Partie 1 : Le bonheur. Chapitre 1
Qu’est-ce que le véritable bonheur ? [1.6]

1.6 Les six conditions pour être heureux

Dans ce discours prononcé à l’occasion d’une réunion générale de la SGI aux États-Unis, le président Ikeda présente six points pour parvenir au bonheur, et souligne qu’ils sont tous inclus dans la pratique du bouddhisme de Nichiren.

Dans le Gosho, Nichiren écrit : « Ne passez pas votre vie en vain pour le regretter pendant les dix mille ans à venir. » (Écrits, 626)

Comment devons-nous vivre notre vie ? Quel est le mode de vie le plus précieux et le plus respectable ? Un poème japonais dit : « La vie d’une fleur est brève / Seules les souffrances sont nombreuses1. » Ces vers signifient que les fleurs s’épanouissent d’un coup et que, ensuite, tout aussi brusquement, leurs pétales tombent et s’éparpillent ; en dernier ressort, la seule chose qui dure longtemps est la souffrance. C’est bien l’impression que donne la vie, à certains égards.

Un philosophe a fait remarquer, un jour, que le seul moyen de déterminer si une vie a été heureuse ou malheureuse était peut-être d’additionner, à la fin de ses jours, toutes les joies et toutes les peines que l’on a connues et de fonder son évaluation finale sur le chiffre le plus élevé.

Beaucoup, même en étant riches et célèbres dans la société, ne parviennent pas à trouver le bonheur. Même quand on a fait le meilleur des mariages ou quand on a les relations les plus merveilleuses, un jour, en fin de compte, on doit inévitablement être séparé de l’être aimé par la mort. Être séparé des êtres que l’on aime est l’une des souffrances inhérentes à la condition humaine. Le fait d’être au sommet de la célébrité ou très populaire n’empêche pas de mourir, parfois au terme d’une maladie longue et douloureuse. Et quantité de personnes, nées pourtant avec le privilège apparent d’une beauté rare et exceptionnelle, ont vu leur vie se transformer en un véritable enfer.

Où peut-on trouver le bonheur sur terre ? Comment devenir heureux ? Ce sont des questions fondamentales de la vie, et les êtres humains sont sans aucun doute voués à se les poser perpétuellement. Les enseignements du bouddhisme de Nichiren, la foi en la Loi merveilleuse, apportent des réponses fondamentales à ces questions.

En dernier ressort, le bonheur repose sur notre capacité à établir un soi solide. Le bonheur qui se fonde sur des facteurs extérieurs, tels que le fait de posséder une belle maison ou une bonne réputation, est un « bonheur relatif ». Ce n’est pas un « bonheur absolu » solide et immuable. Une personne peut bénéficier, aux yeux des autres, des conditions apparemment les plus enviables, mais, si elle ne ressent qu’un sentiment de vide et de souffrance, on ne saurait considérer qu’elle est heureuse.

Certains vivent dans des demeures véritablement splendides, mais ne font que s’y quereller. D’autres travaillent dans des sociétés réputées et jouissent d’un prestige que beaucoup leur envient, mais se font constamment réprimander par leurs supérieurs, se trouvent épuisés du fait de leurs lourdes contraintes professionnelles et ne ressentent ni joie ni sentiment d’accomplissement dans leur vie.

Le bonheur ne réside pas dans les apparences extérieures, ni dans la vanité. Il dépend plutôt de ce que l’on ressent personnellement à l’intérieur de soi. C’est un sentiment profond à l’intérieur de notre vie. Si vous m’autorisez cette généralisation, je dirais que la première condition du bonheur est le sentiment de plénitude.

Éprouver chaque jour un sentiment gratifiant de plénitude grâce à un objectif exaltant, avoir le sens de la tâche accomplie et ressentir un profond épanouissement – voilà ce qui caractérise une personne heureuse. Ceux qui éprouvent ce sentiment de satisfaction, même s’ils sont extrêmement occupés, sont beaucoup plus heureux que ceux qui disposent de temps libre mais ressentent un vide intérieur.

En tant que pratiquants du bouddhisme de Nichiren, nous nous levons le matin et récitons Gongyo. Peut-être certains le font-ils quelquefois à contrecœur ! Mais prier est déjà en soi véritablement magnifique et noble. Gongyo est une cérémonie solennelle au cours de laquelle, pourrait-on dire, nous contemplons l’univers. C’est un dialogue avec l’univers.

Réciter Gongyo et Daimoku devant le Gohonzon représente l’aube, le début d’un nouveau jour dans notre vie ; c’est le soleil qui se lève, cela correspond à un profond sentiment de contentement au plus profond de soi, que rien ne saurait égaler. Ne serait-ce que parce que nous avons cette possibilité, nous jouissons véritablement d’une grande bonne fortune.

Certains offrent l’apparence du bonheur, mais commencent en réalité la journée avec un sentiment de tristesse et de dépression. Un mari peut, par exemple, être réprimandé par son épouse le matin et commencer sa journée avec un sentiment d’abattement, en se demandant : « Comment ai-je pu m’engager dans un pareil mariage ? » Il ne goûte ni bonheur ni satisfaction. Si l’on considère simplement le début de notre journée, le matin, sans aller chercher plus loin, il est clair que nous menons des vies pleines de valeur et de satisfaction.

