Partie 2 : La révolution humaine. Chapitre 19
Se fonder sur les écrits de Nichiren [19.4]

19.4 « Exercez-vous dans les deux voies de la pratique et de l’étude »

Le président Ikeda parle ici de la fière tradition, dans la Soka Gakkai, de s’exercer dans « les deux voies de la pratique et de l’étude », comme l’enseigne Nichiren.

L’exemplaire des Écrits de Nichiren que le premier président de la Soka Gakkai, Tsunesaburo Makiguchi, emportait toujours avec lui est parvenu jusqu’à nous, et je considère que c’est l’un des plus grands trésors de la Soka Gakkai.

M. Makiguchi souligna fortement le passage suivant en dessinant un double cercle dans la marge :

« Exercez-vous dans les deux voies de la pratique et de l’étude. Sans pratique ni étude, il ne peut y avoir de Loi bouddhique. Vous ne devez pas seulement persévérer vous-même ; vous devez aussi enseigner aux autres. » (Écrits, 390)

En accord total avec cet extrait de La réalité ultime de tous les phénomènes, M. Makiguchi persévéra dans les deux voies de la pratique et de l’étude jusqu’aux tout derniers instants de sa vie. En affrontant courageusement les assauts des « trois obstacles et des quatre démons1 », il ne cessa jamais d’incarner dans sa vie les écrits de Nichiren, même après avoir été emprisonné pour ses croyances. Il y avait un contraste saisissant entre son comportement et celui des moines de la Nichiren Shoshu, qui, par lâcheté, supprimèrent des passages des écrits de Nichiren, par crainte des persécutions des autorités militaristes.

Même soumis à de rudes interrogatoires, M. Makiguchi continua à prôner, sans la moindre crainte, le noble esprit consistant à « établir l’enseignement correct pour la paix dans le pays ». Mieux encore, il menait des dialogues sincères avec ses gardiens de prison au sujet du bouddhisme. Et, jusqu’à sa mort en prison, il continua d’étudier les philosophies et les idées des plus grands penseurs du monde à travers le prisme du bouddhisme.

Notre engagement dans les deux voies de la pratique et de l’étude remonte donc au fondateur de la Soka Gakkai, une organisation qui ne cesse de se développer aujourd’hui et apporte une nouvelle lumière d’espoir au monde. C’est dans cet exercice assidu de la pratique et de l’étude, qu’on trouve la véritable essence du comportement bouddhiste et le mode de vie le plus noble qu’une personne puisse adopter.

Dans La réalité ultime de tous les phénomènes, Nichiren poursuit ainsi : « Pratique et étude proviennent toutes deux de la foi. » (Écrits, 390) Quand la foi s’approfondit, la pratique et l’étude progressent, et, quand la pratique et l’étude progressent, la foi s’approfondit. Grâce à cette chaîne de causes et d’effets, notre vie s’emplit de bienfaits, qui nous permettront de vaincre les aspects négatifs et de faire jaillir le positif ; nous sommes ainsi assurés de parvenir au bonheur véritable et d’accumuler une bonne fortune éternelle.

Négliger les deux voies de la pratique et de l’étude, c’est comme piloter un avion sans avoir aucune idée de sa direction, de son altitude ou de sa destination, ni aucun moyen de faire le plein de kérosène. Vous dévierez immanquablement de votre trajectoire et perdrez de la vitesse. Et, à la moindre turbulence, l’avion s’écrasera. Cependant, ceux qui persévèrent dans les deux voies de la pratique et de l’étude suivent la voie suprême des vainqueurs dans la vie ; ce sont des personnes qui ne régresseront jamais dans la foi et qui, donc, remporteront toujours la victoire.

Des aspects tels que la popularité ou la célébrité ne sont rien d’autre que des illusions vides, alors que l’action est la marque d’une personne dotée d’une véritable profondeur.

Au cours des ans, nos membres du département des femmes, en particulier, ont bravé les critiques et les insultes, tout en continuant avec courage et ténacité de transmettre la Loi merveilleuse à une personne après l’autre, pratique qui n’est autre que le moyen ultime de parvenir au bonheur. Que peut-il y avoir en ce monde de plus noble et de plus héroïque ?

