez l’esprit de vos parents et de la Soka Gakkai ainsi que l’héritage des maîtres et disciples du mouvement Soka.

Texte extrait d’une série de dialogues consacrée à l’étude, intitulée Gosho to shitei (Les écrits de Nichiren et la relation de maître et disciple), publiée en japonais en septembre 2010

La sagesse pour créer le bonheur et la paix est une compilation des écrits de Daisaku Ikeda sur une base thématique.

  • *1Selon la tradition japonaise, le nouveau-né a 1 an à sa naissance. Les différents âges donnés ici à Nanjo Tokimitsu correspondent à cette manière de calculer l’âge d’une personne.
  • *2Traduit du japonais. Josei Toda. Toda Josei Zenshu (Œuvres complètes de Josei Toda), Tokyo, Seikyo Shimbunsha, 1991, vol. 1, p. 60.