En outre, chacun d’entre nous s’efforce de faire de son mieux dans son travail ou dans son secteur de responsabilités et de remporter la victoire dans tous les domaines de sa vie, tout en consacrant son temps libre à la Loi, à kosen rufu, au bonheur des êtres humains et à la prospérité de la société. En cette époque de la Fin de la Loi où abondent les individus malveillants, vous vous entraînez vigoureusement, souvent face à de multiples épreuves et obstacles, en récitant Daimoku pour le bonheur des autres et en accomplissant de longs trajets pour rencontrer des amis, pour parler avec eux et leur témoigner un intérêt et une compréhension emplis de chaleur humaine. Vous êtes de véritables bodhisattvas ; il n’y a pas de vie plus noble que la vôtre, il n’y a pas de vie qui soit fondée sur une philosophie plus élevée. Chacun d’entre vous traduit en actes cette philosophie sans égale, et partage largement son message. Posséder une philosophie d’une valeur aussi profonde est en soi la suprême bonne fortune. Par conséquent, la deuxième condition du bonheur est de posséder une philosophie profonde.

La troisième condition du bonheur, c’est d’avoir une conviction. Nous vivons à une époque où les gens ne sont plus capables de discerner ce qui est correct ou erroné, bien ou mal. C’est une tendance mondiale. Si les choses continuent ainsi, l’humanité est vouée au chaos et à la décadence morale. Au cœur de cette époque, vous défendez et pratiquez sincèrement le bouddhisme de Nichiren, un enseignement d’une valeur suprême.

Dans le traité Sur l’ouverture des yeux, Nichiren écrit : « Je déclare ceci : Que les divinités m’abandonnent ! Que toutes les persécutions m’assaillent ! Je donnerai cependant ma vie pour la Loi. » (Écrits, 284) Dans le même écrit, il exhorte ses disciples à ne pas se laisser troubler par des tentations ou des menaces, si grandes soient-elles, même si on leur offre le trône du Japon ou que l’on menace de décapiter leurs parents. (cf. Écrits, 284)

L’important est de rester résolument fidèle à ses convictions, quoi qu’il arrive, comme Nichiren l’enseigne. Les personnes qui possèdent une croyance aussi inébranlable deviendront, à coup sûr, heureuses. Chacun d’entre vous est une personne de ce genre.

La quatrième condition est de vivre joyeusement et avec dynamisme. Ceux qui sont toujours en train de se plaindre ou de bougonner non seulement se rendent eux-mêmes tristes et malheureux, mais aussi tous ceux qui les entourent. En revanche, ceux qui vivent toujours positivement et sont remplis d’enthousiasme, ceux qui possèdent une personnalité joyeuse et rayonnante, qui remontent le moral et illuminent le cœur de ceux qu’ils rencontrent, sont non seulement heureux eux-mêmes, mais représentent une source d’espoir et d’inspiration pour les autres.

Ceux qui ont toujours la mine sombre et morose, à chaque fois qu’on les rencontre, qui ont perdu la capacité de se réjouir et de ressentir un plaisir ou un émerveillement authentiques, mènent une vie sinistre et sans joie.

En revanche, ceux qui sont dans de bonnes dispositions d’esprit peuvent considérer même le reproche d’un être cher, le conjoint ou partenaire, par exemple, comme une douce musique à leurs oreilles, ou bien ils peuvent accueillir un mauvais bulletin scolaire de leur enfant comme le signe qu’il existe en lui un grand potentiel de progression, dans l’avenir. Il est important de considérer les événements ou les situations sous ce jour positif. La force, la sagesse et la gaîté qui accompagnent une telle attitude mènent au bonheur.

Considérer toute chose sous un angle positif, ou avec un esprit de bienveillance, ne veut cependant pas dire être stupidement crédule ou laisser les gens profiter de notre bonne nature. Cela veut dire avoir la sagesse et le discernement de faire vraiment progresser les événements dans le bon sens, en les considérant sous leur meilleur jour, tout en gardant constamment les yeux rivés sur la réalité.

La foi et les enseignements bouddhiques nous permettent de développer ce type de caractère. Acquérir un tel caractère est un trésor plus inestimable que n’importe quel autre bien dans la vie.

La cinquième condition du bonheur est le courage. Les gens courageux peuvent tout surmonter. Les lâches, en revanche, précisément en raison de leur manque de courage, ne parviennent pas à goûter les joies véritables et profondes de la vie. C’est véritablement malheureux.

La sixième condition du bonheur est la tolérance. Ceux qui sont tolérants et larges d’esprit mettent les gens à l’aise et leur donnent un sentiment de sécurité. Les gens étroits d’esprit et intolérants, qui ne font que réprimander les autres pour les motifs les plus insignifiants, ou font toute une montagne du moindre problème, ne font qu’épuiser tout le monde et inspirent de la crainte. Les responsables doivent être tolérants et avoir un abord chaleureux, qui procure un sentiment de détente et de bien-être aux autres. Non seulement ceux qui possèdent un cœur aussi large que l’océan sont heureux eux-mêmes, mais tous ceux qui les entourent le sont aussi.

En définitive, les six conditions que je viens d’énoncer sont toutes comprises dans le seul mot « croyance ». Une vie fondée sur la foi en la Loi merveilleuse est infiniment heureuse.

Il est dit dans le Recueil des enseignements oraux : « Nam-myoho-renge-kyo est la plus grande de toutes les joies. » (OTT, 212) J’espère que vous saurez tous savourer la vérité de ces mots au plus profond de votre vie et que vous montrerez la preuve factuelle sous la forme d’une joie éclatante.

Discours prononcé lors de la réunion générale de la SGI, États-Unis, le 23 juin 1996

La Sagesse pour créer le bonheur et la paix est une compilation des écrits de Daisaku Ikeda sur une base thématique.

  • *1De l’auteure japonaise Fumiko Hayashi (1903-1951).