Dans les débuts de notre mouvement, une pratiquante, qui n’avait pas pu faire d’études dans le contexte difficile de la Seconde Guerre mondiale, parvint par la suite à convaincre un professeur d’université de pratiquer le bouddhisme de Nichiren. Quand M. Toda l’apprit, il eut un large sourire et la félicita abondamment. C’est une scène que mes compagnons de pratique du temps des pionniers et moi-même n’oublierons jamais.

Toutes les personnes centrées sur elles-mêmes qui ont abandonné leur foi et se sont retournées contre la Soka Gakkai ont un point commun : elles ont négligé d’agir avec persévérance et sérieux dans les deux voies de la pratique et de l’étude. Elles étaient complaisantes, arrogantes et méprisantes.

Si vous cessez de vous exercer dans les deux voies de la pratique et de l’étude, votre vie cessera de progresser vers le bonheur absolu. Ce genre de stagnation engendre presque toujours de l’arrogance, de la paresse et du ressentiment envers les autres. M. Toda lança cet avertissement sévère : les responsables laxistes dans la pratique et dans l’étude ne font que semer doute et confusion dans le cœur des membres.

Les cours auxquels j’ai assisté dans ce que j’appelle affectueusement l’« université Toda » comportaient non seulement un grand éventail de matières académiques, mais aussi des sessions consacrées au bouddhisme de Nichiren. Ainsi, M. Toda donna des cours profonds et perspicaces sur l’écrit de Nichiren intitulé L’entité de la Loi merveilleuse.

L’étude avec M. Toda était aussi rigoureuse que l’entraînement avec un maître d’escrime. Un jour, après avoir terminé une série de cours, il remit un certificat aux participants. C’était un document ordinaire, une simple feuille de papier, et certains s’en moquèrent. Mais j’ai considéré cela comme un honneur insigne et je l’ai reçu en faisant le serment intérieur de m’acquitter de ma profonde dette de reconnaissance à son égard.

Je suis convaincu que les quelque deux cents diplômes et titres honorifiques que j’ai reçus d’institutions du monde entier sont le résultat du serment prononcé à ce moment-là. C’est la preuve factuelle découlant de l’engagement sur la voie de maître et disciple et de la fidélité à « la Loi du lotus », qui « explique les subtilités de la cause et du fruit ». (Écrits, 426 et 430)

L’historien britannique Arnold J. Toynbee, que j’admire profondément, avait pour pratique de se mettre au travail dès le matin, même si parfois il n’en avait pas envie, et d’accomplir chaque jour quelque chose qui avait de la valeur. Il observa strictement cette discipline personnelle durant toute sa vie.

Lisez chaque jour les écrits de Nichiren, ne serait-ce qu’une seule phrase ; parlez tous les jours du bouddhisme à d’autres, ne serait-ce qu’en prononçant un seul mot ou une seule phrase. Quand vous vous entraînez dans votre pratique bouddhique par la parole et par l’action, un puissant élan vital, d’une grande intensité, jaillit de vous, en harmonie avec le rythme de l’univers.

J’ai persévéré dans les deux voies de la pratique et de l’étude avec une détermination inébranlable pour propager le bouddhisme de notre maître éternel, Nichiren, et accomplir le serment que j’ai adressé au président Toda, mon maître dans la vie. Cette détermination demeure absolument intacte aujourd’hui parce que je sais que la voie brillante du maître et du disciple n’existe pas en dehors des deux voies de la pratique et de l’étude.

Texte adapté d’un éditorial publié en japonais dans le numéro de septembre 2006 du Daibyakurenge

La sagesse pour créer le bonheur et la paix est une compilation des écrits de Daisaku Ikeda sur une base thématique.

  • *1Les trois obstacles et les quatre démons : divers obstacles et entraves à la pratique du bouddhisme. Les trois obstacles sont (1) l’obstacle des désirs terrestres, (2) l’obstacle du karma et (3) l’obstacle de la rétribution. Les quatre démons sont (1) l’entrave des cinq composants, (2) l’entrave des désirs terrestres, (3) l’entrave de la mort, et (4) l’entrave du roi-démon.