Partie 2 : La révolution humaine. Chapitre 19
Se fonder sur les écrits de Nichiren [19.2]

19.2 L’étude bouddhique, fondée sur la foi, nous permet d’approfondir notre compréhension

Selon M. Toda, nous pouvons soit nous livrer à une étude académique du bouddhisme de Nichiren, soit nous efforcer d’approfondir notre compréhension des enseignements en nous appuyant sur la foi. À partir de cette vision de l’étude, Daisaku Ikeda souligne l’importance d’inscrire la lecture des écrits de Nichiren dans le contexte de notre vie et d’en graver les enseignements au plus profond de notre être.

Pour nous, ouvrir chaque jour les Écrits de Nichiren, les lire et les étudier, c’est le moyen de vivre et de lutter constamment aux côtés de Nichiren, le bouddha de l’époque de la Fin de la Loi.

Dans une lettre adressée à la mère de Nanjo Tokimitsu, la nonne séculière Ueno, qui, à la suite du décès prématuré de son époux, se retrouva seule à élever ses enfants, Nichiren écrit :

« Ni la terre pure ni l’enfer n’existent en dehors de nous-mêmes ; tous deux ne résident que dans notre cœur. On appelle bouddha celui qui s’est éveillé à cette vérité, et homme du commun celui qui est dans l’illusion. Le Sûtra du Lotus révèle cette vérité et celui qui adopte le Sûtra du Lotus réalisera que l’enfer n’est autre que la Terre de la lumière paisible1. » (Écrits, 457)

Un des aspects les plus merveilleux du bouddhisme de Nichiren est qu’il expose en termes simples et clairs les principes les plus profonds de la vie.

Aussi terrible que soit la souffrance qui nous afflige, il nous est toujours possible de manifester l’état de bouddha présent dans notre vie. Quand nous récitons Nam-myoho-renge-kyo avec détermination, nous pouvons créer une « Terre de la lumière paisible », c’est-à-dire un monde imprégné de l’état de bouddha, là où nous nous trouvons, au cœur de la réalité qui nous entoure en ce moment même. Chacune et chacun de nous, sans exception, peut développer un état de bonheur éternel et indestructible dans sa vie et aider les autres à faire de même.

C’est précisément là l’objet de la foi et de l’étude bouddhique.

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En s’appuyant sur les exemples de deux disciples de Shakyamuni, Chudapanthaka et Devadatta, Nichiren nous adresse cette sévère mise en garde :

« Chudapanthaka fut incapable de mémoriser un enseignement en quatorze caractères, même en trois ans, et atteignit pourtant la bouddhéité. D’un autre côté, Devadatta entreprit de mémoriser soixante mille enseignements, mais tomba dans l’Enfer aux souffrances incessantes. » (Écrits, 607)

Chudapanthaka, réputé lent d’esprit, persévéra avec un dévouement sincère en tant que disciple du Bouddha et parvint en définitive à atteindre l’éveil, tandis que Devadatta, qui connaissait un très grand nombre d’enseignements de Shakyamuni, finit par trahir le Bouddha et par tomber dans l’Enfer aux souffrances incessantes.

Autrement dit, le simple fait d’avoir acquis un très bon niveau d’étude bouddhique ne fait pas de nous un être spécial ou supérieur. En somme, avoir des connaissances en bouddhisme, c’est comme être instruit dans n’importe quel autre domaine, et cela n’équivaut pas à avoir la foi. Malheureusement, il y a eu dans le passé des responsables insensés et arrogants dans notre mouvement, qui étalaient avec ostentation leurs connaissances de la doctrine bouddhique, mais finirent par renier leur foi et par se retourner contre l’organisation et leurs compagnons de pratique.

En tant que pratiquants du bouddhisme de Nichiren, nous avons pour objectif ultime d’atteindre la bouddhéité en cette vie et de réaliser kosen rufu. La seule voie pour y parvenir consiste à utiliser la « stratégie du Sûtra du Lotus » (Écrits, 1011) et à avancer en bravant les tempêtes houleuses de la vie, avec un engagement indéfectible dans la foi.

L’étude bouddhique a pour finalité de nous amener à devenir des pratiquants véritablement exemplaires du bouddhisme de Nichiren, de courageux champions de la foi et de la pratique. Il ne faut jamais se tromper sur ce point.

M. Toda faisait la distinction entre deux types d’étude bouddhique : l’un axé sur une approche académique et l’autre par lequel on approfondit sa compréhension des enseignements sur la base de la foi. Unis dans l’esprit de maître et disciple, M. Toda et moi-même avons fondé toutes nos activités pour kosen rufu sur ce second type d’étude. C’est la raison pour laquelle la Soka Gakkai a remporté la victoire. En étudiant et en mettant en pratique les enseignements de Nichiren, les membres ont remporté des victoires éclatantes, les unes après les autres.

