Partie 2 : La révolution humaine. Chapitre 12
Transformer le karma en mission [12.8]

12.8 Ceux qui souffrent le plus peuvent immanquablement atteindre la bouddhéité

Daisaku Ikeda explique ici que le bouddhisme considère les souffrances que nous traversons dans la vie comme étant le karma que nous avons choisi pour réaliser notre vœu en tant que bodhisattvas surgis de la Terre, et souligne l’importance de changer notre manière d’appréhender ces souffrances en décidant de « transformer le karma en mission ».

Le deuxième président de la Soka Gakkai, Josei Toda, a dit : « Si nous étions d’emblée trop parfaits, les autres auraient du mal à s’identifier à nous. C’est pour cette raison que nous avons délibérément choisi de naître en tant que personnes ordinaires qui connaissent la maladie et la pauvreté, afin de pouvoir largement transmettre le bouddhisme dans la société […] La vie, c’est comme jouer un rôle dans une pièce de théâtre. » Il donnait souvent des encouragements dans ce sens.

Il disait aussi : « J’ai perdu mon épouse ainsi qu’une fille. Mon entreprise a fait faillite. C’est parce que j’ai connu de telles souffrances que j’ai pu devenir le président de la Soka Gakkai. »

On ne peut pas attendre de ceux qui n’ont pas connu de difficultés et de souffrances qu’ils comprennent les sentiments d’autrui. Seuls ceux qui ont connu des luttes et épreuves ardues peuvent véritablement aider les autres.

Se contenter de penser que nous souffrons parce que c’est notre karma constitue une vision passive et défaitiste. Nous devrions au contraire nous dire que nous avons choisi de notre plein gré les souffrances qui sont les nôtres en considérant qu’elles font partie de notre mission, et que nous avons fait le vœu de les surmonter grâce à notre pratique bouddhique.

Le principe du « choix délibéré du karma qui convient1 » enseigne cette transformation d’attitude, ou d’état d’esprit, fondamentale. Nous pouvons à coup sûr changer notre karma en mission. Puisque tous nos problèmes et toutes nos luttes sont l’expression de notre propre vœu, il est impossible que nous ne puissions pas les surmonter.

Le Mahatma Gandhi, héros du mouvement pour l’indépendance de l’Inde, a déclaré : « Si je dois renaître, je renaîtrai en tant qu’intouchable afin de partager les peines, les souffrances et les affronts que les intouchables subissent, et pour tenter de me libérer et de les libérer de ces conditions misérables2. »

Cette attitude illustre bien l’enseignement du « choix délibéré du karma qui convient » – c’est-à-dire la compassion, le fait de partager notre vie avec les autres.

[En tant que bodhisattvas surgis de la Terre3], nous sommes nés parmi ceux qui souffrent le plus.

Le Bouddha demeure parmi ceux qui souffrent le plus.

Le bouddhisme a pour objectif de permettre à ceux qui connaissent les plus grandes souffrances de goûter le plus grand des bonheurs.

D’après Hokekyo no chie (La sagesse du Sûtra du Lotus), vol. 2, publié en japonais en novembre 1996

La sagesse pour créer le bonheur et la paix est une compilation des écrits de Daisaku Ikeda sur une base thématique.

  • *1Choix délibéré du karma qui convient : cela fait référence aux bodhisattvas qui, alors qu’ils peuvent recevoir les récompenses dues à leurs actions pures fondées sur la pratique bouddhique, y renoncent de leur plein gré et font le vœu de renaître dans un monde impur afin de sauver les êtres vivants. Ils propagent la Loi merveilleuse, tout en endurant les mêmes souffrances que ceux qui sont nés dans le monde mauvais en raison du karma. Ce terme dérive de l’interprétation du grand maître Miaole de passages du chapitre « Le maître de la Loi » (10e) du Sûtra du Lotus.
  • *2Traduit de l’anglais. Mahatma Gandhi, The Collected Works of Mahatma Gandhi (Œuvres complètes du Mahatma Gandhi), vol. 19 (novembre 1920-avril 1921), New Delhi, Département des publications, ministère de l’Information et de la Radiodiffusion, Gouvernement de l’Inde, 1990, p. 573.
  • *3Bodhisattvas surgis de la Terre : innombrables suites de bodhisattvas qui émergent de la Terre, auxquels le bouddha Shakyamuni confie la propagation de la Loi merveilleuse, ou essence du Sûtra du Lotus, à l’époque de la Fin de la Loi.