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On trouve dans les écrits de Nichiren un espoir, un courage, et des perspectives infinis. Ils nous aident à faire jaillir notre sagesse intérieure pour mener une vie victorieuse, approfondir notre conviction dans le pouvoir de la Loi merveilleuse, et attiser la flamme de notre combativité. Mettre en pratique les écrits de Nichiren dans notre vie quotidienne, en les « lisant » avec notre vie, nous permet de manier le « sabre acéré » de la foi, grâce auquel nous pouvons surmonter tous les obstacles et transformer l’impossible en possible.

Lors du lancement de la campagne d’Osaka2 de 1956, où nous avons atteint un objectif qui paraissait impossible, les membres du Kansai et moi-même avons lu le passage suivant des écrits de Nichiren :

« Aussi troublée que soit l’époque à venir, je prie pour que le Sûtra du Lotus et les dix filles rakshasa3 vous protègent tous. Je prie ainsi avec autant de ferveur qu’il en faudrait pour produire du feu avec du bois humide ou tirer de l’eau d’un sol desséché. » (Écrits, 448)

Nous avons gravé ces mots éternels dans notre vie et nous nous sommes engagés dans notre campagne de transmission pendant une période de troubles, avec une foi forte et une prière confiante.

Pour encourager les membres confrontés à des difficultés professionnelles ou financières, je partageais avec eux ces mots de Nichiren : « Ceux qui croient dans le Sûtra du Lotus vivent comme en hiver, mais l’hiver se transforme toujours en printemps. » (Écrits, 539) Je leur disais que, même si leur vie semblait s’être arrêtée en plein cœur de l’hiver, un printemps merveilleux viendrait à coup sûr s’ils persévéraient dans leur pratique bouddhique.

En partageant des passages qui faisaient écho à la situation personnelle et aux conditions de vie de chacun, je cherchais à transmettre aux membres l’importance de mettre l’étude bouddhique en pratique. Leur esprit de recherche ardent dans la foi et notre absorption dans l’étude des enseignements de Nichiren, fondés sur l’engagement commun du maître et du disciple, ont pavé la voie de la victoire.

Cette année-là, nous avons également organisé un examen d’étude bouddhique, non pas pour évaluer les connaissances des uns et des autres, mais pour aider chaque personne à devenir heureuse et victorieuse dans sa vie et permettre aux membres de devenir de remarquables champions de kosen rufu.

En se référant aux caractères chinois qui composent le texte du Sûtra du Lotus, Nichiren écrit :

« Pour les yeux de chair, ils apparaissent comme de [simples] mots. Les personnes des deux véhicules y perçoivent le vide. Les bodhisattvas voient en eux d’innombrables doctrines. Les bouddhas reconnaissent en chaque caractère un Shakyamuni doré. Voilà ce que signifie le passage où il est dit : “Observer [ce sûtra], c’est aussi préserver le corps du Bouddha”. » [cf. SdL-XI, 179] (Écrits, 488)

De la même manière, la profondeur qu’on perçoit dans tel ou tel passage des écrits de Nichiren dépend de notre état de vie ou disposition d’esprit.

Les personnes qui étudient le bouddhisme avec la ferme détermination de fonder toutes leurs actions sur les écrits de Nichiren peuvent faire apparaître une force sans limite.

Texte adapté de la série d’essais « Warera no shori no daido (Notre voie éclatante vers la victoire) », publiée en japonais dans le journal Seikyo, le 10 septembre 2011

La sagesse pour créer le bonheur et la paix est une compilation des écrits de Daisaku Ikeda sur une base thématique.

  • *1Terre de la lumière paisible : ou Terre de la lumière éternellement paisible. La Terre de bouddha exempte d’impermanence et d’impureté. Dans nombre de sûtras, le monde actuel saha où vivent les êtres humains est décrit comme une terre impure, pleine d’illusions et de souffrances, tandis que la Terre de bouddha est décrite comme une terre pure libérée de ces impuretés et très éloignée de ce monde saha. Par opposition, le Sûtra du Lotus révèle que le monde saha est la Terre de bouddha, ou Terre de la lumière éternellement paisible, et explique que la nature d’une terre est déterminée par l’esprit de ses habitants.
  • *2Campagne d’Osaka : en mai 1956, les pratiquants du Kansai, unis autour du jeune Daisaku Ikeda, envoyé par le deuxième président de la Soka Gakkai, Josei Toda, pour les soutenir, ont partagé le bouddhisme avec 11 111 familles. Lors des élections, deux mois plus tard, le candidat soutenu par la Soka Gakkai au Kansai a gagné un siège à la chambre haute, ce que personne ne croyait possible à l’époque.
  • *3Dix filles rakshasa : dix divinités féminines protectrices, qui apparaissent dans le chapitre « Dharani » du Sûtra du Lotus (26e), où elles sont présentées comme les « filles des démons rakshasa » ou « les dix filles rakshasa ». Elles font devant le Bouddha le vœu de garder et de protéger les pratiquants du Sûtra.